Léo,

 

Avant de répondre plus longuement à ton précédent courrier, une question : où en es-tu de ta lecture ? C’est tout de même assez drôle que nous lisions en même temps La Recherche sans nous être consultés et ça le serait davantage si nous en étions au même point et que nous progressions simultanément. J’en suis à Sodome et Gomorrhe II, page 176 de l’édition Flammarion dirigée par Jean Milly, c’est-à-dire à ce moment où le narrateur et Albertine sont venus en voiture chez les Verdurin, à la Raspelière, et que Marcel, qui a envie d’Albertine, ne sait comment se dépêtrer de Mme Verdurin (et aussi, d’une certaine manière, d’Albertine puisqu’elle ne semble pas comprendre qu’il veut être seul avec elle). « Je me croyais brouillé avec elle, mais elle nous rappela à la porte pour nous recommander de ne pas “ lâcher ” le lendemain mercredi, et de ne pas venir avec cette affaire-là, qui était dangereuse la nuit, mais par le train, avec tout le petit groupe, et elle fit arrêter l’auto déjà en marche sur la pente du parc parce que le domestique avait oublié de mettre dans la capote le carré de tarte et les sablés qu’elle avait fait envelopper pour nous. » Mais, en vérité, je peux répondre tout de suite. C’est vrai qu’il y a une grande force dans les dialogues en général (et une drôlerie aussi). Quant à la description du portail de l’église de Balbec, je ne m’en souviens pas dans le détail ; je vais essayer de retrouver cette scène (ça devrait être dans Les jeunes filles, si je ne m’abuse, lorsque le narrateur fait la connaissance d’Elstir). Cette église existe-t-elle, je serais tenté de dire « oui » ; je ne sais pas pourquoi, je ne le vois pas l’imaginer. D’ailleurs, je me demande à l’instant s’il a beaucoup d’imagination…

 

27 août 2014