Ce qu’a un livre d’occasion que n’aura jamais un livre neuf, ce sont les traces d’un lecteur précédent. Qu’elles soient volontaires (une dédicace, un mot, un texte adressé à un proche, des annotations, des mots, des phrases soulignés ou surlignés, un gribouillis, un dessin) ou involontaires (une photographie, un morceau de papier, une coupure de journal, un ticket de métro, une lettre, une carte postale), je les conserve systématiquement ; elles accompagnent les commentaires liés au livre si je le conserve, et dans le cas contraire, les en désolidarise pour les glisser dans une enveloppe qui leur est réservée... Aujourd’hui, je les sors et les expose ; les sors de l’oubli pour les faire entrer au musée. C’est le musée de l’oubli (« dans ce livre, j’ai oublié une carte, un ticket de métro, une lettre, un dessin ») et, pour éviter toute ambiguïté, des Oublis...