« À ma droite, se trouve le catalogue de l’exposition de Michel qui a eu lieu hier. » C’est ce que j’avais en tête, je viens de l’écrire. Le titre, c’est Souvenirs de Daltonie, le nom de l’auteur Michel Octave… Il y avait une centaine de personnes, ça se passait dans l’entrepôt de Jeanne (il faisait un froid de canard). Je ne sais dans quelle mesure l’exposition est « officielle », mais je pense qu’il n’y avait que des amis, des connaissances, toute la « famille », pour commencer (et surprise, Wim qui faisait un aller-et-retour pour un travail avec Doriane). J’ai beaucoup parlé avec Aglaé. Depuis quand ne l’avais-je pas vue ? Je l’ai trouvée resplendissante, elle semblait avoir vingt ans, je le lui ai dit. Elle m’a donné de leurs nouvelles, la maison familiale aujourd’hui vendue (ils habitent tous les deux dans la petite maison sur le côté, à deux désormais, depuis que l’appartement au-dessus de celui de Michel s’est écroulé), sa vie avec lui, l’atelier qu’il occupe dans le jardin et où il passe le plus clair de son temps : il y a passé des années pour enfin faire aboutir ce vieux projet. « Ça fait vingt ans », ai-je dit à Michel. « Plus que ça ! » « Peut-être, mais tu en parlais déjà à l’époque de la rue Adolphe. » Je ne lui ai pas rappelé la manière dont ça s’était fait, tous deux de part et d’autre de la table basse du salon, lui qui m’en parlait à l’aide de dessins, de croquis, tout en dessinant, à intervalles réguliers, dans le coin supérieur droit de l’une de ses feuilles, une série de cercles noirs. Je l’écoutais, suivais sa main du regard qui, de temps à autre, alors qu’il parlait, allait dessiner deux ou trois petits cercles noirs. À un moment donné, je lui avais demandé : « Qu’est-ce que c’est ? » « Des rouleaux de papier cul. Tu vas en avoir besoin parce que tu vas en chier… » J’avais éclaté de rire et il avait poursuivi ses explications comme si de rien n’avait été. Il était venu pour m’en parler, et me demander de lui écrire des textes, un texte, pour ce projet. Je n’ai pas le moindre souvenir de ce en quoi il consistait à cette époque. J’avais ensuite tout oublié, et lui aussi sans doute, et tout est revenu lorsque j’avais vu Souvenirs de Daltonie sur le carton d’invitation. Je suis allé à la recherche de ce texte, ai retrouvé le fichier, mais créé dans une version Word trop ancienne pour que l’ordinateur accepte de l’ouvrir (ainsi que d’autres de la même époque, dont le projet de roman-photo avec Odilon). J’ai finalement réussi à le craquer et l’ai relu. Ça me plaît. Je ne sais pas si je lui en parlerai. Ce matin, je lui ai envoyé quelques lignes pour lui dire tout le bien que j’avais pensé de son exposition ; s’il me répond, je lui rappellerai la scène des rouleaux de papier-cul et le texte qu’il m’avait demandé de lui écrire...