Wiesbaden. Zone résidentielle à deux pas de la gare, grosses maisons d’une haute bourgeoise éteinte en grande partie cachées par les arbres imposants des rues à l’aspect de sous-bois. L’appartement est à l’entresol de l’une de ces maisons. Cent mètres carrés, cuisine, chambre, séjour, bureau, le tout à l’allure chic, trop chic : à trop vouloir en faire, on finit par défaire (à trop vouloir le fer, on finit par l’éther) ; s’y trouvaient de beaux objets et quelques belles pièces (notamment un très beau coffret consacré à Goethe simplement posé sur un guéridon), un peu bric-à-brac ; décorations de bric et de broc, « flashy » dit Éléonore. Dans le séjour trône une belle, riche et imposante bibliothèque d’art (j’étais très étonné qu’elle soit à disposition). Une mini-chaîne bon marché y était coincée ; dessus, un coffret économique de vingt CD « Great Masters » de la musique classique (ah, les grands maîtres) confiés à des sous-orchestres de province. Les Concertos brandebourgeois n’avaient pas été retirés du lecteur, je les ai mis en route ; c’était mal interprété, le son était mauvais. S’y trouvaient tout de même Debussy et Prokofiev ; j’ai glissé le premier, Faune, Children’s corner, La mer. Je l’ai mis en route tout en feuilletant page après page un imposant et bel album consacré à Martin Parr. Des photos magnifiques (la plupart m’étaient inconnues) et souvent à l’instantané saisissant. « He was there », me suis-je dit ; il était là, au moment où il le fallait. J’ai toujours été étonné par cette capacité à être là, justement, au bon moment, mais, pour certaines, je me suis demandé s’il ne s’agissait pas de mises en scènes, voire de montages (malheureusement le texte était en allemand). Je l’ai parcouru de bout en bout, ravi, jusqu’au moment d’aller au lit… (Je n’ai pas noté le titre...)

 

9 juillet 2024