Ce matin, j’ai survolé la souffrance (qui mériterait d’être épurée), ai avisé Sexus, un exemplaire assez ancien en anglais. D’où sort-il ? Je l’ai survolé, en ai lu quelques lignes en me demandant si, aujourd’hui, je pourrais relire Miller, même s’il a été, en quelque sorte, mon mentor en littérature et je n’avais pas été loin de l’aduler. En même temps, je ne l’ai jamais lu en anglais, et sa lecture en français doit dater de l’époque de Couarcq. Je me suis assis, l’ai entamé. C’est vif, simple, direct ; je retrouve le ton, et à la lecture de certaines formes ou formules, je me suis demandé comment elles avaient été rendues en français. Je suis donc allé chercher mon exemplaire en français, pavé Buchet-Chastel jaune un peu déglingué (je me demande s’il n’avait pas appartenu à Pierre M***, disparu de la circulation depuis des lustres). Dès les premiers mots, j’ai ouvert grand les yeux : passé simple, imparfait du subjonctif, et surtout, un ton littéraire, presque précieux par endroits par le choix des mots, c’est-à-dire à mille lieux de l’original. Quelques exemples de mémoire : « the best day of the week » traduit par « le jour le plus propice » ; non : c’est le meilleur jour ; ou « shotgun » par « fusil de précision » pour « fusil de chasse », ou « cock » par « vit », non, c’est une queue, « vit » c’est de la littérature bourgeoise (mais je reconnais que la partie de jambes en l’air dans le taxi est assez bien rendue). J’en profite pour mettre le français en vente. (Il serait assez drôle que Pierre l’achète…)
27 octobre 2016