VIAJE POR EL INFERNO

 

En una silla de montar
Hice un viaje por el infierno.

En el primer círculo vi
Unas figuras recostadas
Contra unos sacos de trigo.

En el segundo círculo andaban
Unos hombres en bicicleta
Sin saber dónde detenerse
Pues las llamas se lo impedían.

En el tercer círculo vi
Una sola figura humana
Que parecía hermafrodita.

Esa figura sarmentosa
Daba de comer a unos cuervos.

Seguí trotando y galopando
Por espacio de varias horas
Hasta que llegué a una cabaña
En el interior de un bosque
Donde vivía una bruja.

Un perro me quiso morder.

En el círculo número cuatro
Vi un anciano de luengas barbas
Calvo como una sandía
Que construía un pequeño barco
En el interior de una botella.

Me dio una mirada afable.

En el círculo número cinco
Vi unos jóvenes estudiantes
Jugando al futbol araucano
Con una pelota de trapo.
Hacía un frío salvaje.
Tuve que pasar la noche
En vela en un cementerio
Arrimado contra una tumba
Para no morirme de frío.

Al otro día continué
Mi viaje por unos cerros
Y vi por primera vez
Los esqueletos de los árboles
Incendiados por los turistas.

Sólo quedaban dos círculos.

En uno me vi yo mismo
Sentado a una mesa negra
Comiendo carne de pájaro:
Mi única compañía
Era una estufa a parafina.

En el círculo número siete
No vi absolutamente nada
Sólo oí ruidos extraños
Escuché unas risas espantosas
Y unos suspiros profundos
Que me perforaban el alma.

 

 

VOYAGE EN ENFER
 

Sur une selle

J’ai fait un voyage en enfer.

Dans le premier cercle j’ai vu

Des figures appuyées

Contre des sacs de blé.

Dans le second cercle roulaient

Des hommes en bicyclette

Qui ne savaient où s’arrêter

À cause des flammes qui les leur interdisaient.

Dans le troisième cercle j’ai vu

Une figure humaine solitaire

Qui paraissait hermaphrodite.

Cette figure noueuse

Donnait à manger à des corbeaux.

J’ai poursuivi au trot et au galop

Plusieurs heures durant

Jusqu’à ce que j’atteigne une cabane

À l’intérieur d’un bois

Où vivait une sorcière.

Un chien a voulu me mordre.

Dans le cercle numéro quatre

J’ai vu un vieillard à longue barbe

Chauve comme une pastèque

Qui fabriquait une petite barque

À l’intérieur d’une bouteille.

Il m’a adressé un regard affable.

Dans le cercle numéro cinq

J’ai vu de jeunes étudiants

Jouer au football araucan

Avec une balle de chiffons.

Il faisait un froid terrible.
J’ai dû passer la nuit

Sans dormir dans un cimetière

Appuyé contre une tombePour ne pas mourir de froid.

Le jour suivant j’ai poursuivi

Mon voyage à travers des collines

Et j’ai vu pour la première fois

Les squelettes des arbres

Incendiés par les touristes.

Il ne restait plus que deux cercles.

Dans l’un je me suis vu

Assis à une table noire

En train de manger de la chair d’oiseau :

Pour seule compagnie

J’avais un poêle à paraffine.

Dans le cercle numéro sept

Je n’ai absolument rien vu

J’ai seulement entendu des bruits étranges

Écouté des rires effrayants

Et de profonds soupirs

Qui me perforaient l’âme.