Puis je m’étais arrêté à la terrasse du Gallia qui fait directement face à l’hideuse mairie, elle-même jouxtant une de ces églises en brique comme on en voit, je pense, que dans ce coin du Pas-de-Calais. J’ai eu une brève pensée pour le curé dont la vie dans cette contrée de dégradation et dans un édifice d'une telle laideur devait tout de même le faire un peu douter de ses convictions. J’y ai pris un café, y ai entamé avec une sorte de délice le Platon que j’ai commencé par la deuxième partie, Criton. Quelle belle langue ; c’est magnifique, pourquoi n’en lis-je pas plus souvent, pourquoi n’en lis-je pas tout ? Et c’est d’autant plus délicieux qu’à la table d’à côté vociféraient quatre jeunes gars du cru, que devant moi défilait une panoplie complète de toutes les tares humaines assemblées, qu’autour de moi s’étalait l’assemblage monstrueux et hétéroclite de constructions sales ici dévolues à l’habitation et ailleurs vouées à la démolition. Au centre de la misère, je lis Platon...