En cherchant un livre dans ma boutique, je suis tombé sur Le sucre et la faim. J’avais oublié que je l’avais. Je viens de l’entamer, perché sur le petit tabouret dont je me suis servi pour aller le rechercher – j’aimerais bien, un jour, lire un tel livre comme un témoignage définitif du passé, de la même manière que je lirais un texte sur la construction des galères ou des cathédrales, ou consacré aux gladiateurs ; c’est-à-dire quelque chose qui ne se reproduira plus, qui effectivement appartient à une époque révolue ; il est toujours possible de construire à nouveau des galères ou des cathédrales, instituer à nouveau les gladiateurs et les jeux du cirque – quoique –, mais ce serait une copie, une reproduction et des siècles se seraient écoulés entre l’original et la copie ; tandis que la misère, la faim, les coups, la torture, les massacres n’ont pas changé depuis la nuit des temps et lire ce livre vécu et écrit il y a quarante ans, c’est le voir s’écrire devant mes yeux).
7 novembre 2018