J’hésitais entre les trois, ai finalement choisi Marcel. Je suis monté tôt, tout le monde était couché et, après quelques minutes de main droite au piano, je les ai imités. Plutôt que de me mettre à l’écran, j’ai choisi de prendre connaissance de mes achats et de lire dans mon bureau (et au moins, je peux y fumer : j’ai décidé, sauf exception, de ne plus fumer dans le reste de la maison – qui du reste se cantonnait au séjour et à la cuisine). Je me suis installé dans le fauteuil du cagibi près de la fenêtre ouverte, me suis roulé une cigarette et l’ai entamé... Énigmatiques feuillets dont tout le monde parlait sans jamais les avoir vus – je n’en avais jamais entendu parler – ; c’est Bernard de Fallois qui les détenaient, ils ont été « retrouvés », je passe les détails, tout est dit dans la présentation (description à l’appui, et je me demande dans quelle mesure, il n’aurait pas été judicieux d’en reproduire au moins un)… Que sont-ils ? Ce sont des écrits de 1907, 1908, qui précèdent la mise en route de La Recherche – le bandeau racoleur dit, si je ne m’abuse, « genèse de la Recherche ». Les premiers sont regroupés sous le titre « Une soirée à la campagne » (ce titre ainsi que les suivants ne sont pas de lui, tout était plus ou moins en vrac). Je les ai entamés après la lecture de la présentation. Au bout de deux pages, j’ai été emporté. C’est remarquable. C’est lui, ce n’est pas lui. Je ne l’y reconnais pas vraiment même s’il y a la longueur de la phrase, les incises, les digressions, et la grand-mère, la mère (y figure l’amorce de Du côté de chez Swann), mais ça ne peut être que lui, et c’est (presque) vertigineux…

 

29 juin 2021

 

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