J’achève Moi, bleu d’un sang que j’avais poursuivi hier alors que les couvertures du deuxième numéro du Journal musical s’imprimaient, moi assis au bureau, lieu inhabituel pour une lecture. J’avais relu « Une fleur sèche » dont j’avais dit dans un courrier à Jean-Stéphane que cela tenait du prodige. C’est vrai que ce texte (je n’ose pas « poème ») de trois pages m’a complètement saisi au point que je l’ai relu plusieurs fois. Puis, en y réfléchissant, je me suis dit que « prodige » ne convenait pas, que « vertige » était mieux, et mieux encore : « envoûtement ». C’est cela : ce texte est envoûtant (et je parierai qu’il l’a écrit selon une règle, de celles qui lui sont si chères et dont il parsème ses écrits, admirablement masquées). Suit « Chemin de croix » qui, s’il n’y avait, à la page 66, « responsabiliser », aurait été une sorte de perfection d’écrit infernal. C’est loin d’être le premier, et ce n’est certes pas le dernier. Parfois, en lisant Jean-Stéphane, je prends peur. Et peut-être me fait-il peur. Il me semble bien l’avoir déjà dit, d'ailleurs. (A-t-il lu Bataille ?…) Et comme pour contrebalancer, « Continent perdu », « Faut et son usage » et « Moi, bleu d’un sang », suite de poèmes (cette fois, c’en sont) dont je ne sais véritablement que dire. Qu’en aurais-je pensé si je n’avais pas connu l’auteur ? Mais quelle chute après les flammes du précédent, et je me demande dans quelle mesure le recueil n’aurait pas dû s’achever par « Chemin de croix ». Être achevé…
21 novembre 2007