129 mystère

Klaus Theweleit, postface : « […] Jonathan Littell dit qu’il lui “ paraît toujours aussi étrange qu’il reste de la place dans la tête des assassins pour aimer leurs enfants, leur famille – et qu’ensuite ils se remettent à torturer leurs semblables et les enfants de leurs semblables ”. Ce mystère a été l’une de mes principales motivations pour me plonger durant cinq ans dans les abîmes de la “ littérature ” fasciste. » Pendant longtemps, j’y avais aussi vu un mystère, quelque chose de l’ordre de l’inconcevable. Mais, après réflexion, il ne s’agit que d’une conformation cérébrale (si tant est que cela ait un sens), un relais particulier de connexions neuronales qui entre dans la nature de ces personnes et y participe. Est-ce bien différent de quelqu’un qui tue un animal de sang-froid ? (Et, en l’occurrence, pour eux, à ces moments-là, il s’agit, au mieux, d’animaux, et c’est du même ordre que de tuer une autre personne au nom de la race ou de la religion ; c’est tout aussi inconcevable et pourtant – sinon, pourquoi le langage se serait-il encombré de youpin, métèque, raton, bougnoule, polak, fils de pute ?) (Chaque cerveau est une machine et chacune d’elles est réglée de manière différente – et un grand nombre d’entre elles sont indéréglables…)

 

5 juin 2022