Je lui ai envoyé le livret qu’elle m’avait commandé accompagné d’un exemplaire d’une série plus récente, Lustre, il me semble. J’avais jeté un œil à cet exemplaire de Dzien avant de le glisser dans l’enveloppe : c’est encore télégraphique, indigent, pauvre, illisible, sans le moindre intérêt, si ce n’est celui de s’inscrire dans une démarche expérimentale, et encore – je devrais les retirer de la vente et les éliminer du stock – ; d’où l’envoi d’un numéro postérieur, réfléchi et rédigé, et, pour tout dire, abouti (encore que). Mais pas de réelle surprise, je l’avais déjà constaté à plusieurs reprises : aujourd’hui, la série Journals me tombe des mains… De ce fait, j’ai revu l’inventaire du stock du Lys, y ai passé l’après-midi. Puis j’ai entamé Journal d’une adolescente. Il commence en 1993, elle a quatorze ans, pour s’arrêter en 2000. Un portrait en dessin (celui d’une jeune fille, bien entendu) illustre la couverture ; sur la quatrième de couverture figure une photo, celle d’une dame à l’air sage d’une quarantaine d’années, cheveux tirés en arrière, prise dans un manteau au large col et à gros boutons qui lui donne un air de bonne famille. Bizarrement, cette photo, en filigrane, accompagne ma lecture, produit un décalage entre l’adolescente et l’adulte, et ça me gêne. Quel besoin de mettre sa photo, en complément du journal d’une gamine (non, ce n’est pas une gamine) ? (Je me demande toujours si Marie et Marie-Éléonore sont une seule et même personne...) Ce qui me frappe dès les premières pages, ce sont certaines réflexions déjà matures, à dix mille lieues de l’indigence de mon propre journal au même âge (je me demande même si je n’étais pas plus âgé), encore qu’il n’ait été éphémère. C’est rédigé – très bien, du reste – et assez agréable à lire ; mais je ne suis pas sûr d’aller bien loin…