Retour ici aux environs de minuit. J’ai oublié Modiano, Dora Bruder, que j’avais entamé hier et ai achevé ce midi au jardin avec, en fond, d’étranges sons d’une guitare en distorsion, puis d’une batterie qui l’accompagnait, comme si, quelque part, un groupe de rock répétait. Modiano est indécrottable : Paris, la guerre, l’Occupation, la recherches des pistes, des traces, de la mémoire. J’avais dit récemment qu’il m’avait agacé dans La petite bijou. Mais j’ai trouvé ici autre chose. Point de départ : une petite annonce trouvée fortuitement dans un quotidien de 1941 : « On recherche Dora Bruder ». Il part à la recherche de cette Dora Bruder avec de multiples détails qui laissent supposer que tout cela est vrai, qu’il a effectivement effectué cette recherche et que rien n’a été inventé. C’est le ton habituel, le style habituel, mais, et peut-être est-ce l’aspect autobiographique, authentique qui transforme les choses, avec quelque chose d’inaccoutumé qui m’a accroché jusqu’à la fin. 1941, les juifs, le début du port de l’étoile jaune et de la traque, puis de la chasse. Comme je m’y attendais, il ne la retrouve pas, et du reste ce n’est pas le but. Le but, c’est cette période particulière de la guerre, le but, c’est la confrontation de deux époques, de deux zones de temps : celle d’alors, celle d’aujourd’hui où un homme remonte le temps, s’inscrit dans le parcours d’êtres qui lui sont inconnus et qui le resteront à jamais. C’est en définitive, une confusion des temps. Notes...