Après le repas, nous avons regardé un documentaire consacré à Édith Piaf (drôle de bonne femme, tout de même). J’ai aussi été frappé par Pierre Desgraupes, ses questions, sa pertinence (il me semble que le ton de ce type d’interview n’existe plus) ; il donne l’impression de quelqu’un d’intelligent, alors que tous les animateurs et journalistes d’aujourd’hui ont l’air d’ahuris ; il y a qu’à voir leurs sourires bêtes, leur maintien de travers, leur timbre à l’états-unienne, leurs propos stupides, leur incapacité totale à s’adapter et à réagir… Puis j’ai terminé Murakami, c’est-à-dire la postface (afterword) ; il y répète un peu ses propos disséminés au cours de ses entretiens, notamment ceux avec d’ex-membres d’Aum, ne dit pas grand-chose, rien qui ne soit déjà connu, et sa conclusion est un rien convenue : « Ça aurait pu être moi. Ou vous. » Le tout me laisse perplexe, même si je l’ai lu avec beaucoup d’intérêt. Qu’est-ce qu’il en ressort exactement ? (Il suffit peut-être simplement de le considérer comme un documentaire et d’y voir, comme il le dit en « avant-propos », une peinture de la société japonaise. C’est vrai que, par moments, j’ai eu envie de voir le visage des participants, que ce soient les victimes ou les ex-membres de la secte… Une question, pourtant, me semble n’avoir pas eu de réponse : qu’est-ce qui a poussé les auteurs à accepter de commettre l’attentat alors que rien dans l’enseignement de cette religion ne va dans ce sens et qu’ils sont tous éduqués, instruits, assez intelligents, font partie d’une couche assez élevée de la société – comme le chirurgien entré dans la secte pour espérer trouver le moyen d’exercer une médecine idéale (et qui répand ensuite du gaz mortel dans le métro) ?...
23 septembre 2013