Je lis dans L’immonde des témoignages au sujet de Godard, dont celui de Kitano. Il parle d’incompréhension : « Ses films sont incompréhensibles, mais… » Il rapporte les propos d’un journaliste (ou critique) français qui dit la même chose : « Je n’y comprends rien, mais… » et parle de génie (mais il dit « c’est génial » ; quel sens y met-il ? tout le monde dit « génial » pour n’importe quoi et surtout pour ce qui ne l’est pas). J’ai toujours dit que je pensais que Godard ne savait pas ce qu’il faisait, que ça allait comme ça allait, et j’avais rapproché ce comportement, cette façon de faire, de penser, de la fumisterie. Alors, pourquoi, tout à coup, ce mot d’incompréhension m’arrête et me fait réfléchir ? Il n’aurait donc rien compris à ce qu’il faisait et, d’une certaine manière, son cinéma – sa manière d’en faire – pourrait être assimilé à la musique improvisée : ça va comme ça va, comme ça vient et, tout à coup, il y a un éclair, une éclaircie, un trait de génie et le tout ne viserait que ce seul but : l’éclair surgi du hasard. (La différence serait, peut-être, que les musiciens se donnent sans commentaires, ni analyse. Ils vont – font –, jouent et on verra ce qu’il en ressortira. Il n’empêche, je vois tout à coup Godard sous un angle légèrement différent…) (C’est tout de même étrange qu’il y ait un tel pataquès à son sujet, alors que la mort de Tanner – ou celle de Klein –, qui coïncide avec la sienne, et c’est Sosthène qui l’a relevé, n’a suscité aucun commentaire – quoi qu’il ait tout de même eu droit à une demi-page dans L’Immonde…) Hier, j’ai pris en cours Prénom Carmen que je n’avais pas aimé. J’ai regardé un petit quart d’heure avant de mettre en route l’enregistrement – je ne savais plus si je l’avais. (Je l’ai.) Il y a effectivement eu quelques secondes de « bonheur ». Alors, il faudrait que je regarde désormais ses films comme j’écoute de la musique improvisée : dans l’attente de la seconde de choc…) (Quelle drôle d’expression…) Arte a diffusé, bien sûr (quoique j’aie parié sur À bout de souffle et Éléonore a gagné), Le Mépris que je n’aime plus après l’avoir presqu’adoré – je n’avais pas lu le texte de Moravia qui avait remis les choses à leur juste place : le film est très fidèle au texte et, dès lors, il ne reste donc plus que quelques images – et Brigitte magnifique. À moins que je ne l’aie rêvé : je jure que j’ai lu Le Mépris, et peut-être même en italien, ma mémoire est formelle, mais je n’en trouve pas la moindre trace ni dans ma bibliothèque, ni dans mon journal… (En saisissant, j’ai de nouveau douté et suis allé voir sur le site : Le Mépris y figure bien, je l’ai lu et m’en suis séparé. Je deviens fou…)

 

15 septembre 2022