« L’originalité de cette forme est justement qu’elle alterne saisie très précise et aération, plein et vide, et que cet espacement est le milieu où peuvent prendre place les éléments les plus subtils de la biographie, ceux qui sont rebelles à la mise en forme : le regard fugitif, l’humeur du jour, l’air de la tête, l’impression amoureuse, la réflexion émue, chaque fois avec un délié, une liberté d’expression qui suscitent un bonheur de lecture. C’est qu’il y a une constante adéquation entre la surprise, qui devient image ou idée, et l’allure, qui devient phrase. Peignot a beaucoup fréquenté Bellmer et son art des articulations : il en tire des pivotements, des raccourcis, des rencontres qui accélèrent la vitesse de l’écriture et lui donnent une allégresse et une sensualité, qui tiennent à des reprises souples, à des étirements, à une façon gourmande et sans pareille d’évoquer le plaisir de la graphie. » Etc.

 

C’est l’art aussi d’enfoncer des truismes, de dire en multiples mots ce qui tient le plus aisément du monde en un seul : « journal »… Et ici, tant la démesure est grande, j’ai tout lieu de penser que Noël parle d’un autre livre, qu’il y a eu, par je ne sais quel mystère, substitution, confusion, erreur, mélange. On ne parle pas du même livre. C’est cette conviction qui m’empêche d’achever cette phrase par le mot qui sinon s’impose tant : « ridicule »…