Difficile de faire la part des choses, impossible d'avoir sur ce livre une vue objective. Ce n'est pas tout à fait Proust, mais ça l'est aussi. J'ai appris par Dreyfus que la majorité des textes et poèmes réunis (?) provient du Banquet. Je l'ignorais, ou alors l'ai oublié. Il avait vingt-trois ans, c'est le tout premier. Je ne sais qu'en dire. C'est souvent maniéré, précieux, presque ridicule. Mais c'est lui. Alors, ça prend une autre dimension, et je lis ça autrement, lui pardonne tout (mais pas les poèmes que je trouve exécrables). En même temps, je suis injuste car il y a des choses très bien, dont les textes au sujet de l'amour où déjà les idées futures sont tracées (la fin de la Jalousie) ; doublement injuste car quelle importance peut avoir une critique, un jugement sur un tel livre ? Qu'est-ce que cela fait qu'on l'apprécie ou non, qu'on l'aime ou pas, puisque de toute façon on l'aime ? (mais pas les poèmes, non, vraiment pas)...
19 mars 1990 (dans une lettre à Marcel)