« Hena […]. Elle avait dix-neuf ans. Elle s’était fait arrêter parce qu’elle avait cambriolé un appartement […]. Elle était passé devant un tribunal correctionnel. […] Comme elle était juive, on ne l’avait pas enfermée dans une prison ordinaire, mais aux Tourelles. Je me sens solidaire de son cambriolage. Mon père aussi, en 1942, avec des complices, avait pillé les stocks de roulements à billes de la société SKF avenue de la Grande Armée, et ils avaient chargé la marchandise sur des camions, pour l’apporter jusqu’à leur officine de marché noir […]. Les ordonnances allemandes, les lois de Vichy, les articles de journaux ne leur accordaient qu’un statut de pestiférés et de droit commun, alors il était légitime qu’ils se conduisent comme des hors-la-loi afin de survivre. C’est leur honneur. Et je les aime pour ça. »