Il est à présent dans le jardin en friche d’une maison. C’est une maison de ville à deux étages, de bonnes dimensions, qu’une lointaine querelle de famille a forcé à l’abandon. Il y pousse son second landau, branlant et boiteux, jusqu’à la porte de ce qui avait été une arrière-cuisine et qui, à présent, lui sert de pièce de stockage pour ses multiples trouvailles de la journée.

Il les classe, les range, les inventorie, et en général, c’est la première chose qu’il fait aussitôt rentré ; mais pour l’heure, il délaisse son véhicule pour passer dans la cuisine et de là, atteindre la grande salle du rez-de-chaussée, ancien séjour cossu, qui désormais est la principale pièce de son domaine.

C’est là qu’il dort, lit, pense, songe, rêve ; là qu’il boit aussi, et de là regarde la vie de la rue par de minuscules ouvertures pratiquées dans les volets.

Il y en a sept qui couvrent approximativement un champ d’une dizaine de mètres et Abel s’y poste souvent, avec une certaine prédilection pour une en particulier à laquelle il ne colle l’œil qu’à des heures bien déterminées...