Choses de la vie. Il est étrange de se servir de sa vie, de ce que l'on a vécu
pour écrire un livre qu'accessoirement – frauduleusement – on appellera
« roman » (ou « nouvelle »). Il faut appeler cela récit, ou témoignage,
ou trace, ou documentaire ; ou alors on n'appelle pas et ce qui concerne soi,
directement, intimement, on le rapporte dans un journal et on l'appelle « journal ».
(Ce genre de livre est un faux livre.) Le reste, il faut l'inventer, l'imaginer. Le créer...

p. 96 :
« Les hommes comme lui passent toute leur vie à rechercher la femme idéale,
la femme parfaite. Celle qu'ils ne pourront jamais avoir [...].
Les hommes comme lui sont solitaires par nature. Le seul plaisir qu'ils savent vivre à fond,
c'est le plaisir intellectuel. C'est une façon de parler, mais mon fils donnerait la moitié
de sa vie pour une métaphore. » Je n'ai pu réprimer un frisson en lisant cette dernière phrase.
Frisson de plaisir...

p. 105 :
« Ce qu'il y a entre les deux, c'est l'âge adulte,
ce temps auquel Dieu nous condamne quand nous manquons d'imagination. »

27 août 1997