
Publié par son fils Samuel Viaud dans La
petite illustration du 15 septembre 1928, n° 399, série Romans n° 178 et
celle du 22 septembre, n)400, série Romans n° 179, deux volumes que j’ai trouvés
chez Emmaüs… Loti m'exaspère autant qu'il m'attire ; aussi abject
soit-il, il reste un personnage... Il va partir pour l'Asie, est en Bretagne,
puis à Rochefort ; alternance de lettres et d'écrits proprement dits. Pas le
moindre intérêt. Pourtant, au moment où je vais abandonner, ça change. Il
embarque sur l'Atalante à destination de la Cochinchine.
Voici ce qu'il écrit en date du mois de juin 1883 : « 4 heures du matin.
Imaginez cette fin de nuit, d’une nuit fièvreuse de travail, commencée à 8
heures du soir. Il fallait coûte que coûte achever Mon frère Yves pour
l’expédier ce matin de Suez, et il est achevé. Un pauvre chauffeur arabe est
près de moi, loué hier à Port-Saïd pour m’éventer : lui aussi a passé sa nuit à
ce travail. » Puis : « J'ai aussi la tête pleine du souvenir d’une femme Fellah
de Port-Saïd, une de ces femmes jaunes enveloppées dans de longs voiles bleu
sombre. Il y avait longtemps que j’en désirais une, et c’était difficile, – une
vraie, du désert. Si vous saviez quelle façon de se livrer, quelle noblesse
superbe en s’abandonnant… Tout cela est l’indice d’un idéal charnel très
supérieur que, nous autres d’Occident, nous avons perdu... » 12 juillet : «
Enivré surtout par ces grands yeux de velours qu’ont les femmes de ce pays, même
les dernières prostituées, – enivré d’avoir tenu dans mes bras une femme de
cette race admirable, la plus belle et la plus voluptueuse peut-être de toutes
les races du monde. » À son époque, des plaisanteries couraient bon train au
sujet de son homosexualité. Étaient-elles fondées ou non ?...