Dans le hors-série Proust figurent quelques extraits ; je les ai lus, y ai relevé deux énormes bourdes (« encore plus » et surtout « un octave » – que Reynaldo lui a sans doute inspiré). Il m’est alors venu à l’idée, prétexte pour me lancer dans la relecture de La Recherche que je me promets depuis si longtemps, de faire le répertoire de toutes les incorrections, fautes, lourdeurs, auxquelles j'ajouterais les phrases incompréhensibles, voire inintelligibles (elles sont multiples ; j’avais commencé à les relever à l’époque de la première lecture dans l’édition Flammarion). Après m’être assis à ma place face à l’écran, j’ai fait pivoter mon siège d’un quart de tour pour faire face à la marcellothèque. M’est alors venue cette question : « oui, mais dans quelle édition ? » En attendant de trouver une réponse, je me suis emparé du premier volume de La Pléiade édition 1954, l'ai ouvert au hasard, page 622, où j'ai lu cette phrase étrange qui me fait sourire – Tadié dans Lire parle du style qui, en définitive, n’existerait pas ; je pense, au contraire, qu’il est là tout entier tant cette structure revient d’un bout à l’autre : « D’ailleurs, ce qu’une telle cure de détachement psychique et d’isolement peut avoir de pénible, le devient de moins en moins pour une autre raison, c’est qu’elle affaiblit, en attendant de la guérir, cette idée fixe qu’est un amour. » Je relève dans la phrase suivante l’horrible « non pas » : « […] était une journée non pas perdue, mais gagnée. » Je note aussi avec un certain plaisir qu’il utilise à bonnes doses le point-virgule (mais pas toujours à bon escient), je n'en avais pas le souvenir. Puis, dans la page suivante, un passage qui contredit ce qu'affirme je ne sais plus qui dans le même Lire qu’il n’y a pas de dates, pas d’heures et pas de prix dans La Recherche : « Il me semblait que je pourrais bien en tirer mille francs. » (suivi d’un nouveau « non pas » : « À ma grande surprise, il m’offrit séance tenante de la potiche non pas mille, mais dix mille francs. » – deuxième mention d’un prix, entre parenthèses) Je pense que je vais adopter La Pléiade qui, sans conteste, est l'édition la plus confortable et la plus agréable – et renvoie, par des notes, aux éditions antérieures. Je n’ai malheureusement que le premier tome… (J'y trouve aussi, avec surprise, un marque-pages couvert de quelques notes – mais pas d’ex-libris, la lecture est antérieure à 1989...)

21 juin 2013