« Si le Sexe II [le partage du plaisir sensuel
– le Sexe I étant la procréation] est reconnu comme une Bonne Chose
En Soi, il est difficile de poser des limites (autre que celle humaniste
générale qui veut que personne ne devrait faire le mal) à la manière dont il
peut être pris. Par exemple, la désapprobation chrétienne traditionnelle à
l’égard du sexe extra-marital avait une justification sociale évidente en
tant que moyen d’assurer une responsabilité parentale et d’éviter
les croisements de même couche. Mais, avec le développement d’une
contraception efficace, ces arguments perdent beaucoup de leur force, comme la
société séculière l’a découvert dès le milieu du XXe siècle. Pourquoi, donc,
des adultes responsables devraient-ils être mariés pour partager entre eux
quelque chose de Bon En Soi ? Ou, pour prendre un exemple extrême, la
relation anale, qu’elle soit homosexuelle ou hétérosexuelle, a toujours
été condamnée en des termes de la plus profonde détestation par les moralistes
chrétiens traditionnels, la sodomie étant répertoriée dans le Catéchisme de Quat’sous comme l’un des Quatre Péchés
Réclamant Vengeance au Paradis (les autres, peut-être seriez-vous curieux de le
savoir, étant le Pouvoir Délibéré, l’Oppression des Pauvres et
l’Escroquerie sur les Salaires des Travailleurs). Mais si le partage du
plaisir sexuel est une Bonne Chose En Soi, la fonction procréatrice
n’étant pas prise en compte, il est difficile de voir quelque objection
que ce soit (autre que celles liées à l’hygiène et à l’esthétique)
à la relation anale entre adultes consentants, car à qui cela porte-t-il
préjudice ? La même chose s’applique à la masturbation,
qu’elle soit solitaire ou mutuelle, et au sexe oral-génital. Tant que les
orgasmes non-procréateurs sont permis, qu’importe la manière dont ils
sont atteints ? »