Anaïs Nin, j’en sors, un documentaire qui lui était consacré. Je tenais à le voir (ou, pour le moins, en avais envie). Je n’ai jamais rien su d’elle, si ce n’est Miller, son journal, n’ai jamais rien lu d’elle. Deux choses m’ont frappé : les livres qu’elle a fabriqués elle-même, à une époque, puis les deux versions de son journal, la première expurgée, la seconde intégrale ; expurgée (par elle-même) et réécrite. Que peut-il bien contenir si elle a passé sous silence ce qui en fait le fondement : son père, Hugo Miller et les autres ?... J’ai évidement pensé à mon propre journal et surtout, évidemment, à Mai… (Mais mon journal est aussi autocensuré puisque Jus n’y apparaît pas…) Nous nous sommes promenés sur la plage, elle téléphonait ; à un moment donné, elle m’a tendu son appareil ; c’était David qui m’a parlé de mes livrets, du plaisir qu’ils lui procuraient : « I like your writing, it’s so, how can I say, honest, sincere… », puis de l’enfant de Diana à naître (aujourd’hui, demain ; je lui ai dit de lui dire d’attendre jusqu’au 15, c’était une bonne date pour venir au monde)... (Ah, j’oubliais de dire qu’il y avait Nancy Huston dans ce documentaire. Je l’ai trouvée particulièrement marquée par l’âge.) (Le journal d’Anaïs Nin fait trente-cinq mille pages, combien fait le mien ? Je suis fichu d’aller calculer…) (Je ne l’ai pas fait.) (Une fois le documentaire achevé, je me suis dit que, dans le fond, j’étais veule et pusillanime. Et est-ce que j’ai vraiment envie d’écrire ? Est-ce que tout cela n’est pas qu’un jeu ? Comme si je m’amusais à être écrivain, ou quoi que ce soit d’autre qui a trait à la création…)

 

11 mars 2022