Tant de temps passé sans que j’ouvre le cahier. Mais quoi dire ? Les travaux, les livres, corrections de Mai, mots croisés, repas, La Prisonnière, télé, piano (Bach, Fauré)… (Je suis étonné de n’avoir pas relevé ce que j’avais regardé. C’était une émission consacrée au sport actuel et au dopage, en particulier. Parmi les excès, ceux des footballeurs états-uniens soumis à des chocs constants à la tête durant le temps de leur carrière, quatre ou cinq ans ; s’en suivent des séquelles, des suicides. Que se passe-t-il exactement dans leur cerveau ? Il faut étudier et faire des recherches. À un moment donné, nous voilà dans un labo. Une scientifique tient dans la main un cerveau : c’est celui d’un footballeur états-unien qui a fini par se suicider. Elle le pose sur une table et, tout en parlant, le découpe en tranches comme du jambon. J’en ai eu froid dans le dos, ai pensé que ce cerveau avait été logé dans une boîte crânienne, elle-même logée dans une tête perchée au sommet d’un corps ; ce morceau de viande avait contenu – et contenait peut-être encore malgré les tranches, quoiqu’une fois toute l’électricité éteinte, tout doive s’effacer et disparaître – la vie intellectuelle, mémorielle et sensorielle d’un être humain...)
27 juillet 2016