La nuit n’était pas tout à fait tombée, il lui restait encore une minute ou deux. Parmi la tourmente noire des nuages, une trouée gris-bleu s’est faite pour se refléter sur la plaque métallique de l’eau. C’était extraordinaire, et comme un imbécile, je suis allé chercher mon appareil comme si un quelconque objet était capable de fixer et de restituer un tel moment. Je regardais bouche bée, pensais à ma promenade de l’après-midi sous un ciel à moitié tourmenté et je me suis senti bien. Quelle importance pouvait bien avoir la voisine ou les voisins. (Pendant ce temps, la radio débitait L’enfant prodigue de Debussy dont j’ignorais tout. La radio marche constamment, je vais finir par y prendre goût ; c’est souvent popote et lénifiant, mais agréable ; et ça ne me distrait pas.) J’ai respecté mon quota de cigarettes ; j’ai consacré chacune d’elles à Molina sur le balcon. C’est prenant ; classique, mais prenant ; sans surprise, mais prenant. Je ne suis pas mécontent d’être pris par une lecture