J'ai passé une bonne partie de l’après-midi à la traduction. Puis repas avant de finir fini Madame au salon. Je suis songeur, et, en définitive, très partagé. Les premières informations que j’avais trouvées sur le texte étaient qu’il s’agissait de son premier roman. Mais pas de date. Libera est né en 1949. L’avait-t-il écrit en fin d’adolescence comme pourraient le laisser supposer le ton et l’écriture, et surtout le style qui, souvent (mais peut-être est-ce la traduction, ou un choix de l’auteur), a tout de même un côté « scolaire » agaçant qui, absent au départ, s’installe et s’affirme au fil des chapitres et en devient gênant dans les dernières pages ?

Je viens de trouver la date : 1998 pour la publication polonaise, 2004 pour la traduction en français. Libera avait donc cinquante ans lorsqu’il a écrit ce premier roman – jusqu’alors, il était traducteur, de Beckett en particulier. Beckett ? Passer de Beckett à ce roman dans la grande tradition du genre, initiatique, l’adolescent disciple et émule amoureux de sa professeuresse de français (comment se nomme ce fameux long métrage hollywoodien des années cinquante qui reprend exactement le même thème ?), somme toute extrêmement classique et parfois presque conventionnel, et qui, sans s’approcher de trop près, révèle de nombreux défauts et maladresses de « débutant » ? Ça n’empêche pas le plaisir que j’y ai pris, mais un plaisir qui a sans doute été en partie suscité par la curiosité, celle de voir se dérouler devant moi un texte qui pourrait être assez proche de l’idée que je me fais du Journal d’un homme en mai. Les rôles sont renversés et il n’y a pas d’arrière-plan politique et intellectuel, mais la progression est la même et les sentiments sont similaires ; ainsi que, je l’ai dit, le style si je m’en tiens à ce qui est écrit...

 

3 mai 2005