Carrefour
rue de Paris, rue de la Liberté, Ivry. J'ignore le nom de ce bistrot tellement
semblable à des centaines d'autres à Paris. Je me trouve en terrasse, avec vue
sur le carrefour. Je lis Lauve, dans ce bistrot, les toutes dernières pages, et
me sens extraordinairement proche de lui, comme si j'en étais une réplique,
comme si – étrange pensée qui m'est venue tout à l'heure, dans le métro –
je retraçais son parcours, maintenant, Paris et sa banlieue, le bruit des
travaux à l'extérieur, ajoutés à ceux du bistrot, des conversations à
l'intérieur, avec le ciel, et la luminosité qu'il envoie sur mon monde à cet
instant, qui passe du soleil au sombre d'une couverture qui, de temps à autre,
projette une fine pluie sur la tête des passants… Pourtant, je ne suis
pas Lauve, encore que je m'y retrouve parfois (le regard triste, désabusé et
désenchanté sur le monde ; la frayeur face à la fuite des langues et des
spécificités). C'est sans doute pour cette raison qu'en définitive je ne vais
pas vraiment aimer ce livre :