
J’ai lu Attentat d'Amélie Nothomb. C'est
un article dans le magazine télé qui m'y a incité ; ou plus exactement la
coïncidence de la parution de cet article avec les quelques exemplaires de
romans de la même qu’Éléonore a achetés aux puces il y a deux jours. Ça m'avait
étonné. Le souvenir que j'avais de cette fille, qui datait du temps
où je passais mes soirées devant la télé (quand ?), était celui de l'auteuresse
adolescente prodige propulsée devant les caméras et les micros. Que pouvait-on
tirer de cela ? Et il y a eu l'article, dont je n'ai lu que les premières
lignes. De là, curiosité, et puisque je me trouve en période d'indulgence (voir
Ernaux), j'en ai demandé un exemplaire à Éléonore. Elle m'a recommandé
Attentat. Et je m'arrête et réfléchis. Car, parvenu à ce point, deux
possibilités s'offrent à moi : régler le tout en deux mots bien sentis, ou, au
contraire, lui consacrer de l'encre et du temps... Il doit bien y avoir un
compromis et puisque j'ai commencé par Dard, je dirais que c'est à Dard que ce
livre m'a fait penser : la rapidité, le langage direct, le goût pour l'extrême,
l'attaque, la dénonciation, l'acidité, la virulence, le tout avec la
maladresse de celui – ou celle – qui pense qu'il faut écrire vite et, si
possible, ne pas se relire. Se relit-elle, je l'ignore, mais il est un fait
qu'Amélie Nothomb est une sorte de Dard fait femme ; de même, pour des raisons
analogues – quoique ça ne soit pas tout à fait son style et qu'il travaille et
se relise beaucoup (mais c'est bien son ton) –, j'ai pensé à Jean-Stéphane,
particulièrement pour les dialogues : la rapidité, la concision, la répartie qui
frôle sans cesse le mot d'auteur et qui – ce n'est pas forcément un défaut – est
souvent très éloignée d'une quelconque vraisemblance. Ça, je pense, serait les
deux points positifs : Dard et Jean-Stéphane. Pour ce qui est du négatif, je
reviens au statut de prodige de l'écran et à l'indulgence. Si la photo sur le
bandeau est récente, Amélie est jeune. Quel âge exactement ? Vingt-cinq, trente.
Elle pourrait donc avoir eu vingt-cinq ans lorsqu'elle a écrit ce texte ; c'est
bien le livre de quelqu'un qui sort de l'adolescence. Mais il s'agit de son
sixième ou septième livre. C'est dire que contre l'âge, il y a l'acquis d'une
certaine expérience, d'écriture autant que de vie. Et c'est là que je ne
peux lui concéder l'indulgence, celle que je lui aurais volontiers
offerte s'il s'était agi de son premier livre et qu'elle aurait eu vingt ans.
Car l'indulgence ne peut être accordée à un livre où s'accumulent tant de
poncifs, de clichés, de trucs d'auteur, d'autant plus affligeants et
insupportables que le propos même du personnage – de l'auteur – est une sorte de
croisade contre la conformité, la banalité, la bêtise généralisée, les lieux
communs, etc. Ainsi sous le couvert de virulence, d'acerbité, de « terrorisme »,
d' « anarchisme » (les mots en viennent), il y a la platitude d'un esprit sage
et résolument « bourgeois » (idem) (Voir les propos éculés sur les vernissages,
par exemple, ou la critique faite du film de Xavier qui est, mot pour mot, tirée
de n'importe quelle revue ou magazine actuel – ou alors c'était volontaire et il
s'agirait d'un troisième degré auquel je n'aurais rien compris ?).
C'est agaçant, et vaguement risible ; tout comme l'est le plus souvent
Dard à qui elle ressemble décidément beaucoup. Quelques notes ont accompagné
cette lecture malgré tout, pas réellement déplaisante...
(Écrit-elle à l'écran ?) Je pourrais, en conclusion, lui concéder
une certaine sincérité.
Notes :