« Fondamentalement, l’homme est un animal non rationnel. C’est ce qui fait que l’écriture de la fiction pose tant de difficultés ; car le lecteur, ou le spectateur au théâtre, exige de lui, en tout cas de nos jours, qu’il se conduise comme s’il était rationnel. Nous nous sentons insatisfaits lorsque les intentions des personnages ne correspondent pas à celles que nous attendons. Nous attendons que leur comportement soit rationnel, et s’il ne l’est pas, nous disons : “ Mais les gens n’agissent pas ainsi. ” […]

Le comportement des personnages d’Othello, et principalement d’Othello lui-même, mais, à un degré moindre, de presque tous les autres protagonistes, est furieusement irrationnel. Les critiques se sont torturés l’esprit pour montrer que ça ne l’était pas. En vain. Ils auraient mieux fait d’accepter qu’il s’agissait d’un puissant exemple de l’irrationalité fondamentale de l’homme. Je suis tout à fait enclin à croire que les habitués du théâtre de l’époque ne voyaient rien d’improbable dans le comportement de n’importe lequel des personnages. »

 

« Fundamentally man is not a rational animal. It is this makes fiction so difficult to write; for the reader, or the spectator of a play, demands, at all events to-day, that he should behave as if he were. We feel dissatisfied when the persons of a story do not act from motives that we accept as sufficient. We expect their behaviour to be rational, and if it isn’t we say : ‘But people don’t act like that.’ […]

The behaviour of the persons in Othello, of Othello himself principally, but to a less extent of almost everyone in the play, is wildly irrational. The critics have turned themselves inside out to show that it isn’t. In vain. They would have done better to accept it as a grand example of the fundamental irrationality of man. I am quite ready to believe that contemporary theatre-goers saw nothing improbable in the behaviour of any of the characters. »