Arrêté, c’est un fait, il fallait bien que je m’arrête, il fallait bien marquer un arrêt devant l’huis fermé où je devais sonner. Mais ce n’est pas de cet arrêt-là que je parle, ou du moins ce n’était pas la porte qui a forcé cet arrêt de ma part, sur la dernière marche de l’escalier, à l’amorce du palier, et non au seuil de sa porte dont deux bons mètres encore me séparaient.
Ce qui m’a immobilisé, à cet endroit, c’est la présence d’une autre personne que moi sur le palier ; une autre personne qui était une femme ; une femme dont je n’ai su, à ce moment-là, évaluer l’âge, mais dont j’ai pu sans le moindre doute définir l’état : celui de la parfaite ébriété.
Accroupie dans le coin formé par le mur du palier et le chambranle de la porte de l’appartement d’en face, elle se cognait la tête, à intervalles réguliers, contre la pierre. Elle marmonnait, geignait, gémissait, le regard trouble et comme aveugle, les bras ballants, mains contre sol, qui de temps à autre étaient parcourus de tremblements.
À ses pieds, gisait un cabas vide renversé, et une enveloppe blanche que j’ai machinalement ramassée lorsque je me suis trouvé tout près d’elle.
Tout aussi machinalement, j’en ai survolé la surface. Y était inscrit à la main un simple prénom : Agnès...