Mes lombes menacent, j’espère que c’est lié au temps et donc passager… Aujourd’hui, je suis descendu en avance pour lire au salon avant de préparer le repas. J’avais Proust en tête. Je me suis installé dans la méridienne, ai allumé la lampe à pied (voire à double pied, le sien et le mien pour actionner l’interrupteur), ai vu Ponthus sur le côté sur la table basse – alors que Marcel m’attendait près des coussins sur la méridienne –, l’ai pris, ouvert, en ai lu une cinquantaine de pages, crevettes et bulots, avant de me rendre dans la cuisine. Je l’ai repris après le film (Riens du tout, je l’avais déjà vu), suis monté, me suis installé dans le fauteuil de vieux, l’ai poursuivi, carcasses... Je lis ce texte, pense, bien sûr, à mon propre récit salarial, compare son travail (professionnel) et le mien, compare son écriture avec la mienne, compare deux mondes et me dis que le mien n’a peut-être pas beaucoup d’intérêt et que L’Archiveur devrait peut-être ne jamais paraître. C’est idiot, il n’est pas moi, sa vie n’est pas la mienne. Il en chie, souffre, vie de véritable labeur, j’en ai un peu chié, un peu souffert, mais qu’est-ce que le mou des archives face à l’horreur et à la douleur de ses enfers, l’usine de poisson, l’abattoir (mais quoi de neuf ? combien sont-ils dans le monde à partager cette vie-là ? – mais combien sont-ils à pouvoir la raconter, pouvoir et savoir ?...)