Avant d'aller plus loin dans la journée d'hier, et celle d'aujourd'hui, une petite note au sujet de Marcel, une bizarrerie que je me dois de te faire connaître. Voici ce que je lis à la page 48, dixième ligne pour être exact, du Côté de Guermantes, premier tome, édition 1930 : « [...] un bonjour familier de vieille amie, allusions à l'an jour le jour de ses relations avec eux depuis quinze ans. »... Comme moi, tu te demandes ce que peut être ce « l'an jour le jour ». Comme moi, tu te dis : c'est une erreur, une coquille, une faute d'imprimerie, un oubli. Et comme moi, tu te retournes et tu prends ton exemplaire Guermantes I, GF Flammarion 1987 et tu y recherches la même ligne, et tu lis, à la 117, vingt-deuxième ligne pour être précis : « [...] un bonjour familier de vieille amie, allusion à l'an jour le jour de ses relations avec eux depuis quinze ans. » Tu marqueras avec une égale stupéfaction que, hormis le « s » d'allusions qui a sauté, la phrase est rigoureusement identique ; et tu te dis de la même façon qu'il s'agit d'une tournure d'époque, ou alors, puisque, tout comme moi, il t'est tout à fait impossible de trouver un sens ne serait-ce qu'à la construction de cette formule, et le contexte ne t'aide en rien à la cerner, ou alors, ils, c'est-à-dire les gens de chez Flammarion, se sont simplement contentés de recopier, n'en sachant pas davantage que nous tout en priant que personne jamais ne vienne leur demander quoi que ce soit... Et je viens de consulter le Dictionnaire des expressions et locutions du père Robert, elle y est. Il s'agit tout bonnement du bon « au jour le jour ». Est-ce bête tout de même de ne pas l'avoir vu. (Il n'empêche, je ne comprends pas...)

25 novembre 1990 (lettre à Marcel)