(Pensait-il déjà qu'il ne verrait jamais ce texte publié, avait-il déjà inconsciemment à
l'esprit La Recherche de laquelle cette phrase
serait absente ?)... Et dans la foulée, j'ai continué à lire à haute voix le
reste du chapitre. D'une part, parce que c'est aussi beau et troublant (mais
avec cette fois de la distance et de « l'apaisement »), d'autre part, pour le
simple et seul plaisir de la lecture à haute voix ; et encore, pour tenter cette
expérience qui consiste justement à lire vite et à haute voix, ce que j'ai vu
faire récemment par Sollers dans cette fameuse cassette vidéo (inestimable) où,
durant une heure, il lit, face à la caméra et sur un rythme effréné, la
totalité, ou peu s'en faut, de son livre sans ponctuation Paradis...
Ça ne peut avoir que la valeur d'une performance (encore que), mais il n'empêche
que c'est époustouflant (et troublant, et envoûtant, et fascinant – encore que
je le soupçonne d'avoir voulu reproduire Joyce et sa lecture de
Finnegan's Wake (mais ces soupçons sont-ils bien fondés, d'autant que je
n'en sais pas plus que ça). Pour le reste, c'est-à-dire ce que j'ai lu du
Ste Beuve, c'est-à-dire la presque totalité, c'est précieux et
jubilatoire...
29 avril 1991