XII

 

Que mi salud es débil,

Que no resisto los rigores del trabajo intelectual,

Que mi pensamiento es inestable y que a menudo me

equivoco en mis apreciaciones sobre la verdad de las

ciencas y las magias del arte,

Que soy descuidado para con mi persona,

Que no me baño con regularidad

Y que mis cabellos y mis uñas crecen sin control,

Que he derrochado mi hacienda en beneficio de los pobres

de espíritu,

Que he favorecido más de lo justo y necesario a los

enfermos,

Que he permanecido largas horas en los cementerios

Disfrutando paganamente de la soledad y del silencio

consagrado a los muertos,

Que en momentos de desesperación y orgullo he escupido

el rostro de los ídolos,

Que he vuelto ebrio al templo y caído dormido en los

bancos de las plazas y en los tranvías,

Y que gasté mi juventud en viajes inútiles y estudios

innecesarios.

 

XII*

 

Que ma santé est faible,

Que je ne supporte pas la rigueur du travail intellectuel,

Que ma pensée est instable et souvent

trompe mon appréciation de la vérité des

sciences et des magies de l’art,

Que j’ai négligé ma propre personne,

Que je ne prends pas de bains régulièrement

et que mes cheveux et mes ongles croissent en toute liberté,

Que j’ai dissipé mes biens au profit des pauvres

d’esprit,

Que j’ai davantage favorisé le juste et nécessaire besoin des

malades,

Que j’ai passé de nombreuses heures dans les cimetières

à profiter fructueusement de la solitude et du silence

à consacrer aux morts,

Que dans des moments de désespoir et d’orgueil j’ai sculpté

le visage des idoles,

Que je suis retourné ivre au temple et tombé endormi sur les

bancs des places et des tramways,

Et que j’ai passé ma jeunesse en voyages inutiles et en études

superflues.

 

*Je ne sais quel sens donner à ce « que » qui, vu l’absence du subjonctif, introduirait une relative
(mais à quoi se rapporterait-elle ?). J’ignore de même si XII est le titre de ce poème que j’ai trouvé
tel quel égaré dans un site. J’en doute ; je pense qu’il y a un contexte, qu’il est extrait d’un tout dont il serait
la douzième partie… (À la réflexion, il suffit de faire précéder ce poème de « je jure »
ou « je déclare », « j’avoue » pour qu’il prenne tout son sens…)