Nous quittions la terrasse du Saint d’Hic pour retourner à la voiture, avions traversé la place Rouppe du côté du bistrot voisin du Comme chez soi (je suis tout de même étonné qu’un tel établissement jouxte Stalingrad et sa population « colorée », bref populaire). S’y trouve une boîte à livres (nous ne l’avions jamais remarquée), Sosthène s’en est approché, je l’ai suivi, il l’a ouverte, y a jeté un œil, en a sorti un livre, l’a remis en place. Il y en avait une vingtaine, tous placés verticalement, sauf un, à plat devant moi, un poche dans un mauvais état. Je m’en suis saisi : c’était Kaputt au Livre de Poche, une édition des années cinquante ou soixante ; je n’en revenais pas. En même temps, ça ne m’avait pas vraiment étonné comme si j’avais su que j’allais faire une découverte dans cette boîte ; et c’en était une. « C’est le livre que j’avais cherché pour toi chez Pêle-Mêle la dernière fois… » J’y avais passé une bonne demi-heure, à retourner les différents secteurs, littérature, histoire, poches. Je le lui ai remis, en sachant qu’il n’aime pas les poches, et celui-là était vraiment en mauvais état. « C’est écrit petit », m’a-t-il dit. « Tu n’es pas obligé de le lire, ni même de le prendre, mais c’est un texte extraordinaire… » « Je le prends… »
10 août 2023