Miller : mélange de naïveté, de lucidité et de bonne santé. Quelqu'un a parlé de « lyrisme ». Lyrique ? Je ne sais pas. Peut-être est-ce son côté sentencieux et moralisateur (tellement états-unien, malgré tout – un Bossuet, ou un Montaigne du Nouveau Monde ?)... Je prends un certain plaisir à relire cela après une dizaine, voire une vingtaine d'années, mais je ne puis m'empêcher d'en noter le caractère un peu suranné, désuet... Je note que si tous les mots à caractère sexuel (grossier, ordurier, le « vulgaire » du commun, en somme) sont censurés, le mot « foutre » lui, est bien écrit en toutes lettres, alors qu'il me semble autrement plus puissant, plus fort et plus violent que « con », « bite », « baiser » ou « chatte ». Comprenne qui peut... J'ai vérifié : la réédition en poche est bien le même texte, avec ses points de suspension. Ce texte aurait peut-être mérité une autre traduction (qui, dans l'ensemble, malgré tout, reste honorable)... Miller en prêtre d'un Ordre Nouveau est tout de même agaçant et quelque peu ridicule...

19 novembre 1998