leschuts
Pendulus peut aussi prendre le sens de léger,
inconstant.../J’ai été particulièrement heureux hier de prendre la Mercedes,
malgré mes appréhensions et, nouveauté, le toit ouvrant qui à présent fait des
siennes ! Il n’empêche : je ne suis pas prêt de m’en séparer. Quoi qu’il
arrive.../(celles de Sylviane)/À l’instant, comme une apparition, Dorothée qui
se matérialise devant moi, munie d’une tasse de thé et qui me dit qu’elle va
passer deux heures ici parce qu’elle n’a pas de clef pour rentrer « là-bas ».
Comment fait-elle pour ouvrir la porte d’entrée sans le moindre bruit, pour
gravir l’escalier menant au grenier sans faire craquer les marches ???/« J’ai
forcément quelque chose ! On n’a pas des pertes de connaissance comme cela, sans
raison ! Je dois avoir quelque chose à la tête. Je vais demander à passer un
encéphalogramme ! Je dois avoir une tumeur ou quelque chose ! »/(Je m’étais dit
que j’écrirais plus tard dans la journée : il est 9 h 30, et j’y suis déjà. Rien
à faire (double sens qui m’apparaît à l’instant : rien à faire, ce qui ne veut
pas dire que c’est l’inaction qui me pousse à écrire – mais je n’irai pas
jusqu’à l’irrésistible)./(voir la discussion avec Anne hier)/Il me propose une
Opel Corsa qu’il aura dans un mois. Susan et moi la lui paieront.../Pascal qui
me remet la photocopie du règlement intérieur de la Vinaigrerie Dessaux en 1880.
Je l’avais déjà vue circuler il y a une quinzaine d’années. Ça n’en reste pas
moins édifiant. À reproduire.../Une chose étonnante : je ressens le manque,
alors que jusqu’à ce matin, je pouvais, sans le moindre problème (y pensant,
forcément, mais en n’en ressentant pas le manque physique), traverser 3 ou 4
heures sans la moindre bouffée. Est-ce l’application effective de ce nouveau
plan qui est la responsable de cet état que je n’avais pas connu à ce degré
d’acuité, d’intensité, depuis deux ans et demi ?/(comment les autres se
comportent-ils face à eux-mêmes ? comment, pourquoi écrivent-ils ? quelles sont
leurs trucs, leurs manies ? et beaucoup de choses instructives et étonnantes à
ce titre !)/(lettres que PL a reçues suite à sa demande (annonce) dans les
médias)/Samedi, ZITA. Nathalie m’avait appelé la veille pour me rappeler ce
vernissage qui, du reste, m’était complètement sorti de la tête. Je promets d’y
passer. Ce que je fais./Au bout d’une demi-heure, nous nous éclipsons/J’attends
avec fébrilité de prendre possession de février tout à l’heure, en fin
d’après-midi.../Je sais, par expérience, que le journal plaît, attire, séduit.
Si mon journal séduit, ce n’est pas parce que je suis extraordinaire, mais parce
que lui, le journal, l’est, extraordinaire. Chaque élément pris séparément est
parfaitement ordinaire, mais leur agencement leur confère un caractère
extraordinaire./Il est 10 h 45./En fait, c’est davantage la tenue générale du
paquet de pages qui laisse à désirer (défaut dû au gondolage, malgré tout). Il
subsiste quelques exemplaires voilés, mais j’avais prévu un excèdent au
tirage./Coup de fil d’Annie. Les réparations ont été estimées à 35 000 F. Pas de
regret, donc./(En définitive, lire les journals personnels des autres, que ce
soit sur Internet ou non, ne m’intéresse en aucune façon ; ce qui m’intéresse,
c’est la recherche d’une personnalité dont la représentation graphique sur
l’écran – que ce soit de l’écrit ou de l’image – pourrait me fournir un point de
départ, une idée, l’amorce d’un chemin.)/L’amorce d’un chemin : je l’ai (c’est
PL qui me l’a indiqué : Mongolo). Mais ce chemin est bouché, en ce sens où il a
appliqué une idée que j’ai appliquée à la Rue sans penser à l’appliquer au
journal : celle du renvoi à d’autres parties par le lien. Je lui en veux un peu.
J’ai survolé, il était tard. C’est vrai qu’il y a là quelque chose de différent.
Mongolo propose d’avertir le lecteur par émail à chaque nouvelle entrée. Sorte
d’abonnement. Je me suis abonné./Pascal me parlait./Par contre, entorse à mes
habitudes : j’ai fumé la cinquième dans la voiture, entre La Madeleine et
Roubaix, après avoir déposé Sébastien chez lui. J’avais longuement hésité.
L’heure était dépassée d’une demi-heure. J’avais vraiment envie de fumer.
J’aurais pu patienter, attendre une vingtaine de minutes, mais je crois que la
fatigue aidant, j’en avais vraiment besoin à ce moment-là. Quoi qu’il en soit,
je constate que le manque est nettement plus accentué que lorsque je ne me
préoccupais pas de l’heure. Étrange !/Après avoir survolé le journal de Mongolo
(daté, précisément, calendriers à l’appui), j’ai jeté un coup d’œil aux miens.
Rien de bien satisfaisant./Pas de goût à écrire. Mais le devoir… on connaît la
chanson. Pas de goût d’autant que la perspective de l’enregistrement me force à
y penser beaucoup, énormément. À penser au journal, mais aussi aux publications
en général, au sens exact de tout cela. Quel sens cela a-t-il, dans le fond ? Je
passe…/Je me pose la question du rapport de ce week-end./Qu’ai-je à faire d’une
prestation dans une ville que je n’aime pas et avec laquelle je ne veux avoir
aucun lien ?/Il n’habite plus chez ses parents./c’est propre/Cyril me fait
écouter Le train fatal version Raoul. Grotesque. J’ai même risqué le mot «
vulgaire » qui, une fois n’est pas coutume, s’appliquait parfaitement à ce que
j’ai entendu…/Casa : erreurs de dates, erreurs de faits ; il n’en fait qu’à sa
tête, agence son écrit comme ça lui chante ; c’est véritablement une histoire
dont il soigne les routes, les détours, les surprises./Je n’en sais rien./11 h
30. Je viens d’effectuer une première lecture de Rok sur papier. Je vais entre
plaisir et dégoût. De plus, près de 40 pages, c’est trop. Couper, encore couper.
(Dans l’ensemble, rien de bien différent. Je n’y suis pas encore. Et toujours
l’hésitation entre le rapport réel la fiction – voir l’épisode du Touquet que
j’ai envie de transformer sans parvenir à le faire du fait que Caroline et
Andrew seraient peut-être contents de lire ce passage qui les concerne !)/C’est
Francko qui vient de me l’apprendre au téléphone./(je l’ai noté sur le
calendrier à ce moment-là)/(ce qui, maintenant que j’en parle, était doublement
singulier puisque c’était bien avant que nous en soyons au dessert)/ce que d’une
certaine manière, était vrai dans la mesure où nous étions déjà venus plusieurs
fois/et qui, à une autre époque, avaient été séparés par un mur sectionnant en
deux la cour pour que les deux séparément soient vendus : la maison pour
habitation, les locaux pour le commerce./(ce qui ne m’a jamais gêné le moins du
monde : jamais je n’ai ressenti la moindre gêne, alors que je savais que depuis
l’immeuble d’en face, la majorité des occupants avaient directement accès à la
moitié de l’appartement)/(Il est 14 h 45 et j’achève ma cinquième cigarette.
C’est ce que m’aura coûté cette longue relation. Moralité : beaucoup de
manuscrit, beaucoup de tabac…)/(Derrière moi, tandis que j’écris, un orchestre
beethovénien qui s’échine à essayer de me prouver l’utilité et l’efficacité du
tomahawk dans la confection du bœuf braisé…)/le coup du « tour en Belgique »
pour dépenser les derniers francs, j’aurais dû me méfier/(et c’était en outre
une occasion de profiter d’une des rares fois où je suis passager)/Susan ne
comprend pas pourquoi je ne suis pas intéressé. Mais qu’irais-je faire durant
deux mois dans un pays qui ne m’est rien et où je ne ferais rien de plus que ce
que je fais ici ? et où je ferais certainement moins puisque j’y prendrais du
retard à la fois sur les publications et sur la préparation, entre autres
choses, du journal intégral ! (sans parler du site…)/Sur le coup, je pense à la
CRAM, un mois de congés sans solde à demander, mais surtout à la précarité
actuelle du poste, ici, ma place aux archives, que je ne serais pas sûr de
retrouver à mon retour/(revoir formulation !), soit : Wittassek est un ami
d’Anne et Janusz et le moins que je puisse faire, c’est d’en parler afin qu’eux
ensuite puissent le lire./Il est 17 h 00. Toutes mes pensées sont concentrées
sur Varna et Gammarth dont j’ai déjà effectué plusieurs relectures cette
après-midi. Je relis à l’instant, coche, note, rature, ajoute. J’ai finalement
abandonné les autres idées (coupures, rejets d’une page à une autre, différence
de corps de caractères, voire de caractères) qui sont dangereux, délicats à
manier et qui, au bout du compte, pourraient donner un résultat très convenu.
Voir toutes les expériences de ce type qui ont jalonné le siècle dernier…/Le
journal intime : il ne m’est pas facile de feindre dans ce domaine qui m’est
tout à la fois si familier et si étranger. Si familier en pensée et si étranger
dans les mots. Je crains que très vite il devienne mon confessionnal (rehaussé
de dorures d’épopée, bien entendu).../Cassettes de Barthes que je réécoute. « Un
peu de savoir, beaucoup de saveur. » Quel est le rapport étymologique,
sémantique entre les deux ? Savourer le savoir... Jean me confirmera que
l’étymologie est la même : sapio (qui donnera sapor-oris : goût, saveur) : avoir
du goût, sentir par le sens du goût, avoir de l’intelligence, se connaître en
quelque chose ; d’où sapiens, et sapientia : intelligent, intelligence,
sagesse.../St Valentin. Bonne fête, ma chérie !/Ai-je parlé de la proposition
qu’on lui a faite pour un emploi dans une tout autre direction, traduction et
interprétariat, qui la libèrerait enfin du poids de l’enseignement à l’EDHEC ?
(Qui supposerait des allers et retours en Angleterre, voire des séjours ;
inutile de dire que je ne vois pas ça d’un très bon œil ; mais bon…)/Il dit
comprendre la nuisance que ses travaux apportent à notre intimité, mais qu’il ne
pourrait faire autrement, que cette partie était prévue pour recevoir des
bureaux qu’il louerait et qu’il devait donc percer des fenêtres. Que dire à cela
? Rien s’il est dans son droit, et je ne dis d’autant rien que la seule chose
qui me tracassait, c’était la perspective d’y voir débarquer une ou deux
familles ce qui aurait été autrement plus gênant que des bureaux./Une phrase LYS
: « L’autre soir, une rivale lui a fait porter des lys empoisonnés. » Pas mal.
(Depuis Wenders, je ne peux plus voir « rival » sans immédiatement penser à «
avril »…)/Je ne suis pas sûr que ce soit le journal en soi qui m’intéresse, mais
plutôt la trace écrite (contrainte) que je mets en stock…/Sommes surpris de ne
pas trouver d’autres personnes de notre connaissance et je me demande encore
pourquoi ils les ont invités en même temps que nous pour cette première fois où
nous y allons « personnellement », ou plutôt d’une manière plus
intime./Charmants tous les deux, mais à mille lieux de nous./Elle me faisait
penser à une fille que j’ai vaguement connue il y a une vingtaine d’années,
petite amie de J***-M***. Il y avait beaucoup de ressemblances, de similitudes.
La grosse différence, c’était le sourire, très beau, attirant, sensuel, qui du
reste appartenait à quelqu’un d’autre. Je connaissais ce sourire sur un autre
visage, visage sur lequel je ne suis pas parvenu à mettre un nom. Mélange de
connaissances, et c’est ce qui a attiré mes premiers regards. Qui étaient de
pure curiosité. Qu’elle a remarqués. Mais ce n’est pas ce qui l’a poussée à me
regarder. Je crois qu’elle a commencé à me regarder dès mon arrivée, dès mon
premier regard sur elle. Je crois que d’emblée, au premier regard, il y a eu
quelque chose entre nous./11 h 15. Il neige.../Le sort d’Annie me préoccupe
beaucoup./Je m’imaginais que la suspension de la publication papier du journal
allait m’être insupportable. C’est tout le contraire. C’est à peine si j’y
pense.../Je m’étais dit qu’il faudrait dix minutes pour les corrections et qu’à
10 h 00 au plus tard je serais à Flash-Copy pour l’impression. Je suis arrivé à
9 h 15 chez Texto. Mais Didier, qui d’ordinaire s’en occupe, n’était pas là.
Congés. André ne connaît rien à QuarkXpress et ne sait rien du fichier déposé
par Lionel. Lionel qu’il appelle. Qui, un quart d’heure plus tard, arrive et
fait lui-même les corrections. Le tout a fait que ce n’est qu’à 11 h 00 que je
suis arrivé à Flash-Copy. Ce pour découvrir que la machine était occupée. Ce
n’est qu’à 11 h 45 que j’ai pu commencer l’impression. À 13 h 00, tout était
achevé. Ça repose dans le coffre (il est 15 h 00) et demain matin, je déposerai
le tout chez le façonnier./Je demande ce matin à Susan ce qu’elle a pensé de la
dernière livraison de la Rue. Elle ne sait que me répondre. En fait, répond par
le silence. Dix minutes plus tard, elle me demande pourquoi je m’étais imposé
la règle de ne pas revenir sur les tableaux écrits (elle ne parvient pas à
croire que j’aie pu me souvenir de tout sans consultation, ce en quoi je ne vois
rien d’extraordinaire), puis me dit que c’est impressionnant. Ce qui m’a agacé.
Qu’ai-je à faire d’impressionner !?/(Je me demande pourquoi je m’obstine à me
jeter sur le journal tôt le matin : mon écriture est exécrable, j’ai toutes les
peines du monde à tenir le stylo, à le diriger sur le papier, et ma tête est
dans une poix complète !)/(et écrivant cela, j’ai allumé une cigarette : tout,
en un clin d’œil, s’est dissipé et envolé !)/9 h 15. La cigarette, le cahier !
Incroyable ! Il y a dix secondes, je m’étais refusé à cette seule idée ! Puis,
mes pensées autour de la dépression, l’ennui, la répétition ayant engendré
quelques réflexions, je me suis dit qu’il serait dommage de les laisser se
perdre. Alors, la plume. Mais avec la première bouffée, la plume s’alourdit (et
avec elle la pensée à laquelle il a fallu une bonne dizaine de secondes pour
trouver le verbe « s’alourdir » – qui, du reste, n’était pas celui que je
cherchais !), peine, renâcle (etc.).../Je ne la reverrai donc pas.../Ai entamé
une seconde relecture de La Barge. La Barge date de 1987. Je suis impressionné,
épaté, attiré, séduit ; je me suis tellement éloigné de la fiction que j’ai du
mal à croire aujourd’hui que j’ai pu, à un moment donné, écrire des textes de ce
type. Vais-je être amené un jour à en écrire de nouveau ? (Drôle de question à
se poser, comme s’il y avait du regret, ou une attente quelconque !) Quoi qu’il
en soit, je suis enthousiasmé. Je le relis, le remanie, et le diffuserai pour
les émaillés. Ensuite, j’en ferai un livret. Parallèlement, je le siterai
peut-être./(Vaseux ce matin. J’ai l’impression d’avoir fumé deux paquets de
cigarettes – alors que ma consommation n’a en rien changé ; ou alors dans le
sens de la baisse puisque hier je me suis arrêté à cinq...)/et, pour je ne sais
quelle raison, ne viendra pas et je n’ai pas eu de nouvelles depuis (ce qui
n’est pas tout à fait vrai car le lendemain Susan m’a dit qu’il y avait un
message de sa part sur le répondeur pour savoir à quelle heure je m’y rendais)/Wanda
m’avait prévenu qu’il y avait bcp de monde le samedi (nous étions vendredi !)/Il
les proposera à 500 F pièce, ce qui m’a surpris. C’était une exposition, certes,
mais d’un caractère un peu particulier dans la mesure où elle réunissait un
certain nombre de peintres, de plasticiens dont le point commun était la
Pologne, soit des Polonais, d’origine ou de souche, vivant en France. J’y voyais
plutôt une rencontre à caractère amical qui pouvait se dispenser de la vente,
pour le moins lors du vernissage. L’introduction d’argent m’a un peu choqué
surtout venant de sa part…/Alors, pour ne pas regretter tout à fait/(et je n’en
ai pas le courage, pas aujourd’hui en tout cas)/Dans un récent émail, Sébastien
m’informait qu’il avait trouvé Le temps immobile. Je lui ai répondu que je ne
voulais rien en savoir. Je viens de l’avoir au téléphone : « Rassure-toi, me
dit-il, ça ne ressemble en rien à ce que tu fais... » Il n’empêche, ce n’est pas
le moment…/France-Culture : c’est le 19, à 13 h 30, à la Piscine. Qu’est-ce que
je vais bien pouvoir leur raconter : je suis complètement déprimé !/Je me suis
demandé si V*** y était ce jour-là./(Idée pour une saga : À la quête du Nobel,
en douze épisodes par an durant vingt ans !)/Hier, Pascal qui revient
complètement décomposé de la visite médicale : « Vous ne savez pas ce qui
m’arrive ? J’ai pris trois kilos en un an !" » Pascal ne fait pas 70 kg. Nous
pensions qu’il plaisantait. Pas du tout. « C’est la quarantaine », dis-je. «
Justement, c’est ce qui m’inquiète ! » Pascal a beaucoup de mal à accepter
l’idée de la vieillesse, va vieillir difficilement…/16 h 00. Coup de fil de la
productrice de Multipistes qui me propose un enregistrement privé du fait de mes
réticences à passer devant un public ! Passée la surprise, je l’ai remerciée et
lui ai dit de ne rien changer à leurs projets. Pourquoi n’ai-je pas accepté ?
(Curieusement, cela m’a redonné confiance/Nous rebroussons chemin. À une
centaine de mètres de là, nous arrêtons à une boutique de cuisines. Fermée. Puis
à une supérette que Susan tenait absolument à visiter. J’en ai profité pour
entamer le Tchekhov dans la voiture, avec beaucoup de peine à cause de mes
cervicales qui ne m’ont pas lâché de la journée, et encore à présent je les
ressens./Je viens de passer une demi-heure allongé dans l’attente que la douleur
des cervicales se calme un peu. Ça s’est calmé. Il y avait longtemps qu’elles ne
m’avaient pas infligé de telles douleurs une journée durant…/Saisie directe, 17
h 00. Soleil toujours, quoique froid. Ai travaillé en partie à mon bureau,
l’intégrale, quelques rangements de papier, les archives. Petite sieste qui n’a
consisté, première, qu’à nous blottir l’un contre l’autre, sans nulle envie
particulière, pour elle comme pour moi. Il faudrait que je me décide à entamer
la préparation de L’Intimité, soit, dans un premier temps, séparer le Journal en
mai du reste…/De 9 h 45 à 10 h 45 : une heure passée au distributeur avec
Fraquet qui nous raconte des histoires de la Caisse. Tout va bien…/Les
chocolatiers. J’ai retrouvé le fameux chocolatier d’Herseaux. Il s’agit bien de
Marlier, mais ses chocolats sont vendus sous le nom de DE LÉAUCOUR. L’ouvrage
date de 1995, ce qui lui a largement laissé le temps de déménager…/(Vivre avec
son monde. Expression à trois sens desquels prévaut celui du « monde à soi »,
c’est-à-dire celui qui nous constitue et dont on est constitué. « Vivre avec son
monde » porte l’idée d’une ouverture, alors qu’en vérité, c’est un repli sur
soi…)/En fait, je me rends compte à la saisie que c’est « vivre avec son temps »
que je voulais dire ! D’où sort donc cette altération ? Quoiqu’il en soit, c’est
exactement la même chose…/Soleil et fraîcheur toujours…/Saisie directe, 14 h 00,
il pleut (j’allais dire : enfin !). Rien de particulier : week-end calme, à la
maison. Susan est dans la chambre de Paul à travailler, je viens de mettre à
jour mes archives./Je me demande même si je ne crains pas davantage la scène que
la radio. Ce qui, en fait, est assez normal dans la mesure où en musique
l’erreur ne pardonne pas./Francine m’apprend que Claudine se fait opérer
aujourd’hui ; que Jacques est bien rentré d’Afrique ; que le 29 juin, elle fête
son anniversaire à Gussignies, chez Dany…/Demain, 18 h 00, chez Jean, la séance
d’enregistrement…/Cette nuit, rêve puissant mettant en scène la petite blonde.
Étrange…/Demain, nous nous rendons à Bruxelles. Susan doit rejoindre une de ses
amies de l’Open Université ; elles passeront la journée ensemble à je ne sais
quelles réunions entrant dans le cadre de leur cours. Je ferai quelques
bouquinistes, tâcherai de voir une exposition ; ai vaguement prévu aussi de
retourner à la Bibliothèque Royale pour y reprendre nos recherches au sujet de
Morialmé. Il serait bon aussi que je prenne un bon calepin afin d’entreprendre
ce que je n’ai pas la moindre envie de faire maintenant : le rapport détaillé de
cette journée…/(le coup de fil de Francko d’hier me tracasse ; finalement, je ne
l’ai pas appelé. le ferai ce soir.)/(Je viens d’achever ma cigarette ; j’ai
l’intention d’en rallumer une ; ai l’intention de même de ne plus me restreindre
– ce qui n’ôtera pas la culpabilité et c’est bien là le problème !)/(J’ai
l’impression qu’il s’est efforcé de donner un tour intellectuel à l’interview,
tour qu’en général il n’adopte pas.) J’ai l’impression qu’il m’aime bien, que je
l’intéresse. Il m’a fait comprendre qu’il désirait continuer à recevoir les
publications (il n’a pas dit qu’il allait s’abonner)./(je suis à la recherche du
troisième adjectif qui vient de m’échapper, et le cherchant, mes idées
s’embrouillent et mon regard se pose sur le paquet de tabac qui va aider à
éclaircir tout cela et en même temps me mettre sens dessus dessous, première
cigarette sur une gueule de bois !)/(il serait peut-être bon que je reporte la
rédaction de ces lignes ; je ne suis décidément pas en forme !)./Dimanche soir
au téléphone, j’avais longuement parlé à Francko de ma position vis-à-vis de ce
groupe dont je fais partie, mes réticences, mon manque d’envie de me produire
devant un public (en-dehors du trac, bien sûr), le peu de plaisir que j’en
retirerais (ce qui allait en contradiction avec ce que j’avais ressenti et écrit
et dit il y a trois ans après le premier concert des Belles endormies où je
m’étais senti frustré de n’avoir pas eu davantage de part), mon envie d’en
arrêter là…/Hier, suis passé voir Martine à qui j’ai raconté le concert, la
radio. À qui j’ai tenté en vain de décrire l’état d’esprit dans lequel je me
trouvais depuis lundi soir. Un mot pourtant m’est apparu : conscience ; ou, plus
exactement, « prise de conscience » (un autre aussi : absence, soit l’état dans
lequel je me trouvais durant le concert)./Je me rends compte, au cours de ces
discussions, que je parle de moins en moins. J’y vois souvent de la répétition,
parfois de la stérilité (peut-être née de la répétition). J’aimerais, de toute
manière, que davantage de temps soit consacré aux langues proprement dites,
latin et grec en l’occurrence qui parfois me semblent ne plus être qu’un
prétexte à la réunion. Prendre le thé, discuter, et accessoirement s’occuper des
textes pour lesquels nous sommes là : c’est exactement ce qui s’est passé
hier…/Cours mou à Roman. La mollesse était mutuelle./Je n’ai toujours rien dit
de la courée, de la manifestation à laquelle Anne et Janusz participaient
vendredi soir…/De là, parlons de B***, elle qui me rapporte l’étrangeté de son
comportement ces derniers mois, lié à l’affaire Vladimir et aux obstacles
auxquels ils sont confrontés pour faire aboutir le projet. Me parle de la
transformation de son physique, et de son visage particulièrement. « Est-ce
qu’il ne boirait pas ? » Puis de ses emportements, coups de colère récents qui
l’avaient stupéfiée. Ce qui ne m’étonne en rien. Elle n’a pas eu de nouvelles de
lui depuis novembre, depuis qu’il lui avait raccroché au nez. Je pense à ce
moment-là que c’est depuis novembre que je le relance et que je n’ai pas de
réponse à mon « courrier ». Et qu’est-ce que j’attends pour l’appeler ou passer
le voir (il y a bien deux ans que nous ne nous sommes pas vus !) ?/Fatigue…/Ai
travaillé sur Rok III et enfin ai réussi à faire sauter quelques nœuds, dont
celui de la rencontre avec Terry../(de l’écriture entre le brut du journal et la
littérature ; je crois que mes problèmes actuels viennent en partie de là :
vouloir – inconsciemment – rédiger le journal en ayant en tête sa forme une fois
publiée, ce qui aboutit à un style bâtard (puisque je veux immédiatement obtenir
la forme aboutie sans me donner la peine et le temps de la réflexion), que j’ai
ensuite beaucoup de mal à corriger ; j’en arrive donc à un double travail, à un
double souci puisque de toute manière je corrigerai, remanierai)/Francko, Max,
Didier vantent la qualité musicale, la qualité de l’orchestration. Ce qui m’a
surpris, mais en même temps, je sais qu’il y a des réussites au niveau des
compositions, quelques très belles chansons…/Katia est décidément une femme
exquise… Du coup, face à cette absence de réaction générale (je m’attendais
aussi à un coup de fil de Francine), j’ai pensé que l’émission était un ratage,
qu’elle n’avait suscité que l’indifférence, voire l’ennui, et de là l’embarras
chez des auditeurs qui n’avaient oser décrocher le téléphone ou se mettre à leur
clavier. Tant pis… Il était 1 h 30 lorsque j’ai tout éteint. J’étais fatigué,
j’avais trop fumé (ma consommation accuse une augmentation assez alarmante !).
Je suis descendu préparer mon sac pour aujourd’hui et suis allé me coucher avec
dans la tête les pages que j’avais tapées, un certain 24 et 25 avril d’une année
passée où je commençais à préparer les lettres qui allaient constituer le livret
à V***. J’y mentionnais ce jour de septembre où, après quelques mois de «
séparation », je l’avais découverte le visage « arrondi ». J’ai beaucoup pensé à
elle avant de m’endormir en faisant des pronostics pour ce dimanche :
sera-t-elle à l’exposition de Det l’F pour célébrer les huit ans de « notre »
rencontre ?/qui ne me transmettait pas la voix de Francko qui ne pouvait faire
autrement que de m’appeler après l’émission pour me donner son avis. Il ne
pouvait en aller autrement. Et pourtant ça ne sonnait pas. Mais peut-être
n’était-il pas chez lui, ne l’avait donc pas entendu. Et je me suis demandé dans
quelle mesure ce n’était pas pire. Et peut-être l’avait-il oublié. Et m’est venu
en mémoire ce que m’avait dit Janusz mardi au sujet de Nuits Magnétiques où
serait passé Francko il y a quelques années, chose que j’ignorais totalement. Ou
alors, je l’ai su et l’ai oublié. Non, je ne l’aurais pas oublié. C’est donc
qu’il ne me l’avait pas dit, avait omis ou oublié de m’en faire part. Et
aujourd’hui il n’écoutait pas mon propre passage, ou s’il l’avait écouté, il ne
m’appelait pas pour me faire part de ses impressions alors qu’il savait qu’elles
étaient importantes pour moi, pour moi qui n’avais pas voulu m’écouter. De même,
j’ai consulté mon émail au cas où quelqu’un, Sébastien par exemple qui la veille
m’avait demandé de lui préciser le jour de la diffusion, m’aurait laissé un
message./Ça m’a blessé. J’ai joué encore quelques minutes avant de monter la
rejoindre. Elle lisait. Je me suis étendu à ses côtés et ai attendu. Elle
lisait. Alors, au bout d’un moment, j’ai dit : « You forgot. » Puis l’ai
embrassée/Avant la fin de l’année, je vais éditer un CD du Journal musical./Il
faut de même que je me lance dans une « campagne promotionnelle »… Hi hi./Quel
égarement ! Excusable dans la mesure où, à l’instar de la majorité de la
population, elle s’en tient à la parole médiatique, inexcusable dans la mesure
où c’est là faire preuve d’un manque total de discernement et d’un minimum de
réflexion. Et j’ai pensé à ce que j’avais entendu le midi à la radio dans le
service, appels des auditeurs (les auditeurs ont la parole !), dont l’un qui
dit, sans la moindre gêne ni la moindre honte, avoir voté extrême-droite avec
l’intention de voter gauche au second tour. On appelle ça vote de contestation,
je crois. Combien y a-t-il de ces sombres imbéciles dans le pays ? et combien y
en a-t-il de ceux qui n’ayant pas jugé « utile » de voter au premier tour vont
se précipiter aux urnes au second ? Et combien y en a-t-il qui confondent devoir
et droit ? et combien y en a-t-il qui, depuis des décennies assistent pépères à
l’installation et à la progression d’une idéologie dictatoriale, se croient
obligés aujourd’hui de se manifester et de manifester leur « mécontentement » –
à l’aide de feux de fortune et de canettes de bière ?/Que j’avais mal compris la
question d’Arnaud Laporte au sujet de l’extrait du journal et que je n’aurais
pas dû insister sur mon manque de foi, de conviction. Sur le coup, j’ai été
étonné, puis me suis souvenu qu’effectivement j’avais mal interprété sa question
(lui-même ayant mal interprété le passage) et qu’il y avait eu un peu trop
d’insistance de ma part à ce sujet./Je ne crois pas que ça ait une quelconque
importance, mais il est vrai que je ne voulais pas que ce point soit abordé. Il
l’a été et je n’ai pas su sinon l’éluder du moins l’écourter./Dans la matinée,
Susan a lu Rok III pendant que je dormais. Après le petit déjeuner, je l’ai lu
au soleil du jardin. Quelques légères corrections de sa part. Puis je suis monté
pour la préparation de l’épreuve définitive. J’y ai passé la journée. Dans
l’après-midi, Thierry m’a appelé pour me rappeler le passage des Piaf au bel
Ouvrage. Je ne l’avais pas oublié et j’avais prévu de m’y rendre au cas où
j’aurais eu fini (?!) mon travail sur Rok III. Finalement, je n’y suis pas allé
et c’est un bien car je n’ai pas terminé. Des choses à revoir, une relecture à
faire…/Ce n’est pourtant pas ces photos-là qu’il a montrées, alors que c’est
elles que j’attendais – pour quelle raison ? et qu’est-ce qui aurait justifié
une exposition de ces photos-là ?…/« Qu’est-ce que je fais, je la fume
maintenant, ou non ? » Il me reste une demi-heure avant la suivante, quatrième
du nom. C’est ce que je viens de dire à voix haute : « Qu’est-ce que je fais, je
la fume maintenant ou non ? » La suivante est programmée à 19 h 30. Je sais
qu’entre 17 h 00 et cette heure-là, il sera très facile de tenir : la route du
retour, le chien… n’ai-je donc rien d’autre à écrire ?/Pluie, froid. Trop de
froid. Susan hausse les épaules et sourit. « C’est la saison. » Non, ce n’est
pas la saison !/Petit tour sur le site de France-Culture où, dans la case
Multipistes, mon nom apparaît. Mais sans l’adresse du site ! Du coup, je ne vois
pas bien où est l’intérêt de cette émission au contenu vague où il est
impossible pour l’auditeur de me contacter directement ! À noter qu’il est
possible d’écouter les émissions via Internet…/Honte à moi ! Un émail de
Dominique C*** qui s’étonne de ne pas recevoir les journals. Stupéfaction de ma
part ; doublée lorsque je m’aperçois que si son nom figure bien sur l’écran, il
est absent de la liste imprimée que j’utilise pour les envois ! (Pour une raison
qui m’échappe, il me vouvoie alors que nous nous sommes rencontrés autour d’une
table de tarot chez Thierry et Patrick !)/Matins de plus en plus difficiles à
cause du tabac. Bouche irritée, poumons oppressés./Embarras intestinaux depuis
quelques jours. Du côté droit. Serait-ce ma queue de pancréas qui refait des
siennes ? (trop de chocolat ?)/Dans deux heures, je suis en congés pour dix
jours !/Je n’ai rien dit lorsque Susan a suggéré cet endroit. Pour une fois
(peut-être pour aller à l’encontre de la réputation de « grincheux » qui me suit
et qui ne fera que se confirmer après l’envoi de Rok III), je n’ai rien dit./(et
je songe à la première chose que j’ai vue de lui : une pièce de théâtre dont le
premier commentaire que j’ai fait, la première chose qui m’a sauté aux yeux,
c’est : quel dommage que ça ne soit pas réduit, épuré, travaillé !)/À
l’intérieur des murs tu entends le boum de notre eau fourchant à travers les
tuyaux vers un lointain fourneau dans une partie de la maison./V*** s’y
trouvait. Je ne me souviens plus des circonstances. Mais elle était extrêmement
présente, tant en durée que physiquement. Au départ, distante avec moi, voire
hostile. Puis, petit à petit, elle s’est rapprochée. J’ignore jusqu’à quel
point, je l’ai oublié. Elle y était plus âgée. Femme déjà./Drôle de rêve cette
nuit qui me laisse dans un drôle d’état ce matin. Susan. Passage très troublant
qui m’a mis mal à l’aise : un homme, je ne sais qui, inconnu sans doute, qui
effectuait des « travaux » sur sa peau. C’est tout ce que je peux en
dire.../Onze heures. Je termine ma dernière cigarette de la journée (Guérin en a
une aussi à la main sur la photo qui me fait face). Du fait que je vais me
réveiller à 3 h 30, Susan va dormir dans la chambre d’amis, Émilie et Yann
occupant celle de Joséphine. Elle vient de s’y rendre. Je vais la rejoindre dans
quelques minutes./Retour après une semaine d’absence. En me garant sur le
parking, j’ai eu l’impression que cela faisait des mois que j’étais parti. Comme
si c’était moi qui revenait d’Afrique, et l’état de légère fatigue dans lequel
je me trouve ne fait qu’accentuer cette impression.../(un Anglais, lorsqu’il
pisse, ne se soucie pas du bruit qu’il produit : le jet bien au centre du trou
qui résonne dans tout l’étage !)/Elle a un chemisier blanc dont le décolleté est
brodé et qui s’écarte toujours comme si le poids de ses seins était trop
important. Qui ne sont pourtant pas de taille excessive, mais peut-être un peu
disproportionnés par rapport à sa carrure, et peut-être est-elle un peu maigre :
c’est ce que laisse penser la vue de sa gorge et de ses côtes./Mes sandales
étaient méconnaissables sous la pellicule de boue séchée, mais elles étaient
intactes, avaient supporté ces quatre mois et demi dans la brousse. Je ne
l’aurais pas cru./Gênes pulmonaires ce matin. En me frottant la poitrine et en
pensant au PREVATT, je me suis dit qu’il serait quand même cocasse que demain,
après-demain, j’apprenne que j’ai un cancer.../Yann devait prendre l’Eurostar à
21 h 30 à Lille. Susan a proposé que nous mangio ns au restaurant. Sticky rice.
La Grande Muraille était fermée. Après avoir traversé Roubaix et Croix, avons
abouti à V. d’Ascq dans le restaurant thaïlandais devant lequel je passe chaque
jour, à Sart-Babylone (comment un quartier d’une ville du Nord de la France
peut-il s’appeler Babylone ?). C’est la première fois que je trouve un goût
différent dans un restaurant asiatique. Très bien. Malheureusement, nous n’avons
pas eu le temps de tester les desserts. Yann revient lundi. (Je rajoute à la
saisie : le saké, extraordinairement fort et bon, alors qu’ailleurs il est de la
liqueur pour touristes !)/Avec Annie et maman, nous parlions du guide de Barker
que j’avais traduit. J’ai été surpris d’apprendre que ni l’une ni l’autre n’en
possédait un exemplaire. Je leur avais promis de leur en procurer un. Je suis
passé ce midi chez Maxi-Livres : plus un seul exemplaire, comme je le craignais.
Ont-ils tous été vendus ou pilonnés ? (secrètement, je me plais à penser que je
suis un peu l’auteur de ce livre...)/Cigarette avec le café et le latin. Jusqu’à
13 h 35. Heure du café, pâtisserie. Longue discussion avec Pascal et Patrick (de
l’atelier de reproduction) au sujet d’Yves le témoin de Jéhovah, avec qui il
travaille : de l’histoire d’une famille déglinguée... Retour 14 h 15, reprise du
latin... Le ciel se couvre de plus en plus, il va pleuvoir de nouveau. Voilà qui
promet pour la fête que Baudouin et Claire organisent le 1er dans leur maison de
Seigneuville.../Une adolescente qui, l’alcool aidant, s’amuse avec un adulte. Ou
peut-être, d’une manière ou d’une autre (mais je ne vois pas en quoi),
était-elle impressionnée, et fascinée.../Ce matin, nous découvrons le panier
vide de ses trois chatons ! Où les a-t-elle transportés ? J’ai cherché dans
toute la maison. Où a-t-elle pu les cacher ? Sous la baignoire : Paul, Tom et
Gaëlle ont vu la chatte les y transporter un à un. Ils y sont toujours. Il y a
une paroi en façade de la baignoire. J’ai tâché de voir à l’intérieur. Rien.
Depuis je n’ai pas entendu le moindre son. Serait-il possible qu’ils soient
morts ?/Maman. Avec Annie que je suis passé chercher. Annie qui n’a toujours pas
de voiture (que fait Antoine ?). Je l’ai déposée, suis rentré. La maison était
vide. Susan allait rentrer une demi-heure plus tard, retour de chez Rita où
s’est déroulé je ne sais quel « événement ». Émilie et Yann, qui y étaient
aussi, sont rentrés plus tard. À temps pour ne pas voir ma mauvaise humeur, mon
énervement, que je ne m’explique guère !/Hénin-Beaumont, bar-tabac en face de
chez Tchiopère. J’attends l’heure de mon rendez-vous. Les habitués donnent leur
billet au chien de la maison qui va le porter à la caisse. Je me demande s’il
rapporte la monnaie.../mon devoir, simplement... Faire ses devoirs.../Il y a à
Babylone une place que j’ai traversée plusieurs mois durant sur le chemin du
retour du travail avant de trouver un meilleur itinéraire qui me permet
désormais d’éviter un feu. De cette place, avec son église propre et ses maisons
semi-bourgeoises, émane une douce sensation de quiétude. Il y a aussi un petit
café où je m’étais promis de m’arrêter un jour. Voilà, c’est fait, nous y
sommes, terrasse où je viens d’entamer Properce de Benda.../à moins qu’en quatre
mots je laisse une trace de la veille !...)/Je fume et je pense à la soirée de
samedi durant laquelle j’ai fumé deux cigarettes, deux alors qu’autour de moi
les uns et les autres fument et écrasent les cigarettes à la chaîne. Je les
regarde avec effarement, ne parvenant pas à croire qu’il y a peu de temps
encore, j’étais comme eux, leur ressemblais. Je tire, je pense, beaucoup de
satisfaction de ce changement, de cette transformation, de ce terrain gagné.
Voilà qui m’incite à continuer, à aller le plus loin possible dans mon
entreprise.../En vérité, je ne vais pas bien, mentalement, moralement,
intellectuellement (tous ces adverbes pour en dire un seul que je ne trouve pas
!). Cela fait un moment, sans que j’aie cherché à en faire état dans le journal.
À quoi est-ce lié ? à quoi puis-je l’imputer ? Le journal ? ma vie ? Comme une
amorce de dépression. Est-ce le confinement qui me pèse de plus en plus sans que
je m’en rende vraiment compte ? Non. C’est en-dehors de ça car c’est aussi bien
à la maison. Alors ?/Mes rencontres avec la petite blonde sont de plus en plus
singulières et, surtout, de plus en plus éprouvantes. Revenant de la cafétéria,
je me dirige vers la porte du sous-sol située face aux ascenseurs. Dont l’une
des portes s’ouvre. Elle en sort pour se diriger vers les compteurs à sa gauche.
Ce qu’elle fait en braquant son regard sur la cafétéria à sa droite, évitant
délibérément de rencontrer le mien. Obstinément fixé sur un point qu’elle ne
regardait pas, il était manifestement factice, calculé. Ce que je ne comprends
pas, c’est comment elle a eu la présence d’esprit et le temps de le corriger,
comme si elle avait su qu’elle allait me trouver là à l’ouverture de la porte ;
comme si dans l’ascenseur, son regard avait déjà été prêt, déjà braqué sur un
point à sa droite qu’elle savait ne pas avoir à regarder... Pas de bonjour, ni
de sa part ni de la mienne. Elle parce qu’elle avait décidé de ne pas me voir,
moi parce que j’ai été trop saisi par cette singularité de son
comportement./Long coup de fil de Francko qui me parle, entre autres choses, de
son projet de bal pour le mois d’octobre. C’était bien ce que m’avait dit
Sébastien, mais il y manquait, bien sûr, tous les détails qui, de la provocation
gratuite que le projet me semblait être – et qui m’avait mis en colère –, font
qu’il s’agit d’une authentique réflexion, et qui sonne un peu plus juste. Je
doute malgré tout de son réel intérêt. À suivre.../Non, en fait, ça s’est passé
différemment. Nous étions à l’Arbalète, il n’avait pas un sou, il m’avait
demandé de lui payer son repas. « Pas de problème. » « Je te rembourserai. Je
vais t’envoyer un chèque pour le repas plus trois ans d’abonnement. » J’avais
souri « d’accord » en étant persuadé de ne jamais rien recevoir. Mais quelques
jours plus tard, j’avais bien reçu le chèque promis.../Drôle de rêve qui m’a
réveillé ce matin dans lequel j’étais aux prises avec Francko, discussion
ambiguë, houleuse et tendue autour de l’argent, d’une crasse que je lui aurais
faite et dont il refusait de me révéler la nature. « C’est pas terrible », me
disait-il simplement en grinçant des dents. Ce à quoi je lui ai dit : « Tu sais,
toi aussi tu m’as fait des choses pas terribles, et pourtant je n’ai jamais rien
dit, les ai toujours tues. Et sais-tu pourquoi je les ai tues ? » Et il ne
répondait pas. J’attendais qu’il dise : « Non, pourquoi ? » Mais il ne le disait
pas, et j’attendais qu’il le dise, voulais qu’il le dise, et je répétais : « Et
tu sais pourquoi ? » Mais il ne disait rien, restait enfermé dans un silence
fait de reproche et de vague mépris. C’est là-dessus que je me suis
réveillé.../Recherche d’une « solution » au journal par l’utilisation
d’Internet. Je cherche. Ai exploité diverses possibilités dont aucune ne me
satisfait. (Une note de bas de page est-elle de l’hyper texte ?)/Hier,
après-midi passée chez maman en l’honneur de la fête des Mères. Annie,
Jean-Michel. Gâteau, café, puis petits pains. Maman nous raconte ses déboires
avec l’infirmier et le médecin, l’infirmier qu’elle louait jusqu’alors et qui,
dernièrement, lundi dernier précisément (il passe une heure avec elle tous les
lundis après-midis), aurait eu des propos déplacés, fait des allusions quant à
son état mental./Mes doutes quant à l’intérêt de l’entreprise de Jacques dans
laquelle, malgré lui car il est sans calcul, il fait figure du blanc colon, car
ont-ils besoin de lui ? sont-ils à ce point pauvres qu’ils aient besoin de
l’aide d’un occidental ? C’est ce que j’avais dit en plaisantant à Cyril alors
que nous regardions les images de la vidéo prises par Jacques dans le village.
Ils sont sans doute pauvres, mais loin d’être dans la misère : ont-ils vraiment
besoin de lui, et d’un Blanc de surcroît auquel ils ne comprennent rien ? J’en
ai parlé à Susan lors du repas, qui est d’accord avec moi, qui a eu la même
réaction, qui dit qu’il y a sans doute des choses beaucoup plus importantes dans
le monde auxquelles un homme comme Jacques, s’il veut véritablement apporter son
soutien, pourraient se consacrer./Tant que j’y pense, un émail de Luc il y a
quelques minutes : le site qu’il vient de créer et qui me laisse assez interdit
car je m’aperçois que je ne le connaissais pas, ou du moins je ne connaissais
pas ce qu’il faisait, ce qu’il était en réalité. Si j’ai bien compris, il crée
des images virtuelles en 3D dont la destination, je pense, serait la
commercialisation. Objets divers à tendance fantastiques, très léchés,
perfections de la définition et des couleurs. Irréalité. Une espèce de
perfection de l’irréel qui, au bout du compte, est assez glacée. C’est trop
beau…/Janusz est en train de potasser l’histoire de l’art en vue d’un « examen »
qu’il devra passer pour enseigner à l’ARIAP ! Cet examen concerne des centaines
de personnes telles que lui qui enseignent, en tant qu’artistes, dans des
cellules municipales fréquentées par des particuliers. À quoi donc sert cet
examen absurde ?.../Passé chez Verbeke prendre les livres de mai. Parfait.
Jusqu’à ce que je m’installe pour coller les plans, moment où je m’aperçois que
le rainurage n’est pas fait sur la quatrième de couverture et que le dos n’est
donc pas collé, du moins imparfaitement, en fin de volume. L’un des livrets a
même perdu sa dernière page ! Mais je crois que ça tiendra malgré tout. J’ai
essayé de casser quelques exemplaires pris au hasard ; n’y suis pas parvenu. Il
n’empêche, encore une imperfection. Ça n’en finira donc jamais... J’ai préparé
les enveloppes, collé les plans (la première opération, ici même, au boulot, ce
matin ; la seconde, hier soir). Cette après-midi, je dédicacerai et mettrai sous
enveloppe./Je fume ma seconde cigarette. En toute logique, cette semaine devrait
être celle de la tranche trois heures quinze. Je vais m’efforcer de l’appliquer,
mais j’ai bien envie d’en rester à trois heures durant un temps. Ce week-end a
été marqué par quelques défaillances de ma part, légères entorses en cours de
journée qui, toutefois, n’ont pas fait augmenter ma consommation journalière.
Six samedi (mais la première a été fumée à 7 h 30), cinq dimanche, cinq hier.
D’un autre côté, il s’agissait de circonstances particulières, voire
exceptionnelles et à ce titre, me suis payé quelques petits « plaisirs ». Et
puis, je reconnais que parfois il y a eu une légère tension en moi, n’ayant pas
toujours su comment me comporter. Nous ne sommes pas suffisamment proches pour
être totalement à l’aise et plus d’une fois je me suis demandé s’ils se
sentaient bien, si eux-mêmes étaient à l’aise, s’ils ne s’ennuyaient pas. Je
n’ai pas toujours su comment interpréter les silences entre nous, notamment avec
Max que je pensais être quelqu’un de loquace et qui durant ces trois jours a peu
parlé. Mais Susan me dit que je me trompe, que Max n’est pas quelqu’un de bavard
et tous deux se sont déclarés enchantés de ces trois jours, et je les
crois./J’en suis à trois heures vingt-cinq cette semaine. Hier entorse, de
celles qui me font penser que je n’irai pas jusqu’au bout. Première cigarette à
9 h 15, la seconde devant être à 13 h 10. À cette heure-là, j’étais chez Hervé
sans mon tabac, que de toute manière, je n’aurais pas utilisé puisque c’était
l’heure de partir. Je suis rentré à 13 h 35. C’était l’heure du café. Ce qui
fait (j’aurais très bien pu la fumer à ce moment-là, mais je voulais la réserver
à l’écriture ou à la lecture) que je n’ai allumé la seconde qu’à 14 h 05 ; pour
l’éteindre à 14 h 30. Ce qui portait donc la suivante à 17 h 55. Je suis rentré
à 17 h 45, j’ai sorti le chien. Il était 18 h 05 lorsque je suis revenu, moment
où Susan est rentrée, moment où nous avons décidé de manger. Ce qui fait que ma
troisième cigarette a été repoussée et a été allumée à 18 h 45. Troisième que
j’ai écrasée à 19 h 05, portant donc la suivante, quatrième, à 22 h 30. Que j’ai
allumée et fumée à l’heure (en parlant au téléphone avec Lionel, ce qui m’a fait
un effet étrange car il ne m’est pas arrivé de fumer en téléphonant ou de
téléphoner en fumant depuis des années, chose qu’auparavant il m’était
strictement impossible de faire : téléphoner sans fumer). Que j’ai écrasée à 22
h 50, ce qui portait la cinquième à 2 h 15. Comme je me couche généralement vers
2 h 00, du moins les jours de travail, il y avait toutes les chances que cette
quatrième fût la dernière. Pourtant, si je considérais cette journée selon un
découpage régulier, soit chaque cigarette allumée et consumée en temps et en
heure, j’aurais dû en fumer cinq. J’en étais à 4. Que faire ? M’en contenter,
m’en réjouir ? Attendre 2 h 15 pour l’allumage de la cinquième ? Non. Je n’ai
pas attendu et l’ai allumée à 1 h 15. Ainsi, je me trouve face à ce drôle de cas
de conscience : il n’y a pas d’infraction dans la mesure où le nombre total est
respecté, mais il y en a une dans la mesure où j’ai enfreint la règle première.
Qu’est-ce que je dois penser de tout cela ?.../la mention de ma précédente
visite ; c’était en janvier 1997…/Jenny fait des crises d’épilepsie, son père va
mal, sa mère, devant supporter les deux, ce que du reste elle fait avec une
énergie et un stoïcisme extraordinaires depuis trente ans, n’en peut plus. Susan
est très inquiète. Elle pense y aller pour une période indéterminée, alors
qu’elle avait prévu de passer les semaines qui viennent à achever son projet de
dernière année dans le cadre de son M.A. Elle est accablée, s’inquiète de plus
en plus pour ses problèmes de toux qui ne sont en rien arrangés. Elle est
fatiguée, va mal./Pas de nouvelles de Bruno. Je me demande si je dois me
manifester ou non. Il reste deux mois, encore qu’aucune date ne soit fixée et
que j’aie toujours la possibilité de me rétracter ou de repousser l’échéance…
(Ai-je envie de faire cette lecture ?)/Paul et ses amis, de sortie à Lille,
n’étaient pas encore rentrés. Une fois au lit, j’ai repris la lecture des
Animaux dénaturés durant une demi-heure. Puis me suis assoupi. Ce matin, ai
glissé dans mon sac Les Météores que j’avais provisoirement mis de côté pour
m’attacher à la lecture des Enfants du mirage. Qui me lasse un peu. Ai lu
quelques pages des Météores ce matin. Sans grand succès. Me suis aperçu qu’en
fait je n’avais guère la tête à la lecture…/Susan a proposé que nous recevions
la famille ce soir. Je ne suis pas sûr que ça soit une bonne idée…/Elle part
pour l’Angleterre lundi au plus tard…/Je remarque après coup qu’à aucun moment,
lorsque je me trouve avec de jeunes gens, je ne pense à mon âge, donc à un
décalage entre eux et moi. (Voir la réflexion de Lynn à la soirée des
fiançailles.) Je crois que je commencerai à vieillir le jour où je sentirai ce
décalage, ou du moins lorsqu’il influera sur mon comportement…/Ai reçu un émail
de Bruno (en ai-je parlé ?) qui me parle de l’épisode de la charcuterie dans Rok
V qui l’a « touché ». Il y voit, si j’ai bien saisi sa pensée, un habile
compromis entre la fiction et le journal. Très intéressant. Il faudra que nous
en parlions…/Il ne dit rien de la conférence et je ne sais toujours que faire.
La faire ou non ? Dois-je commencer à y travailler ? Je vais attendre la fin du
mois et vais certainement lui proposer octobre plutôt que septembre : il y aura
un concert et l’exposition de Francko à Cologne, qui, tous deux, pour l’heure,
n’ont aucune date. Je ne voudrais surtout pas louper l’expo de Francko…/Susan
avait un billet pour ce matin. Elle est un peu souffrante, ses parents lui ont
conseillé de reporter son séjour (mais davantage pour eux que pour elle-même :
il n’est pas recommandé en ce moment de laisser entrer des microbes chez eux ;
n’exagèrent-ils pas un peu ?). Je pense que Susan n’est pas trop fâchée de
rester…/Parler du comportement pour le moins singulier de la chatte noire…/J’ai
l’impression de ne pas avoir mis les pieds ici depuis quinze jours. Très
étrange. Peut-être est-ce dû au fait que je n’ai pas bougé de la maison durant
ces trois jours, trois jours qui, en outre, ont vu un certain bouleversement
dans mes habitues du fait de l’arrivée de Paul et de la présence de Dimitrios et
de Sarah./Soirée passée avec Francko hier, qui m’invite au restaurant. Qui
mérite un développement, que je vais sans doute reporter du fait de mon état que
je qualifierais d’un peu vaseux…/Francko en a profité pour remettre à Cyril les
imprimés de pochette pour son CD, travail dont, il y a quelques mois, je devais
me charger et qu’il a finalement confié à Francko (j’ignore pourquoi ce
revirement de sa part). C’est ainsi que j’apprends que tout le matériel existe
pour la confection à la fois des pochettes et du macaron pour le CD lui-même.
Bonne chose. Nous prenons quelques verres/J’allais oublier l’horloge ; ou, du
moins, j’avais oublié de la mentionner dans la chronologie./(étalonneur,
Francine, le sourire de Francko, de joie, de fierté, de jubilation !)/Ma mère,
hier. Ni bien ni mal, mais ses difficultés à se concentrer, à parler parfois
m’inquiètent beaucoup. J’ai passé un bon moment au jardin à tailler le
prunier./J’ai travaillé hier soir à la suite de la transcription des partitions,
Marie, dernière partie. Vers minuit et demi, suis descendu chercher une
cigarette. Je tombe sur Paul qui venait de rentrer de Picardie où il a passé
deux jours avec son père. Il me parle de son projet de mettre en réseau tous les
ordinateurs, d’installer l’ADSL en co-location avec le voisin, de son site, de
la nécessité impérieuse de télécharger des centaines de photos stockées à
Reading (d’où l’ADSL). C’est comme cela que j’apprends que ces fameuses photos
et son site que je pensais être en liaison avec son travail sur les robots
étaient en fait une sorte de constitution d’album de famille. Bref, il voudrait
que nous déboursions 2 000 F pour qu’il puisse s’amuser avec les photos de ses
copains. « Toutes les photos seraient mon site, comme ça tous mes copains
pourraient y avoir accès. » (En fait, il dit « amis » et non « copains », mais
c’est bien « amis » dans le sens de « copains » – et en cela il doit appliquer
le mot « friends » qui n’a pas le sens restrictif d’ « amis » – et à l’écrit ce
sous-sens ne me semble pas apparaître…) Il n’empêche que ce n’est pas une
mauvaise idée./Parlant de déplaisir, la répétition d’hier, première et dernière
avant le concert de samedi. Deux mois que nous n’avions pas joué ! C’était assez
lamentable (je ne me tire pas du lot). Ce manque flagrant de rigueur m’agace et
me reviennent des velléités de départ. Je me demande si ce n’est pas simplement
une question de courage, et donc de lâcheté : il serait plus facile d’acquiescer
et de poursuivre mollement et presqu’à contre-cœur que de dire franchement à
Thierry que je désire arrêter. C’est bien de la lâcheté…/Pas la moindre envie
d’écrire et en même temps le devoir de raconter la soirée avec Anne, Janusz et
Serge. Au fait, Anne et Janusz ont désormais une adresse émail…/Que puis-je
ajouter ? St Jospeh, Juliette particulièrement réussi./Je poursuis
scrupuleusement la constitution de l’intégrale. Je n’ai encore rien fait pour
Rok VI. J’ai l’impression que ce sera reporté en septembre avec Albena (pour
lequel je vais sans doute adopter le format du livret de La
Collection)./Anniversaire de ma mère aujourd’hui. Je me suis demandé si je
n’allais pas y aller faire un saut dans l’après-midi. Je l’ai appelée vers midi
; elle était au plus mal. J’ai eu Annie ensuite dans l’après-midi, puis ma mère
de nouveau qui allait mieux. En définitive, je n’ai pas bougé de la journée./Le
problème, c’est qu’il ne peut pas expliquer la panne et ça peut très bien se
reproduire à n’importe quel moment sans que je puisse y faire quoi que ce soit.
Je sais au moins que ce n’est pas irrémédiable (je me disais sur la route de la
déchetterie que si réellement c’était foutu, j’irais aussitôt m’acheter un
laptop avec mes sous)./Je n’arrive pas à me mettre à Rok VI. J’y ai jeté un œil
avant-hier, ça me semble complètement idiot, sans intérêt. (Un point, tant que
j’y pense : récemment, Max m’a dit qu’il attendait avec impatience le récit de
notre séjour en Angleterre avec eux ; ça me bloque complètement ; à présent, je
me sens obligé de développer, d’étoffer ; de faire un récit à partir de ce qui
n’est que des notes…)/Anne m’a envoyé un émail pour me dire qu’elle avait
beaucoup aimé le passage de la charcuterie. Ça ne me stimule pas pour autant./13
h 00. Je suis allé me renseigner pour le train : il s’arrête bien à Lyon. Alors,
j’ai appelé Bernard qui m’a appris qu’ils ne partaient pas en vacances et qu’ils
avaient l’intention de passer tout leur mois d’août à refaire leur appartement,
et, de ce fait, qu’il leur serait assez difficile de nous recevoir et même de
participer à des sorties. Il avait l’air gêné, et ça m’a fichu un coup, jusqu’au
moment où j’ai compris qu’il pensait qu’il s’agissait de ce mois-ci, soit notre
arrivée demain ou après-demain. Du coup, ç’a été un petit peu mieux, mais
quelque chose tout de même est resté en suspension et lorsque j’ai raccroché, je
me suis exclamé : « Mais qu’est-ce que je vais aller faire là-bas ? » comme si
j’avais senti que je n’étais pas tout à fait le bienvenu. Quoi qu’il en soit, je
lui ai dit d’en parler à Hélène et que je rappellerai ce soir. Voici comment les
choses se présenteraient : je prends un billet aller et retour Lille-Lyon, nous
descendons à Lyon, allons à l’hôtel, puis vous repartiriez le lendemain ou le
surlendemain pour Valence et nous reprendrions le même train pour le retour./Il
est minuit, il fait tout aussi chaud qu’hier. J’ai reporté quelques notes à
Albena. Et me voici à la saisie de ce que j’ai écrit dans la journée. J’ai reçu
un exemplaire de vieuxlille.fr, la publication, premier numéro, qu’a créée André
et pour laquelle il voudrait que je lui écrive quelque chose. Je me vois mal
là-dedans, mais je me vois mal aussi refuser alors que je lui ai écrit que ça
m’intéresserait (avant réception du truc, bien sûr). Que vais-je faire ?…/Je
suis sorti à 18 h 30, suis passé à Match Mercure faire les courses, plutôt qu’à
midi puisque j’avais du frais à acheter, encore que je le regrette car à cette
heure-là il y avait un monde fou. Ce qui fait que je suis rentré à 19 h 30.
Déballage et rangement des courses, épluchage de pommes de terre et préparation
de deux salades, puis, tandis que les pommes de terre cuisaient, j’ai sorti le
chien. Au retour, j’ai appelé Paul et nous avons mangé tout cela avec les deux
steaks qui restaient d’hier. Histoire de me remonter un peu le moral, j’avais
acheté deux glaces Dagniaux : l’une à la chicorée, l’autre au pain d’épice. Nous
nous sommes régalés…/En fin de repas, ma mère a appelé. Horrible. Elle pleurait,
gémissait ; j’étais incapable de sortir le moindre son de ma bouche. J’étais là
à finir ma glace, avec l’appareil à l’oreille qui me transmettait des pleurs,
des gémissements, des plaintes auxquels je ne pouvais rien, auxquels je ne
parvenais pas à accorder la moindre crédibilité, comme s’il s’agissait d’un jeu
dont j’aurais été le participant, ou d’un film, ou d’un rêve. Je suis
parfaitement incapable de dire ce que j’ai ressenti, et si même j’ai ressenti
quoi que ce soit…/Paul a fait la vaisselle, est monté poursuivre son travail. Il
m’en a parlé durant le repas ; il n’a pas l’air très confiant. Prévoit déjà de
l’envoyer avec un jour de retard. Je ne l’ai pas vu depuis. Pour ma part, j’ai
passé un coup de fil à Bernard. Répondeur. J’ai dit que je rappellerai (il
m’avait pourtant juré qu’il ne bougerait pas de la soirée)./Je crois que c’est
tout. Je vais achever de mettre à jour les journals et je vais aller me coucher.
Je t’embrasse. À demain…/Combien de temps comptes-tu rester ? Si Andrew et
Caroline débarquent la semaine prochaine, je ne vois pas l’utilité pour toi de
rester (à moins de complications avec ton père, bien sûr) et je ne me vois pas
te rejoindre là-bas dans dix ou quinze jours : ne crois-tu pas que tes parents
auront vu assez de monde comme ça ? Mais nous en reparlerons certainement (je
vais continuer à envoyer les émails, même si tu ne peux pas les lire avant ton
retour)…/Au courrier, une procuration pour Yann et, en même temps, un mot de la
mairie qui m’informe que je ne pourrais utiliser les deux procurations du fait
que je ne suis pas inscrit sur la liste électorale de Roubaix. J’ai aussitôt
appelé le Bureau des Élections qui m’apprend qu’en effet je n’étais pas inscrit
et qu’en outre, il était impossible de voter pour Paul et Yann ! Qu’est-ce qu’a
à voir le fait que je ne sois pas inscrit puisque ce n’est pas moi qui vote mais
eux ? Cette aberration m’a mis hors de moi ! /Ils, c’est beaucoup de monde.
Combien ? trente ? quarante ? Non, pas tant, une vingtaine (mais peut-être
trente avec les enfants)…/Mouvement amical, quoique sensuel ; peut-être
maternel. Mais pas comme un signe d’approche, d’appel. Du coup, je me sens
obligé de marquer quelques admirables points qui augmentent encore ma cote
auprès de ces dames./(les Ardennes ne sont pas loin pourtant dont l’endroit
pourrait être le contrefort)/« She’s gone. There are seven of them ! » « Seven ?
»/(Mais en fait tout ne m’est pas revenu : je me souviens du restaurant, c’est
tout. J’ai complètement oublié Françoise et tout le reste. Mais je me souviens
aussi que c’était en pleine période V*** et que je suis reparti au petit matin
comme un zombie. Je crois aussi que Françoise se trompe : ce n’était pas notre
première rencontre. Notre première rencontre a eu lieu chez Francko, un soir,
soirée où elle nous avait tous invités chez elle deux jours après…/(et à sa cote
de popularité qui, déjà pas très forte, en prendrait un sérieux coup !)/J’ai
travaillé à Rok V toute l’après-midi. Après le repas, nous avons regardé la
suite du documentaire sur le nazisme ; j’ai été frappé par les passages en
couleur qui curieusement réduisent le temps, rapprochent les faits d’aujourd’hui
; les actualisent, en quelque sorte. (Leur confèrent une réalité que souvent et
de plus en plus le noir et blanc interdit). Au fait, le problème de
compréhension de la radio anglaise. Susan explique cela par le fait que ce que
j’écoute sur mon poste, BBC World Service, est spécialement destinée aux
étrangers et que l’anglais y est choisi, le débit contrôlé pour une meilleure
compréhension. Je suis sûr que ça n’explique pas tout (quoique…). Il faudrait
que je capte BBC Four./21 h 00. Pas moyen de faire bouger Trixie du bureau. Et
dehors, des pétards (mais est-ce des pétards ?) qui claquent régulièrement,
venant de je ne sais où, lancés par je ne sais qui...!/Je n’ai absolument rien
fait dans le sens de la conférence !)./(Mon ordinateur est plein à ras-bord. Je
ne sais plus quoi retirer. Je crois qu’en définitive un nouveau ne sera pas tout
à fait inutile...)/Avons mangé le tiramisu, excellent, je dois le
reconnaître./Est même quasi inexistant !/dans un restaurant nommé Les Palmes/ai
repoussé le chien qui était sur le point de se frotter à mon pantalon./Toutes
les enveloppes sont prêtes./Je crois que c’est avant tout la mention de ce
restaurant qui m’a incité à y aller./Endroit marcquois par excellence./sans
dessert ni café/Deux cigarettes pour me calmer, j’en étais à sept./Vite,
regagner au plus vite le bouchon ; au moins je n’y aurais pas été seul. Retour
vers la route pour Péronne. Le bouchon n’est plus. Devant moi, un Anglais qui
tout à coup freine et se déporte sur la gauche : devant nous, une nappe de
nouveau, de belles dimensions./Je me trouve dans la cuisine./où nous avons passé
la journée/de la petite pièce d’archives juste à côté pour regagner son
service/Échangeons rapidement nos expériences communes./Alors, je le fais le
plus vite possible sans pour cela que cela soit de la précipitation, sans que
cela passe, pour un regard extérieur, pour de la précipitation. Je marche vite,
mais avec désinvolture et aisance, ou du moins quelque chose qui, pour un regard
extérieur, puisse passer pour de la désinvolture et de l’aisance…/comme
convenu/ça m’a vraiment fichu la trouille)/(les ont-ils lavés au préalable ?)/à
dix minutes à pied à peine/durant une seconde, j’ai eu la vision d’une boulette
empoisonnée que je jetterais par-dessus le mur)/puis Brigitte qui me remercie/Du
temps a passé./(en fait, je désirais un petit pain au chocolat, mais il n’y en
avait plus)/Il est 1 h 00 du matin, nous venons de rentrer de Gussignies, et il
me prend l’envie d’une petite fantaisie avec une cigarette et un café…/(avec
très loin au fond de moi comme un soupir de soulagement)/Qu’est-ce qui fait que
nous nous retrouvions de plus en plus souvent ensemble, ou, pour être plus
exact, car nous sommes les derniers, les benjamins en quelque sorte, les
derniers à être entrés dans un groupe qui se fréquente depuis longtemps, groupe
dont la porte d’entrée est Francko, qu’est-ce qui fait que Susan et moi nous
nous retrouvions de plus en plus souvent avec eux ?/ou bien, justement, ça ne
lui est pas venu à l’idée/Je ne répondrais pas à la question. Je n’en vois pas
le sens à ce moment précis, comme je n’en ai pas vu le sens à ce moment-là. Il
m’importait peu de définir, de circonscrire, d’analyser les liens qui
m’unissaient à ceux avec qui je me trouvais, les raisons qui faisaient que je me
trouvais là. Les circonstances, les parcours ont fait que certains êtres sont
arrivés pour prendre la place d’autres qui, dès lors, ont été mis sur le côté et
que c’est avec ces êtres-là que je suis à présent, que je suis heureux de voir,
de retrouver, avec qui j’étais heureux de me retrouver dimanche./les foutre dans
la cour, le chien y compris…/J’ai passé une assez mauvaise nuit, notamment à
cause de ces piqûres aux jambes et de mes crampes estivales. Thierry et Patrick
disent que ce sont des piqûres d’insectes. Mais j’en ai une centaine sur les
deux jambes ! Je me suis réveillé à 9 h 30. Je suis allé acheter une baguette,
ai pris mon petit déjeuner, ai sorti Trixie, ai mis tous les chats dehors (mais
pour retrouver la chatte grise et l’un des chatons à l’intérieur qui est entré
je ne sais comment), ai laissé un mot à Paul, suis parti pour arriver ici à 10 h
30. Le temps d’enlever ma veste, de m’installer à ce bureau et de t’écrire, il
est 11 h 10…/Je suis épuisé. Me suis encore réveillé en retard ce matin, de très
mauvaise humeur : la vision des chats, le chien à sortir, et surtout l’idée de
ton ordinateur en pièces et l’insouciance de ton fils qui est tout de même d’une
irresponsabilité rare. Je ne sais s’il faut l’excuser ou non…/Je me traîne
depuis ce matin. J’ai imprimé cette nuit le voyage en Angleterre avec Max et
Dany qui sera le gros de ce numéro, mais pas moyen de m’y mettre. De même pour
le texte de la braderie. Actually, I think I’m really fed up…/Je crois que le
mieux serait tout de même que tu rentres…/Maintenant, je doute fort que ça
l’intéresse… Que te dire ?/Je suis rentré à 18 h 00, j’ai préparé le repas
(carottes, aubergines à la vapeur, steak haché, Danette au chocolat), ai sorti
Trixie. Puis ai poursuivi The Suicide Club en buvant mon café et en fumant une
cigarette. C’est à ce moment-là que tu as appelé. Puis je suis monté faire mes
comptes bancaires. Au moins de ce côté-là, tout va bien…/9 h 15. Je viens
d’arriver. Il fait beau. C’est ma dernière journée, et je n’en suis pas plus
content que ça. Je vais terminer The Suicide Club qui, en définitive, est assez
lourd et quelconque. Et, autant que je puisse vraiment en juger, assez mal
écrit…/Saisie directe, aux environs de 22 h 00. Je suis rentré, ai sorti le
chien. Ai poursuivi la lecture des Trois oranges au jardin avec une cigarette.
Lettres de Meyerhold (si j’ai bien compris) écrites lors de la révolution russe
en 1917. Puis retour au narratif, au romanesque, si tant est que le terme «
roman » en couverture soit justifié. Il s’agirait d’une biographie romancée.
Peut-être. Je lis toujours, sentant, bizarrement, l’intérêt émerger.
J’attends…/J’ai préparé vite fait le repas, reste de courgettes – ou
d’aubergines ? je ne parviendrai jamais à faire la différence ! – réchauffé dans
la sauce du second steak haché ; des endives pour accompagner, et un verre de
Vacqueyras, le vin dont m’avait parlé Francko et dont j’ai acheté une bouteille
chez Match. Pas mal, très prometteur. Puis café, cigarette, dans le séjour avec
la suite des Trois oranges auquel je commence franchement à m’attacher. C’est
tout. Je suis monté et me voilà… J’attends toujours ton coup de fil. J’ai
l’impression que ce n’est pas encore ce week-end que tu rentreras. Tant
pis…/Incroyable, je ne suis pas arrivé en retard. À noter : toutes les trois au
pas de la porte lorsque je l’ai ouverte (mais qui attendaient-elles , toi ou moi
?)…/Ce soir, je passe chez Brigitte et Lionel. Je demanderai des renseignements
à Brigitte./un coup de fil ou simplement d’attendre le lundi pour régulariser,
soit prendre une journée sur mes congés. Nous étions donc partis pour deux
jours, mais chacun avec l’intention de rentrer de bonne heure, lui pour
travailler, moi pour préparer un tiramisu avant de libérer la maison afin que
Paul puisse tranquillement recevoir ses amis durant la soirée et la nuit. Il
était prévu que nous passions, Susan et moi, la nuit dans un hôtel à la
mer…/J’ai passé une heure sur Internet à tâcher de trouver des chambres pour
notre voyage à Venise fin octobre. Un mois et demi à l’avance. Je ne pensais pas
m’y prendre si tôt. Mais hier, en arrivant chez Max et Dany, nous avons appris
par Francko que tout était presque complet pour cette période, notamment la nuit
du samedi au dimanche ; il a lui-même eu beaucoup de mal à se trouver trois
nuits d’affilée dans un même hôtel. Du coup, panique générale dans la maison.
Nous étions presque tous concernés : Patrick et Brigitte, Didier et Fabienne,
Max et Dany (pas Anne et Janusz qui étaient conviés et ne peuvent venir ; ni
Françoise, encore que je ne sache pas si elle a été conviée ou non, mais je
présume que oui car il ne me paraît pas pensable que l’on ait pu parler d’un
voyage collectif en présence de personnes qui n’y auraient pas été conviés, bien
que ce fût le cas pour Wanda qui n’était au courant de rien, qui, et c’était
assez étrange et un peu malsain (incommode ?), a posé des questions en ce sens,
questions auxquelles personne n’a véritablement répondu). Alors, aussitôt
rentrés, je me suis jeté sur l’écran pour aussitôt contacter le Reiter qui,
comme Francko me l’avait dit, ne pouvait fournir que des chambres les deux
premières nuits. Que j’ai aussitôt réservées. Est trouvée la troisième au Villa
Parco, au Lido. Puis, puisque nous avions décidé, notamment pour Max et Dany qui
sont en panne suite à un virus, que nous fassions une recherche collective, me
suis mis à chercher d’autres chambres dans d’autres hôtels. Francko avait raison
: je n’ai rien trouvé d’autre à moins de 150 €. À six heures, suis allé me
coucher, en me promettant dès le lever d’avertir les autres en ce qui concernait
le Reiter et le Villa Parco où il restait encore des chambres. Dany m’a appelé
qui m’a renvoyé à Brigitte qui avait trouvé quatre chambres dans un même
établissement près de la place San Marco. J’ai eu Brigitte aussitôt après qui
m’a parlé de cet établissement à 110 € sans salle de bains. J’ai aussitôt pensé
à ces fameux allogimenti de l’année dernière auxquels j’avais renoncé de peur de
tomber sur un lieu semblable à celui de Dublin. J’en ai parlé à Brigitte, lui ai
donné les adresses du Reiter et du Villa Parco. Ai laissé un message chez Didier
et Fabienne, puis suis parti voir maman. Au retour, coup de fil de Brigitte qui
n’a trouvé qu’une chambre au Reiter et qui, avec l’accord de Didier, Fabienne,
Max et Dany, a réservé trois chambres dans cet établissement…/(La mort du père
de Michel… Je lui envoie un mot de condoléances…)/Minuit : coup de fil de
Francine. Nous avons longuement parlé de Francko et du coup de Cologne. Aux
dernières nouvelles, il abandonnerait toute idée de vitrine et ne présenterait
que l’alambic dans le bordel. Ce qui ne me semble pas une bonne idée. Juste
après, j’ai reçu un émail de Francko qui me donne des « nouvelles du front »
[sic], soit la présentation de l’exposition. Je ne sais qu’en penser, je ne sais
comment lui répondre…/Puis : « Mais c’est vrai que je me disais : où est Guy
Grudzien ? »… C’est vrai : où est-il ?/Je me suis dit il y a dix minutes, en
considérant le calendrier que le dernier numéro de Rok paraîtra en février.
Est-ce là l’occasion, le prétexte à un passage à autre chose ? (Mais quoi
?)/constitution de petits clans selon le placement, moi entre Brigitte et
Fabienne/(Mais la machine qui tombe en panne et m’oblige à y retourner
demain…)/Je préférais la première, mais en même temps m’en fichais complètement
; seul importait d’avoir l’une de ces toiles, toiles de Det l’F qui, toutes, de
toute manière, étaient magnifiques./Je me suis surpris, tout à l’heure, avec
Paul, dans la cuisine, à un comportement un peu odieux. Que j’ai réussi à
rattraper au dernier moment. Je ne sais s’il a été dupe ou non. Étrange.
Étrangeté des ressorts en moi (nous ?) qui parfois nous mènent sans qu’on le
veuille, sans même que l’on s’en rende compte. Cela vaudrait-il la peine d’en
entamer l’analyse ?/Hier, Roman m’a ému./Tension extrême, d’autant que nous
devions achever la traduction et que l’un des collègues de Susan qui déménage,
part pour Nice pour y vivre, devait arriver dans la soirée alors que Susan
revoyait les dernières corrections. En anglais (la discussion), alors qu’il
parle très bien le français. J’étais très à l’aise, me suis très bien
débrouillé. Ça m’a remonté le moral. Puis Susan et moi avons interverti les
rôles, elle dans la cuisine, moi face à son écran. Après, je n’ai plus eu le
courage de grand-chose. Suis monté envoyer une photo pour l’anniversaire de
Janusz, suis redescendu fumer une dernière cigarette devant la télé avec Paul
qui regardait une émission sur les rapports parents/enfants (plus exactement, il
s’agissait d’enfants mâles et enfants femelles, de la différence dans les
comportements dès le plus jeune âge). J’ai décidé de prendre mon après-midi pour
résorber mon retard et prendre un peu d’avance jusqu’à lundi…/Les deux pris
individuellement sont bien. Ensemble, il y a quelque chose qui ne colle pas.
Justement : ça ne colle pas. Le premier aurait été amplement suffisant, texte du
cœur qui se passait d’analyse critique./Soleil après la brume jusqu’à
Dunkerque/je ne sais à l’heure qu’il est pour laquelle il va opter/(trois fois
que le verbe revient !)/Racisme ordinaire, idées toutes faites, potins du bistro
où chaque matin elle va prendre son café./13 h 15. Festin : un pistolet, deux
portions de beurre, une tranche de Comté, une part de Chaource. Une fois n’est
pas coutume. Fameux !/Poursuite du grec moderne et du polonais. Je note cette
particularité : le bainw commun aux verbes suivants anebainw (je monte)
katabainw (je descends) katalabainw (je comprends) et sans doute, sous une forme
modifié (contracte) : mpainw (j’entre), bgainw (je sors). Je ne me souviens pas
d’avoir rencontré bainw seul…/Pluie. Il est aux alentours de 14 h 00. Je
rattrape mon retard de saisie avec John Cale en fond, Cale à l’époque du Velvet,
qui bricole des sons. Rien d’extraordinaire, mais pas désagréable…/G*** a appelé
hier pour dire à quel point elle avait apprécié le dernier numéro. Elle m’avait
pourtant dit qu’elle ne les lisait pas, qu’elle n’aimait pas « entrer dans la
vie des gens »…/J’avoue que je suis saturé, que j’en ai plus qu’assez…/Mais j’ai
déjà tant de mal à préparer le journal en temps et en heure/(c’est bien là sa
fonction)/(Un enfant qui s’est mis à brailler. Francko qui suggère que les
enfants devraient accompagner les bagages dans la soute. « La soute à bas âge,
en quelque sorte… » dis-je.)/(je ne sais toujours pas si le terme est de Janusz
ou non)/est-ce une volonté de sa part ?/Je n’ai rien relevé de particulier, n’y
ai rien noté qui puisse mériter le nom d’intervention./(mais en même temps, je
ne me fais aucune illusion quant à ce genre de contact. Je ne sais si je dois
m’en réjouir ou non. Il n’empêche que ça va me travailler pendant un moment.
J’espère seulement que c’est du différé./Je ne m’imaginais pas ce lieu pouvoir
être nettoyé, à ce point qu’il avait été question, alors que nous en parlions,
Francko et moi, sur la route du retour, de n’en rien toucher et d’utiliser le
lieu tel qu’il se présentait, avec son allure de ruine de guerre. Mais il avait
tout nettoyé./Le contact se fait enfin avec Tamsin./Bon point./Qu’y ferait-elle,
seule Anglaise parmi une soixantaine d’énergumènes dont bon nombre ont dépassé
la quarantaine ?/Là où se trouvait l’épicerie arabe/où nous croisons un père
Noël ivre/Je crois que le « problème » (car ai-je envie de lui parler, de lier
connaissance avec elle ?) se trouve là : nous ne savons quoi nous dire, et rien
ne nous rapprochant/(c’est étrange comme « buvons » sous ma main, sur le
manuscrit, ressemble à « Susan » ; j’ai même failli m’y tromper)/(est-ce heureux
?)/et j’ai de même été surpris de n’y pas voir Bakou dont Francine m’avait
demandé l’adresse/Nous en reparlerons à la fête de samedi prochain célébrant
l’anniversaire conjoint de Francko et de Patoor…/autour de la fête des 50 ans de
LFPP qui fait beaucoup parler d’elle./Cette position d’égoïsme qui aurait
consisté/C’était à la veille de notre départ pour Venise./Je retrouverai cette
facticité dans les textes que les différents intéressés ont rédigé pour la
publication générale, convention des propos, vocabulaire et formules
stéréotypées tout droit issus de BAM – sans compter la lourdeur de l’écrit, les
multiples fautes de syntaxe qui auraient peut-être mérité la présence d’un
correcteur. Il n’empêche que subsiste un rien de morgue et une légère
prétention./(mais l’envie aussi d’une île privée d’où, physiquement, je pourrais
être à l’écart total du monde)/« C’est malheureusement fini ce temps-là, maman.
»/Mes cervicales me pesaient et j’avais décidé d’en profiter pour passer la
soirée à regarder quelques cassettes, dont celles que m’a prêtées Pascal./(qui
rappelle Par petits bouts de Jean-Stéphane)/(qui semblent être le repas de
prédilection de nos locataires)/Je donne le snack à 2/1./Je ne sais toujours pas
ce que je vais me mettre ce soir. L’invitation parlait d’une mise non
coutumière, mais en même temps, Francko m’avait dit que c’était le désir de
Patoor et pas le sien, et que rien ne nous obligeait à venir costumé ou déguisé.
Il n’empêche, une petite fantaisie ne serait pas à repousser…/Tant pis. J’y
répugne un peu, mais c’est le seul moyen pour parler/qui rayonnent
d’intelligence, de bonté et d’humanité, ce dernier terme étant en fait amplement
suffisant pour les définir tout à fait/(mais Janusz aussi)/Nous avons donc mangé
ensemble./Roulette, black jack./« La prochaine fois. Nous ne pouvions savoir que
nous allions passer la nuit chez eux. »/Je suis arrivé à 9 h 20, j’ai allumé ma
première cigarette en rédigeant les premières lignes du jour, puis j’ai été
prendre mon café avec Pascal, et Sylviane, exceptionnellement, qui nous a narré
les péripéties liées à l’achat de leur nouvelle maison, poules et canards à tous
les étages, puis suis revenu pour reprendre la lecture de 48 C.C.R. que j’ai
interrompue à un moment donné pour sortir dix dossiers, ce qui m’a pris dix
minutes, suite à quoi j’ai repris et achevé la lecture, il était 11 h 30 et je
suis parti pour Roubaix où j’ai pris possession des épreuves, muni desquelles je
suis revenu à mon bureau où, après une prise de café (!) et une pâtisserie, j’en
ai entamé la lecture en allumant ma deuxième cigarette, ce jusqu’à 13 h 40,
heure à laquelle je suis allé rejoindre Pascal à la cafétéria pour un autre café
(sans pâtisserie, cette fois), ce jusqu’à 14 h 10, heure à laquelle je suis
revenu m’installer pour achever ma lecture./pour aller aux toilettes/Je suis
curieux et impatient. Janusz dit qu’il serait parvenu à un résultat
satisfaisant./Scènes courtes séparées par des pauses/So home, Susan là.
Repas./et qui m’a pris plus d’une heure/De quoi se nourrit-elle ?/qui, en
l’occurrence, ne devrait plus être puisque la station thermale de St Amand n’est
plus en activité/C’est là que nous nous rendions/À mon avis, c’est peine
perdue…/(bien qu’un événement particulier ait pu venir entraver son existence
habituelle)/On boit un verre, on discute./Celle d’Anne qui devait retrouver
Janusz à Dunkerque pour y passer la nuit, celle de Didier qui devait revenir de
Dunkerque en début de soirée avec Max et Nathalie, la nôtre enfin, avec Francko
et Francine avec qui nous avions déjà prévu de passer la soirée sur place/Tous
les amis à quelques exceptions près, dont Didier, Françoise./(avec tout de même
une portion de tarte Tatin froide et molle !)/Le repas d’après-vernissage est
prévu au Pot Beaujolais. Nous hésitons. Je suis tenté, mais pense en même temps
au retard de mon travail, à celui que j’allais encore prendre si je restais.
Nous rentrons, Susan déposant Jacques passé en coup de vent, Jacques pas vu
depuis juin et qui a l’air en forme. Nous l’invitons la semaine
prochaine…/(Ballard a vu juste)/et un peu déçu. Rien là qui ressemble de près ou
de loin au travail habituel de Janusz, mais surtout (car, dans une certaine
mesure, ce serait plutôt à son honneur d’avoir dévié, d’avoir voulu « surprendre
») rien qui ne me semble extraordinaire, ou en tout cas différent, en ce sens
que quelqu’un d’autre aurait pu l’exécuter…/Elle va écouter de la musique.
Bon./qui m’a semblé dégager moins de lumière que d’habitude/(Il n’empêche qu’il
s’agit là, pour les hôtes, d’un bon moyen d’acquérir une œuvre gratis !)/ce dont
sont parfaitement conscients les Descamps, voir leur texte./À l’apéritif, vin
blanc, Alsace pour elle, Condrieu pour moi. Puis un Costière de Nîmes pour elle
et un Givry 1998 pour moi./L’affaire du 1er. Comment en parler puisque je ne
suis pas sûr d’avoir tout compris ? L’invitation est lancée depuis deux mois,
Susan était au courant, quoiqu’elle prétende le contraire, et récemment elle me
parle de tarifs promotionnels pour l’Eurostar que Yann pourrait lui faire
obtenir à condition de réserver avant le 21, soit hier. Elle me parle alors du
week-end du 1er. Stupéfaction de ma part. Elle tente alors de joindre Yann pour
faire déplacer la date. En vain (pourquoi ? comment se fait-il ?). En même
temps, elle me dit que ce week-end-là correspond à l’anniversaire de Yann et au
retour de Joséphine d’Amérique du Sud. Yann a appelé avant-hier alors que Susan
dormait. Il m’a parlé du week-end du 8. J’ai soufflé (encore que le 8 nous
soyons invités chez Christine ; mais cette annulation aurait été moins grave que
l’autre). Aussi, j’ai été stupéfait et furieux hier en découvrant les billets
qui concernaient le week-end du premier ! Que faire à présent, d’autant que Yann
m’a dit qu’il s’agissait de notre cadeau de Noël, ce qui fait que je ne puis y
surseoir, que je suis pratiquement obligé de me rendre à Londres, obligé donc
d’annuler la soirée du 1er et ma visite chez ma mère le lendemain, alors
qu’autrement, j’aurais laissé Susan partir seule (pas sûr, car j’ai aussi envie
d’aller en Angleterre)…/De là, sommes passés rue du Port chez l’une des amies de
Susan qui se trouvaient à la maison samedi, qui avait laissé trois chaises et
que nous avons déposées chez elle hier…/Je suis écœuré…/Les cervicales, depuis
ce matin, qui m’abrutissent, à ce point que ce midi, j’ai loupé six exemplaires
à la coupe. En outre, je prends du poids : 81 kg, soit un kilo au-delà de la
limite que je fixe depuis des années afin que je ne retombe pas dans une
surcharge qui serait néfaste à mes lombaires et cervicales comme il y a dix ans
! (J’avais écrit « maléfique » pour le remplacer par « néfaste ». Mais une
surcharge n’est-elle pas maléfique ?)/Impossible, je crois, à décrire./(machines
? quel autre nom donner ?)/Max et Dany, Anne et Janusz, Didier et Fabienne,
Francine, Rémy et Chrysanthème, Michel, Bertrand, Françoise, Wanda/Thierry,
Patrick et Véronique, Cyril/Nathalie brushing/j’allais oublier Gilles et Hervé,
Gilles arrivé avec Max, tous bien entamés à leur arrivée/c’est ainsi que
j’apprends que Véronique est dunkerquoise et que je la découvre un peu/cette
étonnante rencontre avec la fameuse Muriel, ancienne compagne de Robert, dont
jusqu’à présent je ne connaissais l’existence que par le truchement de
l’émail/J’ai parlé à Susan de mes inquiétudes liées au boulot. À son avis, je
n’ai pas à m’en faire : je suis le plus ancien. Mais est-ce suffisant ?/mais ô
combien riche et précieux ! Le thème, en l’occurrence, est une épreuve
particulièrement difficile et redoutable, mais riche. Nous trébuchons
allègrement dessus, mais les coups sont bénéfiques (!). À ce point que nous
avons décidé de réitérer et de nous offrir un second thème pour la semaine
prochaine…/J’aime vraiment beaucoup Clara, même avec ses côtés convenus et,
pourrait-on dire, « académiques » en ce sens qu’il n’y a rien de vraiment bien
neuf dans ce monde où la littérature « déviante » est interdite (mais est-ce que
ça n’existe pas encore et toujours ?). Je l’imagine parfaitement bien sur une
scène encore qu’une fois débroussaillé, il puisse constituer un texte de lecture
(!) tout à fait honorable. Ce texte a 22 ans !/Quelques minutes plus tard, une
feuille a été glissée sous la porte, feuille sur laquelle se détachaient des
mots manuscrits. C’était son écriture. Ma première pensée a été de la détruire,
la seconde de la lui renvoyer sans la lire. La troisième a été de la ramasser,
de la plier en quatre et de la déposer sur mon bureau avec l’idée de la lire
ultérieurement. À ce moment-là, je n’en voyais pas le sens, ni l’intérêt. Malgré
moi, mon regard s’est posé sur le premier mot : « désolé ». Je ne l’ai pas revu
depuis…/À midi, j’avais traversé la foule de V2 où, parmi les poules en chocolat
et les sapins en plastique, s’agitent depuis hier des sorcières en carton et des
toiles d’araignée en ouate. Plus que jamais, l’envie de vomir face à ce
somptueux éclat de l’abrutissement général./Je n’ai rien fait, ni du reste
Susan./Turbulences, j’abandonne ma lecture qui me semble du dernier intérêt,
ferme les yeux et attends de tomber./Coup de fil de Jean-Pierre J’ai été frappé
par sa voix qui, parfois, a les intonations et expressions de celle d’un
enfant…/Susan a retrouvé Cent ans de solitude. Sur les étagères de la
souffrance, à sa place, soit entre Marivaux et Maugham. Je n’en reviens pas.
J’ai regardé mille fois. La seule explication est que je cherchais une jaquette
blanche, celle de l’édition originale, alors qu’il est en poche et que le dos
est jaune. Mais tout de même, comment est-ce possible ?/Comme je m’y attendais,
la ligne n’était toujours pas rétablie lorsque je suis rentré. Rien. Puis,
quelque temps plus tard, grésillements. Puis la tonalité sous ce grésillement.
J’essaie de composer un numéro sans succès. À son retour, Susan essaie de se
connecter. Rien au départ. Puis la connexion se fait dans un brouillard de
grésillements épouvantables. Un message passe, puis plus rien. J’essaie à mon
tour sur mon ordinateur. Grésillements sans aucune connexion. Puis, dans la
soirée, le téléphone sonne et Susan parvient à avoir la communication, mais au
milieu de grésillements. J’essaierai plus tard de me connecter. Rien. Ce matin,
j’ai appelé France-Télécom où l’on m’a affirmé que quelqu’un était passé et que
le problème était résolu. Ce matin, la ligne était de nouveau coupée. Ils
passeront demain matin pour jeter un coup d’œil chez nous…/Plus tard : ça va
mieux ; il me semble pourtant qu’il ralentit (va-t-il s’arrêter ?), et à présent
il réaccélère (?) (sous nous, les lumières de villes où les gens dorment
tranquillement !). Susan me dit de ne pas m’inquiéter, que rien n’est plus
normal, que chaque jour des milliers d’appareils traversent des zones de vent.
Oui, mais je ne suis pas dans tous ces avions…/Francko lit ou fait semblant,
Susan, imperturbable, continuer à corriger ses copies, et moi, à défaut de
pouvoir lire, cherche à me figurer le point de chute final…/(Biffé : Je
lègue)/Je viens de passer une heure et demi à ses côtés, face à nos écrans
respectifs, dans le service. Toute colère est passée (en vérité, je m’en fiche
un peu de cette histoire). Je ne dis rien, ne lui dis rien. Je n’ai rien à lui
dire. Lui de même ne m’adresse pas la parole. Il attend, sans doute./Susan me
dit que c’est moi qui ai introduit le mot « famille » en créant l’album
photographique. Non. Il s’agit d’un album de famille et non de l’album de la
famille…/Avais-je pensé une seule seconde que cela puisse marcher dans un tel
lieu et avec de tels êtres ?/Par contre, j’ai le souvenir du jeu de la fille qui
interprétait Catherine, assez impressionnant…/« Je me sens mourir. »/Et tout à
coup me raccroche de nouveau au nez/(il en va de même pour tout autre forme
graphique ou plastique, et à bien y réfléchir seule l’écriture peut nier
l’argent – la musique aussi ? sur papier ?)/Coup de fil de M*** qui me demande
si j’écris toujours, si je fais toujours de la musique ! comme si nous ne nous
étions pas vus depuis vingt ans, et alors qu’il avait été abonné pendant un an
!/14 h 00 et qq. Arras. Soleil depuis Marne-la-Vallée où le train a été arrêté
durant 40’ pour cause de panne du TGV le précédant. Une compensation nous sera
remise à la gare…/J’ai beaucoup de mal à me remettre en route (et toute la
saisie de l’intégrale qui m’attend pour les jours qui viennent ; et une
traduction pour Bruno pour mardi ; et une autre de 40 pages pour dans quinze
jours !)./Oui, je sais, « distractif » n’existe pas (mais le correcteur
l’accepte !), mais ça sonnait bien. En même temps, « distrayant » ne convient
pas car il appelle l’idée de distraction dans son sens de divertissement. Ce
n’est pas distrait que je voulais être, mais bien dis-trait, soit tiré de tous
les côtés. Distractif : qui tire de tous les côtés…)/Thomas à l’étrange visage
fermé et à la voix d’adulte, Romain, non moins étrange avec son regard
étonnamment troublant ; tous deux ont quelque chose de céleste/(pains divers,
diverses crèmes exotiques à tartiner – ou non –, fromages, gâteaux aux olives,
pâtisseries)/(il est 20 h 30 et Susan n’est toujours pas rentrée. Le train
devait arriver à 19 h 30.)…/(l’une, habitant Paris, m’a appris qu’elle avait
exposé chez Bruno en 1996)/En cours de repas, léger accrochage suite à une
plaisanterie qu’elle a mal prise./La città morta : p. 10, où les croquignols de
mon lecteur studieux et appliqué ne sont pas tout à fait inutiles : NEMICO dont
la seconde syllabe est soulignée d’un trait de crayon. Non, me dis-je, l’accent
est sur la 1re. Je vérifie à tout hasard. Il a raison. J’en reste comme deux
ronds de flan (perdre maintenant l’habitude de dire NEmico…)./L’inconvénient
majeur reste la route, 100 km par jour. Je lui ai rappelé qu’elle pouvait dormir
à la maison quand elle voulait./sur le répondeur où elle parle exactement comme
si j’avais été au bout du fil/Je note qu’en cette période les prix sont moitié
moindres…/et j’ai peur que cela nuise à l’ensemble/Francko et moi avons tout
avalé./Pascal me dit adorer ce film./(que je découvre, compagne d’un certain
Bruno qui me faisait songer à Jacques, Jacques qui a été le sujet de
conversation avec Martine hier – mais Venise aussi !)/Ce matin, ai prélevé une
cassette à l’aveugle afin de me faire une surprise dans la journée. Je viens de
la glisser dans le baladeur et de la mettre en route : France-Culture, «
L’Irlande des hommes », il y a quelques années. (De l’absence du mot « danse »
en irlandais, face A/402, du moins jusqu’à une certaine époque, XVIe s. ?…)/Thé
rapide avec Anne, puis comme je m’apprête à monter en voiture, Janusz qui
apparaît au coin de la rue et me demande de le déposer au Buisson où il va fêter
un projet d’exposition avec Françoise Dubois…***/Rentrée 20 h 30, repas,
quelques pages de Grisham avant de me remettre aux miroirs./Est-ce que vous
savez seulement ce que c’est, Halloween ? Est-ce que vous savez que c’est
anglo-saxon et que ça n’a rien à voir avec notre culture ? Est-ce que vous êtes
seulement posé la question de son origine et de sa raison d’être ? Hein ?/Je
cherche des idées./J’ai l’impression qu’elle a de plus en plus de mal à se
déplacer…/C’est aussi en regardant cette photo qu’une chose m’a frappé ; Bernard
a mon âge, il y apparaît comme un homme de son âge ; il n’y a pas beaucoup de
changement entre ce qu’il était et ce qu’il est, mais l’âge est là tout de même,
et je me suis aperçu que je regardais cette photo comme si moi je n’avais pas
changé, comme si les autres, et lui en particulier, changeaient et prenaient de
l’âge sans que moi je sois atteint (Marcel chez Odette). Pourrait-il dire la
même chose pour moi ?…/Préparation du repas. Nous nous sommes tous trois
goinfrés, et moi en particulier, le tout avec le reste du Matteus d’hier et le
Côtes du Rhône de chez Nicolas (Susan qui déplore de voir toujours la boutique
vide)./quoique l’effet soit saisissant à partir du séjour dont elle comble
entièrement l’encadrement de la porte…/Le téléphone et le câble de nouveau
coupés. Avant de gagner ma voiture ce matin, je vais voir les ouvriers qui
travaillent à la réfection de l’épicerie dont l’effondrement de la façade était
à l’origine de la première coupure. « On sait pas. On a touché à rien. » Je
considère l’amas de fils qui le long de la façade pendent en des grappes dont on
aurait tiré tout le jus. « Allez voir les propriétaires. » Ils m’indiquent la
maison voisine, celle faisant partie du groupe des trois qui désormais abritent
des bureaux. Je tombe sur deux secrétaires qui ne sont au courant de rien, qui
me disent que le patron n’est pas encore arrivé. « Voyez avec France-Telecom. »
Ce que j’ai fait, pour tomber sur un type compréhensif et compatissant qui n’en
revient pas que l’on puisse couper des lignes sans en aviser les compagnies
intéressées. « Ce sera fait en début d’après-midi. » J’attends…/Je crois que
c’est pour faire plaisir. Faire plaisir à Katia ; à elle, mais aussi à la
lectrice qu’elle est qui spontanément vient à moi pour me proposer ce contact.
Je ne pouvais le lui refuser. C’est du reste pour cette raison que je ne
repousse jamais une proposition, pour ne pas occasionner une gêne qui, au bout
du compte, n’existe que dans mon esprit./Mal fou à me concentrer. Je ne me sens
pas très bien. Dehors, ciel lourd, gris, air humide. Rien qui puisse améliorer
mon état mental, et physique, de surcroît, si tant est que je puisse imputer mes
douleurs lombaires au temps. Je crois que je ne vais guère me préoccuper de ma
consommation de tabac à l’image d’hier où j’étais trop mal pour me soucier du
nombre de mes cigarettes – quoique je n’aie pas dépassé les huit./Comme un
dimanche chez ma mère. Le mauvais temps m’a empêché de travailler au jardin
comme je pensais le faire. À la place, j’ai classé ses papiers…/Pourquoi ai-je
accepté cette interview à France-Culture qui, au bout du compte, ne m’apportera
que tension et ne me rapportera que gloriole dont je n’ai que faire ? Mais en
même temps.../Je pense alors aux « imperfections » des visages des acteurs ; je
veux parler des boutons, des grains de beauté, des acnés, signes de « disgrâce »
qui, pour la première fois, me sont apparus dans le Décalogue de Kieslowski.
C’était la première fois que je le remarquais, comme si, effectivement, pour la
première fois, on permettait qu’apparaisse sur un écran un visage ou une peau
avec ses imperfections, ses anomalies. Cela m’avait frappé. Étaient-ils ailleurs
masqués, gommés, cachés ou faisait-on en sorte que les acteurs incarnent
naturellement une certaine perfection et, critères de leur sélection, ne
pouvaient afficher qu’une peau lisse ? Je ne sais. Mais il est un fait que je
l’ai remarqué, et que j’en ai été frappé, et que j’ai retrouvé ce trait, cette
particularité dans d’autres films polonais de Kieslowski, dans d’autres films de
contrées qui n’étaient ni françaises, ni, surtout pas, étatsuniennes. Et ce
trait, je le retrouve chez Rohmer, et je l’ai retrouvé chez Rivette, Dominique
et Sonia, par exemple, « imperfections » que je ne retrouve pas ailleurs – ou
bien je ne les remarque pas ? – et qui me font me demander s’il ne s’agirait
pas, à l’inverse, d’un autre critère de sélection (délibéré ou non). Il
n’empêche que ces traits confèrent toute leur humanité aux personnages, cette
humanité qu’ont naturellement les acteurs et actrices qui les incarnent. Leur
beauté en est d’autant accrue. Et même singularise, « unicise », car Dominique
et Sonia, et toutes les femmes chez Rohmer, paraîtraient fades et quelconques
dans un film léché où elles se verraient balayées par un autre type de beauté,
parfaite et parfaitement factice. (Je ne suis pas sûr d’être clair…)/Mais si je
les remarque tant c’est aussi parce que moi aussi j’en suis atteint./d’autant
que TGV ou non, ça secoue/Vendredi, suis allé prendre possession des exemplaires
de novembre de la Rue. J’y ai jeté un coup d’œil vite fait sur place : ça avait
l’air d’aller, mais en regardant mieux en rentrant, je me suis aperçu que la
couverture n’était pas mieux pliée que celle du numéro précédent. J’ai refermé
le carton et suis allé me préparer pour partir. Je prévois encore une belle
somme de tensions ce soir lorsque je vais déballer tout ça (comme si le
gondolage ne suffisait pas !). J’ai vraiment hâte que tout cela se termine./Au
programme ce soir, collage du plan et pliage des jaquettes ; demain, si tout va
bien : impression novembre de Dzien et au soir dédicaces de la Rue. Mercredi :
massicotage Dzien, et au soir dédicace. Jeudi : envois…/Week-end de Londres.
Beaucoup de précisions à apporter dont l’épique trajet jusqu’à la gare vendredi,
que j’ai passé sous silence dans le calepin et pour lequel, aujourd’hui, je ne
sais quel ton adopter. Dans l’attente, le télégraphique./Ai agrafé et plié les
exemplaires de novembre de Dzien. Les couperai ce midi. Ce soir, dédicaces et
mise sous enveloppe. Je porterai le tout demain…/Ai passé toute la soirée d’hier
à la préparation des envois. Ils partiront ce midi…/À l’approche des accords des
RTT, je pense beaucoup au temps partiel, et en parle : 32 heures sur 35, soit
quatre jours au lieu de cinq, avec une perte de salaire relativement
négligeable, soit environ 700 F. J’ai hâte de poser ma demande !/Ce matin, à mon
arrivée, j’ai repris qq pages de Bartleby, Melville, dans la série économique
Penguin 60p, acheté en « soldes » à 50p chez un bouquiniste de Charing Cross
(pas noté le nom) ce week-end. Je l’avais entamé au retour, dans le train, en
faisant la queue pour accéder au comptoir de la buvette…/Laborieux !/11 h 00. ¾
d’heure de discussion avec Éric, son état de santé, guitares, etc. J’avoue que
le matin, j’ai du mal à tenir une conversation. Cela faisait longtemps que je
m’étais habitué au silence et au mutisme…/Je vais prendre quelques jours en
maladie, ce soir ou demain soir, afin d’achever les publications de la Rue que
je devrais déposer chez Verbeke lundi prochain./Quelle triste vie a été la
sienne, entre la maladie et mon père (et je pourrais y ajouter celle de ma sœur
qui n’a pas été beaucoup plus reluisante)…/(J’arrête ce soir…)/Depuis hier soir,
douleurs lombaires : je crois que ça ne pouvait mieux tomber pour une visite
chez le médecin qui, de toute manière, était programmée./Ai décidé que je ne
ferais rien de la journée. Mais à partir de demain, impression de décembre de la
Rue et du second livre annexe. Il faut que tout soit prêt pour lundi matin…/Rien
de décidé pour Noël, ni pour le Nouvel An. Francko va s’attaquer au
coffret…/Dois préparer mon envoi pour Arnaud Laporte. Tout est prêt, il n’y a
plus qu’à rédiger la lettre…/Ai préparé mes petits paquets, ai imprimé les
couvertures. À noter l’absence – apparente ? – de gondolage pour le livret
annexe qui est fait de papier 100 g crème de bonne qualité ; dois-je en déduire
– mais je verrai ce qu’il en est vendredi une fois les livrets achevés – que le
papier a son importance et qu’un papier de bonne qualité n’est pas déformé par
la chaleur ? Quant à l’autre, c’est la catastrophe, comme à l’accoutumée.
J’espère que tout se passera bien au collage, qu’il n’y aura pas de défauts.
C’est le dernier de la Rue, il ne faut pas qu’il y ait le moindre problème. Si
tout va bien, les envois se feront lundi prochain. J’ai hâte que tout cela se
termine./Rien de décidé pour le 31, mais je crois bien, idée que nous avons eue
hier, que nous passerons les dernières jours de l’année à Venise (37 € par Ryan
Air !)/ce qui en outre nous laissera le temps de préparer les coffrets. Francko
m’a envoyé un émail hier pour m’apprendre qu’il avait trouvé un système de
pliage « génial » [sic] qui ne nécessiterait pas de colle. Mais il resterait à
trouver le matériau adéquat/Grosse déception : les tarifs promotionnels que
j’avais vus pour Venise par Ryan Air ne sont applicables qu’en février !
Autrement, les prix sont sensiblement équivalents à ceux d’autres compagnies.
Nous comptions partir du jeudi 27 au dimanche 30 (il serait prévu que nous
passions le Nouvel An avec Andrew et Caroline), voyage qui coûterait 3 500 F
(euros, s’il vous plaît) en arrivant à 18 h 00 et en repartant dimanche à 9 h
00. C’est hors de question. Il restait deux autres possibilités : du vendredi au
dimanche, même horaires pour 1 800 F, mais cela signifierait passer une seule
journée pleine sur place, ce qui nous semble un peu idiot. L’autre serait de
partir vendredi pour revenir lundi à 18 h 00, ce pour un tarif sensiblement
égal. Voilà qui me tenterait, n’ayant finalement rien à faire de la soirée du
réveillon. Il n’empêche : je suis terriblement déçu (Susan ne l’est certainement
pas moins, elle que j’ai aperçue entre deux portes avant de partir ; nous en
discuterons ce soir)./Cours à Roman hier après une partie d’échecs, et je peux
désormais dire la partie d’échecs./Francko me montre le coffret nouvelle
manière, soit système de pliage en une seule pièce. Il m’avait dit par émail que
c’était génial. Ce n’est pas loin de l’être, effectivement (le mot étant pris
dans son sens véritable, évidemment et non dans celui qu’affectionne
actuellement les pauvres). Extrêmement ingénieux (ce qui, finalement, n’est pas
du tout surprenant de sa part). Le problème, c’est qu’il s’agit du même carton
noir, celui qu’il avait utilisé pour le spécimen, ce carton que je n’aime pas du
tout (mais pourquoi je ne lui dis pas ?). Mais, ce n’est pas le plus important,
car j’avoue que je ne me soucie guère du coffret. L’autre problème, c’est qu’il
n’en a pas suffisamment pour en faire cinquante. Il peut en faire 37 exactement.
Ce qui signifie qu’il faut trouver un autre carton et, si effectivement
j’effectue les envois lundi comme prévu, qu’il reste quatre jours pour ce faire.
Il n’a pas dit qu’il allait s’en occuper ; j’ai, de ce fait, dit que je m’en
occuperais. Ce dont je n’ai pas la moindre envie. Alors ?/(Interruption du fait
d’un passage d’Éric dans ma salle qui me parle de son chien, ou plus exactement
du chien de sa copine qui est devenu sien ; nous en sommes revenus à nos
relations d’avant./À moins que je ne les commande, à raison d’un par mois. Mais,
d’un autre côté, ce serait une bonne occasion de nous rendre à Londres une fois
par mois (ou moi seul ? un aller et retour dans la journée ?) – tout cela
dépendra des tarifs, évidemment…/Ai passé une partie de la nuit à la recherche
d’un hôtel sur Internet aux alentours de 90 €. Sans grand succès. Ai envoyé
malgré tout deux émails. On verra ce soir…/Passage chez Franko ce midi qui me
donne des adresses d’hôtels à Venise./Ai passé l’après-midi sur mes citations
latines…/Alloggi Calderon. Mais est-ce bien là ? J’ai passé tant de coups de fil
avant celui-là !/J’ai envoyé cette nuit un émail à Francko pour le mettre au
courant de mes recherches, avec les détails qui figurent dans les précédentes
lignes. Je pensais ce matin, sur la route, qu’il serait sans doute judicieux
d’inclure mes émails dans le journal saisi et de les utiliser dans la version
publiée…/Je n’ai toujours rien décidé quant au coffret et à la manière d’envoyer
les derniers exemplaires : soit décembre seul, puis, en janvier, le livret
annexe, le coffret et décembre de Dzien, ou les deux avant la fin de l’année en
repoussant en janvier l’envoi du coffret et de Dzien. Quoi qu’il en soit, aucun
chèque à l’horizon./Un autre émail de l’hôtel Reiter qui a des chambres
disponibles à 700 F. J’ai été tenté d’en réserver une, la troisième. Mais en
même temps, tout est réglé du côté de l’Allogi Calderon puisque j’ai envoyé le
fax hier. Le mieux sans doute est de laisser les choses telles qu’elles sont.
Tant pis pour le bel hôtel…/Près de deux heures du matin, saisie directe : je
suis en train de me demander si je n’annulerais pas les trois nuits à Calderon
pour les remplacer par trois nuits au Reiter…/J’ai passé beaucoup de temps à
plier les jaquettes et à en habiller les livres. Je n’ai pas terminé : plus de
cent exemplaires à faire ! Et la pensée de l’avenir du Lys ne m’y aide pas…/23 h
30. Je viens de recevoir la confirmation pour trois nuits à l’hôtel Reiter,
Lido-Venezia. Francko m’a confirmé il y a une demi-heure au téléphone qu’il
s’agit d’un excellent établissement très bien placé. Pas de regrets. Me reste
plus qu’à annuler demain la réservation au Calderon./(pour quelle raison
?)/Lever 11 h 00. Ai entrepris la lecture du Désert de l’amour (!) de Mauriac,
livre que Susan avait en double et qu’elle m’a remis avant-hier. Pour l’heure,
rien qui m’accroche véritablement. Puis nous sommes allés faire des courses./(À
ce moment, Susan qui me demande de lui masser les épaules, puis me dit être
fatiguée ; c’était une invite à une petite sieste ; j’ai fait mine de rien, elle
n’a pas insisté…)/(sauf quatre que j’ai mises de côté, dont je ne sais que faire
: dois-je les envoyer ou attendre que leurs propriétaires futurs, que je relance
depuis quatre mois, consentent à régler leur dû ?)/À plus d’un égard, elle a des
réactions d’enfant. Je le remarque de plus en plus, Annie le remarque aussi.
Hier, elle me disait au téléphone qu’elle était de plus en plus préoccupée par
son comportement, ses absences, ses pertes de mémoire, ses difficultés à se
déplacer (et à parler, parfois) ; je lui avais dit, ce qui était vrai, que je
n’y voyais rien de vraiment inquiétant. Mais je me suis rendu compte aujourd’hui
qu’effectivement les choses changeaient, qu’elle se dégradait…/(oserai-je avouer
que je suis très légèrement déçu du fait que j’avais Pepys en tête ?)/Je ressens
comme de la honte à recevoir Annie et Loïc ici, dans cette maison qui, au regard
de l’appartement qu’ils habitent, doit prendre des allures de palais./Au moins
pour un lecteur tel celui-ci, je me dois de continuer…/Il m’apprend incidemment
qu’il a rencontré Francko avec une fille inconnue au Requiem de Mozart à Liévin.
Je lui ai demandé une description de la fille en question, craignant que ça ne
soit ***. Ce n’est pas elle. Mais qui est-elle donc ?/Pour le reste, voir notes
prises au Bus à Auchan-Leers en attendant Susan…/(Depuis le début de la soirée,
douleurs lombaires ! Il ne manquait plus que ça – à mettre sur le compte, sans
doute, de la nervosité.)/Je consulte (!) à présent (feuillette serait + exact)
le nouveau S&V reçu aujourd’hui. Je remarque la tendance, dans les articles
(mais il n’y a pas que chez eux, et dans cette revue), une tendance à la rupture
de phrases, à l’emploi du fragment sans verbe. Étant donné le contenu de ladite
revue, je n’en vois pas bien l’intérêt./(Une ligne biffée : Rien à manger ni à
boire sur cette ligne.)/(trois fautes, pas moins ! je ne lui ai pas fait
remarquer, P*** s’est fait un plaisir de le faire à ma place)/Elle n’a cessé de
parler, mon père, la maladie, son enfance, son père et tant et tant de choses
qu’elle ressasse, qu’elle m’a tant de fois dites (il faudrait que je parle en
détails de tout cela ; c’est ce que je me disais en l’écoutant : en parler,
écrire à ce sujet ; mais en même temps, à quoi cela servirait-il ? ne dois-je
pas plutôt laisser cette part à la mémoire ?)/va-t-elle se conformer à tout ça,
j’en doute, et Annie aussi qui craint déjà qu’elle ne doive y aller tous les
jours, l’avoir à sa charge, Annie qui n’en peut plus, ne peut plus supporter ses
crises, qu’elles soient d’angoisse ou d’infantilisme, caractérielles,
capricieuses. « Elle est insupportable, avec moi, avec tout le monde. » Nous
avons longtemps parlé d’elle, elle Annie, elle ma mère, de son envahissement de
notre vie et en particulier de la sienne, Annie, qui a d’autres soucis en tête,
autre chose à supporter que les reproches incessants de ma mère./Je passe un
coup de fil à ma mère. Débit habituel, je m’occupe en même temps, écoute à
moitié. Jusqu’à ce qu’elle me parle de Susan, lui reprochant de ne pas passer la
voir, de ne pas lui passer un coup de fil pour prendre de ses nouvelles. « Je
l’aime beaucoup, mais tout de même, un petit coup de fil ; je trouve son
attitude proche de l’indifférence. » Je m’emporte. Ce matin, comme je m’y
attendais, elle m’appelle en pleurs pour me dire que de ma faute, elle a eu une
crise, que je ne devrais pas agir comme ça, qu’elle a besoin d’affection, que je
dois la ménager (mais écrivant cela, je me rends compte que je ne dis rien, que
ce que j’écris ne reflète pas la situation, la manière dont ça se passe en
réalité ; qu’il y manque les subtilités, les nuances, l’ambiguïté, la fragilité
de ce rapport ; m’aperçois aussi que je ne sais comment en parler, que peut-être
je ne veux pas en parler…)./Je suis complètement absent, en retrait. Comme un
spectre, l’image de ma mère est là qui me mine…/Retour, week-end Bordeaux,
mariage Corinne et Guillaume. Pas le goût d’écrire, de raconter. Pas de notes
prises sur place, y est à peine pensé. Télégraphie à l’aide avec l’espoir d’un
développement futur…/(pas de rapport avec la disparition de ses lunettes qu’elle
a troquées contre des lentilles)/16 h 15. Je suis excédé, coup de fil de ma mère
et en même temps ce rapport du mariage que pour l’heure je n’ai pas la moindre
envie de faire ! Pourquoi me forcer ? pour qui, pour quoi ? et de nouveau, les
mêmes lamentations, les miennes au sujet de ce journal, celles de ma mère que je
ne peux plus entendre ! « Je souffre, j’ai mal, qu’est-ce que je peux faire ? »
Et au fond de moi, une voix qui souhaiterait sa mort (et l’hésitation à tracer
ces mots ! mais pourquoi hésiter à les écrire, puisque je les ai pensés, puisque
ce n’est pas la première fois que j’y pense, que j’y pense comme une solution,
presque comme une logique, parce qu’elle dit qu’elle est épuisée, qu’elle ne
peut rien faire, que le médecin ne veut pas faire de piqûre pour la soulager,
parce qu’elle souffre, parce qu’elle a peur de perdre la raison, parce qu’elle
ne sait à quoi se raccrocher, parce qu’elle veut parler, soit répéter les mêmes
choses, les mêmes choses sur sa souffrance, sur son envie de mourir, sur… et
j’appelle comme s’il s’agissait d’une obligation, d’un devoir, d’un devoir non
vis-à-vis de ma mère, mais de quelqu’un qui souffre, mais en même temps, je ne
peux et je ne veux entendre cette souffrance, parce que je ne sais qu’en faire,
parce que je ne suis pas « fait » pour la souffrance des autres, je suis
impuissant face à elle, je n’ai pas les mots, pas les actes (face à une machine
qui s’emballe et que l’on ne sait, faute du manuel d’instruction, comment
arrêter) et que ce soit ma mère n’y change rien (je regarde la souffrance en ne
pensant pas, en ne voyant pas qu’il s’agit de ma mère). Tout ce dont je suis
capable, c’est de tenir un récepteur dans lequel je lance à intervalles
réguliers des « hum », des « oui », en l’écoutant à moitié, et même ne
l’écoutant pas, car à ce stade, ce n’est pas écouter. Et je m’en sens coupable.
Susan me dit qu’il n’y a pas à s’en sentir coupable, que dans des cas tels celui
de ma mère, il n’y a rien à faire. Ou alors, vivre avec elle, être constamment
là, prêt à une espèce de sacrifice, d’abnégation totale dont je suis
parfaitement incapable. Et je ne suis même pas sûr que ça lui serait
profitable./17 h 30. Les derniers mots ont été écrits à 16 h 30. Le téléphone a
sonné : Patrick pour le café. J’ai hésité, et finalement m’y suis rendu.
Avait-il réellement interrompu quelque chose ?/6/12, 18 h 15. O’CONWAY’S,
Lille-Europe. Apparemment pas de perturbations dans les trains. J’attends Susan
partie acheter de quoi manger « en face », soit à Euralille. Je prévois de
l’énervement en perspective, alors que nous sommes arrivés largement à
l’heure…/Passé coup de fil à maman. C’est Annie qui a décroché. Le médecin était
là, le médecin avec qui maman bataillait pour obtenir à toutes fins le droit aux
piqûres tandis que lui s’échinait à lui faire comprendre que des cachets
faisaient le même effet. Elle ne veut pas non plus comprendre (entendre) que ses
problèmes cardiaques sont bien + importants qu’elle ne le croie (ou qu’elle ne
veut l’entendre). Il est 18 h 20, le train part dans 20’. Susan n’est pas
revenue bien sûr…/Quelques jours de retard sur l’intégrale. J’ai décidé
d’écarter tous les jours (? illisible) nécessitant une longue saisie. Je verrai
plus tard, lorsque j’aurai un peu de temps devant moi. Peut-être durant la
semaine anglaise, sur le laptop de Susan (il serait question que le Lys m’en
offre un)…/18 h 00 : je n’ai rien écrit…/Rien encore, aujourd’hui ?…/17 h 45 :
oui !/Serais-je atteint par le même virus d’apathie pour le journal (et
l’écriture, en général) que pour la musique, soit, le manque d’énergie, la
difficulté (manque d’envie ?) à prendre le stylo ou le crayon gris et à inscrire
des mots ou des notes ?/Hier, je n’ai rien fait ; avant-hier, je n’ai rien fait.
À part lire. Le journal, l’intégrale, le Livre, la Rue, Rok prennent un retard
considérable et c’est à peine si je m’en inquiète. Comme si je m’en
foutais./Saisie directe, matin, deux heures, après une journée de dimanche un
peu molle et tendue. Des restes de la soirée du samedi chez Françoise,
excellente, et l’après-midi passée chez maman… Pas l’énergie ni la tête à
rapporter maintenant…/J’ai revu, après une dizaine d’années, La nuit du
chasseur, que je voulais revoir suite à ce que m’en avaient dit Bernard et
Damien. Ils ont semé le doute et je voulais vérifier. Comment peut-on qualifier
de « bouse » un tel film qui me semble objectivement merveilleux, dans tous les
sens du terme ? Que peut-on lui reprocher avec la meilleure mauvaise volonté du
monde ? Comment se fait-il que Bernard puisse rester insensible à la pureté
qu’il véhicule ?/Roman hier. Cours. Quoique le terme soit un peu excessif dans
la mesure où nous avons continué à « reprendre » le premier 4 mains des Morceaux
en forme de poire./(Rêve avec V***, qui était elle sans l’être, sorte de version
édulcorée et pas ragoûtante d’elle, avec qui je vivais. L’un des rares détails
dont je me souvienne, c’est son retour, pour la seconde fois dans la journée, de
chez le coiffeur, ce qui m’avait fait me demander d’où elle tirait l’argent…)/Je
ne suis pas allé voir *** malgré la forte envie que j’en avais…/Lorsque je me
suis rendu aux toilettes cette nuit avant d’aller me coucher, la pensée de
Pascale m’a traversé l’esprit, puis l’a occupé et j’ai essayé de l’imaginer
nue…/Je l’ai en tête depuis ce matin. Des plans, des scénarios
s’échafaudent…/Dernier jour. Puis je serai en congé jusqu’au 2/Idée pour un
livre : Dialogue autour du cinéma, prélèvements du journal…/(et je m’aperçois à
l’instant que je ne suis pas tout à fait mon aise, quoi qu’il en soit, même si
l’on n’arrête pas de me dire que je dois faire comme je l’entends, comme chez
moi)/Mais je suis loin de mon propos initial qui était d’entamer la saisie du
carnet entamé samedi à Campdeville…/(difficile d’écrire lorsque ça roule !)/(qui
en fait est à Whitechapel/Nous abordons le jeudi 26/Les livres de Londres
achetés au petit bouquiniste près de Waterloo Station : The Caretaker, Harold
Pinter et Blooms of Dublin de Burgess./J’ai remis Uncle Fred à sa place dans la
souffrance./Me suis remis à Rok sans grande conviction. Il me reste encore six
pages de trop que j’ai décidé de basculer sur le suivant. Du coup, j’ai
entrepris le premier élagage du suivant. Quand tout cela va-t-il sortir ?…/Elle
pleure, se plaint que personne ne veuille lui donner quoi que ce soit par la
soulager. Faut-il lui administrer piqûres sur piqûres à chaque fois qu’elle
souffre de ses crises d’angoisse ? Combien de cachets prend-elle déjà par jour,
de toutes les sortes, qu’il fassent partie du (des ?) traitement(s) ou non ?/et
je m’aperçois en même temps que je développe alors que je ne voulais pas le
faire ; télégraphie:/(et je cherche désespérément l’état d’esprit adéquat à
l’écriture ; peut-être vaudrait-il mieux que je renonce)/(n’ai-je pas parlé de
tout cela ?). Il suffisait pourtant de revenir quelques pages en arrière pour
m’en assurer, ce que je n’ai pas fait, par paresse, mais aussi jouant le jeu du
doute !/(ai-je parlé de la plaque ? Cette fois, j’étais persuadé de n’en avoir
pas parlé.)/(mais comme il n’est pas impossible que nous venions passer la Noël
à Londres, il y a des chances que le rythme soit bouleversé ; nous verrons
bien)/à l’aller la serveuse semblait anglaise/Télégraphique, hein !…/(Qui m’est
revenu à la mémoire alors que je classais des dossiers/(Mais en fait, c’est à
Susan qu’elle voulait poser la question. Une fois de plus, je ne fais pas partie
de la maison…)/(pourquoi n’en ai-je pas profité pour rester à l’appartement ou
faire autre chose, aller ailleurs ? je l’ignore encore – quoique la raison que
j’ai donnée à Joséphine qui s’étonnait de ma présence, soit que je voulais
m’assurer que nous n’ayons pas à courir pour attraper le train, ne soit pas tout
à fait fausse ; inconsciemment, cela a dû exister)/Hier, Sébastien et Jean qui
me remettent un chèque, tous deux le remplissant de concert devant moi, Jean en
francs, Sébastien en euros. C’était très touchant (et vaguement gênant pour moi
qui dans ces cas-là, ne sais comment réagir, ni que dire…)./comment j’ai pu me
tromper à ce point : c’est la formule qu’avait employée S*** lorsqu’elle avait
compris que je n’avais rien pour elle…)/(Voilà qui peut donner naissance à un
nouveau journal dont l’intérêt est loin d’être négligeable !)/Séduisant./Tout
cela, évidemment, ne peut que m’attirer. (« Une œuvre qui se construit », pour
reprendre la formule de Max lors de la lecture du 31…)/Je viens d’augmenter le
quota pour cause de fêtes de fin d’année (ces horreurs !), qui passera de 15 à
20. Aujourd’hui, du 27 février au 15 mars…/13 h 30, saisie directe. Je viens de
me taper toutes les notes calepin de Londres ! Je vais m’atteler à la saisie du
journal depuis lundi. Gros travail qui m’épuise d’avance !/Autrement, il
faudrait qu’elle utilise mon propre matériel, ce qui, on l’aura compris, me fait
tiquer un peu ; encore que…/Sortie du chien./Je m’apprête à glisser les livres
de Londres dans la souffrance, et prenant le On Reading, je me demande si je
vais le lire, s’il y a un quelconque intérêt à le lire en anglais. Souffrance ou
marcellothèque ? (Faire un comparatif de traduction ?)/À inscrire dans ma
liste./Je ne sais toujours que faire pour la fête du 31. Je n’ai pas envie de la
faire. Thierry et Christine proposent de présenter un extrait de la lecture. Ça
ne m’enchante pas./J’en parle à Susan qui dit qu’elle ne peut pas dire à
l’avance. Ce qui m’irrite un peu et je ne peux m’empêcher de lui en vouloir, car
ma mère attend une réponse, a besoin de cette réponse pour être rassurée, pour
pouvoir se dire qu’elle ne sera pas seule, qu’il y aura un semblant de famille
autour d’elle. Pas que les deux veuves. En outre, à la croire – et je la crois
–, Annie ne va pas fort non plus./J’ai promis d’appeler ma mère le plus vite
possible pour la mettre au courant. Mais au courant de quoi. Je ne sais rien,
nous ne savons rien, crises d’angoisse à répétition. Tout cela me tracasse
beaucoup…/Du coup, j’ai ressenti l’envie irrésistible de la revoir./(puisqu’ils
sont au salon et que je ne fume plus dans le bureau de Susan)/(éviter la cohue
et la précipitation de la dernière semaine !)/(mais j’avais le souvenir de
l’avoir vu en noir et blanc)/Ai saisi les jours précédents, ai ensuite repris
mon vieux projet de traduction des citations latines apparaissant sur le site et
toujours non traduites, projet qui était de les traduire ensemble durant le
cours. Pour diverses raisons, ça avait plusieurs fois été avorté. Cette fois,
j’étais décidé à y mettre un terme et ai préparé trois copies de ces citations
dont deux pour Jean et Francko. Puis je suis parti. Pour la poste d’abord pour
envoyer les exemplaires à Arnaud Laporte, puis suis passé chez Texto pour
remettre une traduction que A. Delpierre avait confiée à Susan il y a quelques
semaines de cela (ai juste sonné, lui ai dit que j’étais pressé, lui ai remis
l’enveloppe, ai filé). De là (n’y aurait-il pas quelque influence de Pepys sur
moi), direction Lille pour le massicotage final (avais prévu de m’arrêter sur la
route pour laver la voiture, ce que je n’ai pu faire, comme je m’y attendais, le
lavage est hors service à cause du froid). J’y ai passé une bonne heure,
m’efforçant de prendre tout mon temps, sans énervement. De là, direction rue du
Ballon. Mais auparavant, arrêt chez Super U où, outre les pâtisseries et le
sandwich rituels, j’ai acheté deux bouteilles de St Joseph. Arrivée à 18 h 00
tapantes. J’ai vidé le coffre de ses deux cartons que j’ai déposés dans le
séjour de chez Jean. On ne savait jamais : ç’aurait été beau que pour le dernier
et ultime numéro, la voiture eût été volée avec ce qu’il y avait dedans (et
c’était ce qui était dedans qui importait). Thé avec pâtisseries, les miennes
comme celles qu’avait apportées Francko (Sébastien pas là), que nous avons
réservées pour l’entracte entre le latin et le grec (toujours le latin avant le
grec, toujours le second thé entre les deux !). Discussion au préalable autour
de la psychanalyse, Freud etc., un livre que Francko venait de lire, discussion
à laquelle je n’ai pas participé n’ayant rien à dire sur le sujet. Puis latin,
Apulée, l’amorce de l’Ane d’or, les Métamorphoses. Puis deux versions de grec.
Contre toute attente, nous avons abordé mes citations latines, en avons même
traduites quelques unes (mais je devrais dire : Jean en a traduites quelques
unes !). J’ai remis à Francko les deux cassettes de copies (La Collectionneuse,
Le petit soldat, 71 fragments, Le 7e continent) et le n° ? de la NRF comportant
l’extrait (ou le condensé, ou le résumé ; en vérité, je ne sais de quoi il
s’agit exactement) de Curieuse solitude de Sollers… Avons parlé à bâtons rompus
de paresse, d’oisiveté, de Harry Potter (dont Francko a lu le premier avec,
assure-t-il (ou avoue-t-il ?) un plaisir non dissimulé ; peut-être devrais-je
tenter moi aussi). Quoi d’autre ? (tentative de remise en mémoire dont je
m’aperçois qu’il ne reste pas grand-chose) Sur le pas de la porte, en sortant,
Francko et moi parlons du coffret. Puis je rentre. 22 h 00. Bises à Susan qui
lit (tiens donc !). Je mange, elle va au lit. Je la rejoins au moment où elle va
s’endormir. Bises. Je retourne à la cuisine pour boire un café avec une
cigarette (et m’aperçois que j’ai emporté par mégarde le tabac de Francko, très
sec) et Pepys dont je lis mon quota journalier, 20 pages, soit août 1660 (j’ai
l’impression que j’y accorde moins d’intérêt, peut-être parce que cela devient
systématique ; je ne suis toujours pas décidé à entreprendre la folie de cette
traduction sur neuf ans…)./Oubli d’hier : coup de fil de Sylvie, la femme de
Kevin, qui ne parle pas un mot de français. La conversation a bien duré une
demi-heure. Fameux test que le téléphone. Il y a eu pas mal de quiproquos, mais
dans l’ensemble ç’a été…/Presque dimanche (je n’ai pas mes lunettes, restées
dans la poche de ma chemise elle-même rangée dans le placard de la chambre où je
viens de quitter Susan à moitié endormie). Pas grand-chose aujourd’hui/(Pour
mémoire, à développer, la discussion avec Susan l’autre jour au sujet de
l’écriture (?), de la notion d’ « écrivain », de publication, son article, le
Trivial Pursuit…)/(à moins que Susan l’ait acheté, ce qui expliquerait pourquoi
au premier Border’s, elle n’ait (avait) pas acheté les livres qu’elle
convoitait, puisque j’étais à ses côtés)/Tension, énervement, cervicales hier en
fin d’après-midi jusqu’en début de soirée. Motif ? les hôtels à Venise ! Mais,
surtout, l’idée, la simple idée de décrocher le téléphone et d’y émettre de
l’italien, ou pour le moins, de m’exprimer dans une langue étrangère, et de
m’exprimer mal dans cette langue. Hantise ! Alors, au lieu de me jeter aussitôt
arrivé sur le téléphone pour essayer les adresses que Francko m’avait remises
le midi, je me suis connecté pour y découvrir les ou la réponse des trois
émails que j’avais lancés la veille : la première est un destinataire inconnu,
la seconde était « fully booked », la troisième le silence. Alors, je suis de
nouveau passé sur Internet au cas où, miracle, je serais tombé sur l’hôtel
idéal, profitant de l’occasion pour envoyer une réservation au Reiter, hôtel que
Francko m’avait recommandé et qui affichait des prix doubles de ceux qu’il
m’avait donnés (ce qui s’explique parfaitement par le fait que lui prenait une
singole, soit une chambre à un lit, soit une chambre au prix moitié moins élevé
que celui d’une doppia). Et puis, il fallait me résoudre à appeler et à me
mettre réellement en quête d’un hôtel. Le premier était fermé (répondeur), le
second ne répondait pas, le troisième n’acceptait que quatre nuits minimum, le
quatrième était complet. Alors, j’ai pris le Lonely Planet Guide et sa liste
d’hôtels que j’ai suivie mécaniquement. Le premier m’a donné des prix six fois
plus élevés que ceux du L.P.G., le second était complet. C’est au bout du
septième ou huitième que j’ai obtenu une réponse positive. Oui, c’était possible
pour le week-end prochain. Elle m’a dit un prix que je lui ai fait répéter deux
ou trois fois tant les centi et les mille se bousculaient dans ma tête (les
Italiens sont indécrottables et jusqu’à la dernière minute de cette année ils
s’en tiendront à leurs chiffres innommables – et c’est le terme en la
circonstance). Puis je n’ai plus rien compris, et là s’est affirmé une fois de
plus le premier axiome des langues : il ne suffit pas de parler, il faut encore
comprendre. Alors, j’ai dit : « Scusi, sono francese. » (avec derrière, du
polonais et de l’anglais qui ne demandaient qu’à y mettre du leur !) et elle m’a
dit en italien que nous allions essayer en français. Et elle m’a parlé en
français, un français qui, je dois le dire, était supérieur à mon italien. J’ai
alors bien compris le tarif, soit 140 000 L, soit près de 500 F. J’ai hésité,
puis ai dit oui, notant en même temps sur le guide le nom de cet hôtel qui n’en
était pas un, soit Alloggi Calderon. Qu’est-ce que « alloggi » ? Elle m’a
demandé alors, pour confirmation et du fait qu’elle avait un nombre considérable
de chambres, d’envoyer un fax portant mon nom, le prix de la chambre, l’heure
d’arrivée et le n° de ma carte de crédit, ce dernier point me laissant perplexe
puisqu’elle a précisé que le paiement se faisait en liquide… Elle m’a donné
trois jours pour envoyer ce fax. J’ai raccroché, ai aussitôt vérifié dans le
dictionnaire, « alloggi », « logements », et m’est aussitôt venu à l’esprit l’hostel
de Dublin à qui, je le voyais d’ici, cet « alloggi » devait ressembler comme à
un frère. Cela m’a tracassé. J’en ai parlé à Susan qui n’y voit pas
d’inconvénient du moment que ça soit calme, et puis, rien ne nous obligé à y
rester les trois nuits. Mais, au bout du compte, l’important n’est-il pas d’être
à Venise même, quelle que soit la qualité de la chambre ?…/Ai repris le sitage
des personnages de la Rue que j’avais abandonné en juillet. Trop de travail et
puis, malgré tout, la crainte que cela soit piqué. Je n’ai toujours pas trouvé
de solution pour le plan en pages web. Dommage…/Un moment que je n’ai pas parlé
de la cigarette. Plus de quota, je me laisse aller, un peu trop. Huit à neuf par
jour. Les deux sont sans doute liés, je veux parler de ma mauvaise forme./Émail
hier de Francko qui m’annonce que Wanda organise une fête pour le Nouvel
An./Elle les avait demandés, ce sera mon cadeau/Près de 21 h 00 lorsque nous
sommes rentrés. Coup de fil à Annie, puis à Francko pour la nouvelle année. Nous
avons finalement décidé, si Andrew et Caroline ne viennent pas, que cela se
passerait chez elle en très petit comité (quatre !), tout le reste de la «
famille » étant absent à cette date. Puis Susan est partie se coucher…/Coup de
fil à Thierry qui sera là à la nouvelle année. Mais là où ? Pas de nouvelles
d’Andrew et de Caroline…/J’ai mis Susan au courant de mon idée concernant Pepys.
Elle la trouve bonne. Me suggère de faire un parallèle avec mon propre journal.
À réfléchir…/(question à l’intention de Susan : y a-t-il des supermarchés à
Venise, je veux dire Venise même ?)/13.00. Embarquement dans vingt minutes.
Départ à 14.20. Aéroport de Charleroi, curieusement proche d’habitations, de la
ville. Système du parking de l’autre côté des pistes et la navette qui en fait
tout le tour. Problèmes de direction en arrivant à l’aéroport : secousses et
mouvements du volant ! J’espère que ce n’est pas lié au choc à Lille-Europe
(mais il y a près d’un mois de cela). Qu’est-ce que c’est alors ? Susan lit.
Depuis ce matin, problèmes lombaires qui vont et viennent. À espérer que ça ne
s’aggrave pas./Ryanair propose les vols intérieurs sur le territoire belge, au
départ de Charleroi, à 50 F. Mais pour où aller à part Bruxelles distante de 50
km ?/15.00, après la frayeur habituelle au décollage./Sur Ryanair, ni plateaux
ni café ou thé./Bruno, Françoise, Hervé et Patricia, Alex, Anne et Janusz,
Francko./(on dirait du Pepys)/Je noterai sur les photos le dimanche son air
d’adulte qui en fait n’apparaît que sur les photos, c’est d’ailleurs à ce
moment-là seulement que j’ai noté le fait./Vendredi, c’est l’anniversaire de
Roman. J’ai décidé de mettre au propre les esquisses pour les Danses romannes
qui traînent sur le piano depuis des mois. Je n’ai pas l’énergie de les achever.
Je les lui remettrai en tant qu’esquisses. Il y en aura trois. Je ferai cela
lundi…/(il n’empêche que c’est magnifique, et je me demande si je ne vais pas
l’offrir à Françoise tout à l’heure pour son anniversaire)/Il n’empêche : tout
cela est très touchant…/Un dépanneur qui fait tout à la fois dépannage, garage
de réparations, fourrière et casse. Je ne sais pourquoi, tout cela n’est pas
très rassurant, quoique lui paraisse très « sympathique »./Il m’avait dit qu’il
ne s’agissait sans doute que d’une histoire de joint, mais que lui ne pourrait
le faire puisqu’il s’agissait d’une boîte automatique/Susan a tout de même des
côtés bizarres : elle veut absolument faire tous les déplacements en bus, même
les + courts, sous prétexte qu’elle dispose d’un billet pour la journée./Je
travaille à Journals, mécaniquement, et je m’aperçois que de plus en plus je
rédige et que le journal sous sa forme publiée ne se résume plus qu’à une
relation de ma vie et que toute l’invention et la fantaisie des précédentes
séries disparaissent petit à petit. C’est bien écrit (pas trop mal en tout cas)
et c’est tout. À force de rédiger, de privilégier le récit et la rédaction au
caractère propre au journal (qui doit subsister coûte que coûte), je vais en
arriver à une forme qui de près ou de loin sera celle de Toussaint (du moins
dans ce que je connais de lui pour l’instant, soit La Télévision). Il est de
même indubitable qu’il me faut de + en + de temps pour constituer un livret.
J’ai de même commis l’erreur de diviser le précédent en deux, soit d’avoir
manqué de rigueur, d’avoir cédé à une certaine facilité (en ce qui concerne la
constitution, mais pas l’écriture)…/J’ai désiré utiliser le laptop tout en
n’étant pas sûr de le vouloir à cette heure-ci et vu les circonstances, soit mon
état et mes difficultés encore à me déplacer naturellement dans cette maison où
je ne suis pas encore pleinement à mon aise./Je passe le détail de l’inventaire
du contenu de cette pièce. J’en étais à la description de mes cadeaux./qui
provient de la centaine de CD qui lui ont été remis par son assurance en guise
de dédommagements suite à l’un des cambriolages dont il a été victime dans l’une
des maisons qu’il a occupées à Reading. Tout le monde a eu un CD. Je pouvais
m’attendre à pire comme choix en ce qui me concerne. Le seul Bowie qui m’ait
jamais intéressé est celui, bien sûr, des premiers albums. Que je possède. Ce
qui fait que la moitié du contenu de ces 2 CD fait partie de ces albums./Belle
course en perspective (en fait, il n’en sera rien : nous n’aurons jamais eu
autant de temps devant nous)./Depuis le départ, je lis Himes avec une courte
interruption d’une dizaine de minutes pour somnoler. Je survole davantage que je
ne lis. J’ai l’impression que j’y attache moins d’intérêt qu’il y a vingt
ans…/Malheureusement, elle a repris des livres qu’elle avait déjà lu (Désirée
Clary, Martin Gray), ce qui fait que j’ai entendu de nouveau des choses qu’elle
m’avait déjà maintes fois répétées à l’époque où elle les avait lus. Mais
vais-je m’en plaindre ?/Eurostar en direction de Londres./puis banlieue de
Londres, une multitude de petites lumières identiques comme si le ciel était
tombé par terre./PM : le restaurant chinois, J. et ses souvenirs de voyage, les
photos qu’elle montre à l’instant, bus (?), Kensington./Je n’ai pas du tout fait
attention à ma consommation de tabac. En tout état de cause, et ce malgré les
quatre consommées durant la soirée d’hier, je n’ai pas dû dépasser les 8./Puis
ai mangé mon sandwich arraché chez M&S./Nous revenons de l’appartement après
avoir fait les bouquinistes de Charing Cross. Susan devait encore acheter des
draps pour Yann, de l’aspirine, un cake pour les enfants et des livres chez
Border, ceux-là même qu’elle n’avait pas pris la veille. Joséphine nous
accompagne. Filons chez BH pour acheter les draps et sur le retour nous arrêtons
chez Boots pour l’aspirine et chez Border pour les livres. Reste Marks & Spencer
pour le cake. Qu’elle cherche tandis que je déambule dans les rayons. Me vie nt
à l’esprit que je n’ai rien avalé depuis le matin et me choisis un sandwich.
Réaction de la part de Susan qui me reproche d’avoir pris un sandwich à £2, 50
alors qu’elle avait acheté du pain et du fromage. Je dis que ça m’est égal, que
j’ai envie de ce sandwich et que je ne vois pas pourquoi je me le refuserais.
Elle réagit de la même façon et je persiste à conserver ce sandwich jusqu’à ce
que, excédé, j’aille le remettre à sa place. Elle achète ensuite un lot de
quatre pies au porc qu’elle me propose. Que je refuse. Elle insiste. Je refuse
toujours. Nous sommes à présent à la caisse, Joséphine, moi derrière elle et
Susan enfin, Susan qui retourne dans les rayons pour aller y rechercher le
sandwich que je venais de remettre à sa place. Elle arpente les rayons d’un pas
précipité et la voyant et pensant à tout cela, je me mets à rire. Puis me
tournant vers Joséphine dis : « Like children. » Elle me regarde, estomaquée : «
I can’t believe it !… » Susan revient avec le sandwich qu’elle pose sur le
tapis. Je me suis senti honteux tout à coup, honteux de notre comportement,
honteux d’avoir infligé ce spectacle à Joséphine qui, j’y pense tout à coup, se
révèle souvent bien plus mature que nous ne le sommes…/Mes relations avec Éric
reviennent à la normale. Ce qui tout de même me soulage…/Je pars pour le cours
latin/grec après m’être acheté mon sandwich (c’est Jean-Pierre qui m’avait dit,
la dernière fois, que j’avais une vie organisée, ce qui m’avait beaucoup
surpris)./Une formule mathématique qui figure sur une feuille épinglée au mur
des toilettes de chez Véronique et intitulée Lettre à une inconnue. Je m’étais
demandé si cette équation donnait quelque chose. Je ne sais pas comment la
reproduire sur l’écran…/Aujourd’hui, du 12 au 26 février. Hier, après avoir
atteint mon quota, j’ai poursuivi la lecture de la très longue introduction,
soit, suite à la biographie, la manière dont est fait le journal, la manière
dont il a été écrit et des difficultés à le déchiffrer, déchiffrage qui a amené
à différents choix et donc, à une part d’interprétation pour les « traducteurs »
(car, à ce stade, c’est du domaine de la traduction, soit passage d’une langue à
une autre avec toutes les incertitudes que cela suppose et comporte : le journal
de Pepys tel qu’il peut être lu aujourd’hui est bien une traduction de l’anglais
à l’anglais.)/Rêve extraordinaire il y a deux jours, samedi soir exactement,
mettant en scène Pascale, ma médecine de Billy, qui me faisait des avances, se
collait à moi. La puissance de ce rêve a été telle que j’y ai pensé toute la
journée d’hier, pensé à ce rêve, mais surtout à elle, comme si c’était
réellement arrivé, elle que je voulais retrouver, elle à qui je pensais comme si
elle était un être aimé alors que je n’ai jamais vraiment ressenti une attirance
pour elle. (Elle avait pris du poids, des formes, était extrêmement
excitante…)/« A bit of sex. » Charme et volupté de l’amour…/Midi. Grenier.
France-Culture, architecture. Lever à 11 h 00. Petit déjeuner, sortie du chien.
Très froid malgré le soleil…/Éric qui, après la lecture d’Albena, me demande si
je l’ai proposé à des éditeurs. Bruno qui m’en vante la qualité. Éric qui me dit
aussi qu’il a vraiment eu l’impression de voyager./Notre discussion au lit sur
les difficultés de vivre ensemble, de se comprendre parfois, et la conclusion de
Susan : « It’s not perfect, but good. »/Je vais annuler la fête du 31, la
reporter en janvier. Pas de précipitation ; la date importe peu et qui se soucie
de la fête ?/(VIR, VER, VEGETATIO, VIS, etc. tous portant l’idée de puissance,
de Vigueur. Le V, lettre de force, de santé ?)/Pas le moindre travail. Rien,
zéro. Où tout cela va-t-il aboutir ? Je cherche ce que je pourrais faire qui ne
nécessiterait pas la cigarette./Il pleut, temps triste et froid. Susan shoppine.
Je me suis levé tard. Je suis mal fichu, cet état bizarre que je connais depuis
des années et que j’associe à la cigarette faute d’autre explication : mal de
crâne, bouffées de chaleur, vertige général. Comme d’habitude, ça commence à
passer en fin d’après-midi…/Mon malaise physique s’est mué en malaise mental et
moral…/Il n’empêche que je relève quelques noms d’inconnus sur lesquels je
devrais me pencher, encore que l’excès de louanges desdits journalistes me fasse
un peu tiquer./(Je pense à l’instant au personnage du vétérinaire dans
L’Alliance, campé par J. C. Carrière, personnage qui confie à son magnétophone
les questions qu’il se pose sur le comportement énigmatique de la femme qu’il
vient de rencontrer et qui est devenue son épouse – bella Karina !)…/et plus
terrible peut-être dans la mesure où on ne peut que la constater et qu’il y a
l’absence d’échange/(ou insensibilisé ? mes doutes concernant le vocabulaire
s’aggravent !)/il y avait ce putain de coup de fil à passer en Italie pour
annuler la réservation à l’Alloggi Calderon que je ne parvenais pas à passer,
retour cinq ou six ans en arrière où cette attitude que je ne sais comment
définir était fréquente. Je me suis finalement résolu à envoyer un fax/car je
crois bien que c’est la première fois que je regarde ce spectacle, tout en en
faisant partie, sans broncher. Et pensant aussi à ma propre destinée, les
livres, les publications, ma vie, qui, au bout du compte, valait bien la leur,
même si je n’étais là qu’en spectateur, même si je ne faisais pas la queue les
mains sur la barre d’un chariot./Demain, c’est mon lundi. Je vais le consacrer
entièrement à la traduction. Je fignolerai dans la semaine et la reverrai dans
le train avec Suzanne (????????), nous aurons le temps : cinq heures aller et
autant pour le retour…/Je suis exténué. Mal fou à me tirer du lit. Il est 9 h
30. Froid, brume. Ma consommation de tabac augmente un peu : neuf !/(mais il n’y
a pas que de la malice chez Cage, si tant est qu’il y en ait ; y en a-t-il
seulement ? Il n’empêche, le mot lui va, ne serait-ce que d’un point de vue
purement phonétique…)./(Je réfléchis à un calendrier musical…)/Notre énervement
au départ de l’hôtel pour une bête question d’horaires,/Au Furet, où tout semble
s’arrêter au milieu du XIXe siècle, j’ai trouvé un curieux 44 duos pour deux
violons [sic] de Bartok. Dont je n’ai jamais entendu parler. Y figurent en outre
deux pièces de Ligeti et une de Kurtag./kokkino : « rouge ». Rapport avec «
coquin » ?/Au courrier, hier, une enveloppe mauve/violet de Jean-Stéphane
contenant un carton de la même couleur plié en deux et comportant une
reproduction de toile, jeune fille au visage caché, mais dont le sein droit sort
largement de son corsage. À l’intérieur, un mot à sa belle manière. Au verso,
l’indication de l’auteur de la toile, un certain Guy Le Correler officiant à
Sancerre./Il y a une demi-heure, j’ai reçu un émail de Frédérick qui compte
s’abonner. Ça me fait plaisir, bien sûr, mais en même temps, je pense que je
devrais arrêter, ne serait-ce que quelque temps, et en même temps je pense aux
abonnés et je me dis que je ne peux pas arrêter, qu’il faut continuer, tout en
pensant que le retard et que le manque de goût et d’énergie que je manifeste
sont tout de même symptomatiques et qu’il est nécessaire d’arrêter. Je ne m’en
sors pas. Que faut-il faire ? Continuer quitte à livrer des choses médiocres, ou
qui le seront par manque de conviction ?/Match des Halles complètement rénové.
Je l’ignorais et il y a à peine plus d’un mois que j’y suis allé ! C’était comme
entrer dans un pays étranger…/Je travaille depuis hier sur le premier jet du
prochain Journals. Je m’étais dit qu’il faudrait le faire vite et que je ne m’en
tiendrais qu’à la forme classique du journal. Je viens de confronter les deux
parties pour entamer le montage et je m’aperçois que c’est précisément cela qui
me gêne et me pèse : la forme du journal./À noter les quelques scènes sensuelles
entre Diane/Camilla et Camilla/Diane dont celle de la masturbation désespérée,
que je rapproche de celle des Anges déchus…/Tout cela, Lynch, est à revoir pour
analyse…/à ce point que c’est à peine si j’ai pu localiser l’appareil à cartes
recouvert de branches de sapin/J’ai beaucoup fumé aujourd’hui, contrairement à
hier où, maison non-fumeurs oblige, j’en suis resté à cinq. Mais en même temps,
les cervicales qui m’ont écrasé la tête toute la journée et puis l’impossibilité
de dormir cette nuit, et le sort de la voiture qui n’a cessé de me préoccuper
(oserais-je « hanter » ?)./(Faut-il vraiment louer les transports en commun
silencieux ? Non…)/Elle l’a noté, mais ne semblait pas du tout décidé à s’en
servir, bien au contraire et j’ai eu un mal fou à lui faire comprendre que je ne
pouvais utiliser un téléphone qui ne m’appartenait pas et que si elle voulait
parler, elle n’avait qu’à me rappeler à l’aide du numéro que je venais de lui
donner. « Oui, oui. »/Je suis au bout de la saisie de l’intégrale. Je viens
d’effectuer celle du 31 décembre du journal de V*** qui m’a complètement remué…
Je le répète encore : de saisir son journal n’est pas vraiment une bonne idée…/À
ce moment-là, je n’ai même pas pensé à m’arrêter. N’ai pensé à rien d’autre qu’à
cette incroyable chose que nous étions vivants et en train de rouler./C’est
ainsi qu’il est retourné à ses sapins/Dans le train belge en direction de
Roubaix, la colère du contrôleur flamand alors qu’un retardataire avait ouvert
la porte qu’il venait de fermer. Sur la plate-forme, un bébé dans une poussette
qui me fait des signes. Je lui réponds. On s’échange ainsi des signes…/Nous
verrons demain./Au courrier ce matin, une nouvelle lettre de JYLB dans laquelle
il fait une comparaison entre la Rue et les règles du théâtre classique. Il
faudrait que j’y réfléchisse…/Je note qu’au retour, j’avais glissé mon briquet
dans la poche intérieure de ma veste posée pliée dans la corbeille : il est
passé sans le moindre problème./(le comportement très italien des deux soldats
qui interdisent l’entrée du parking, voir l’épisode du baiser)./Pour fêter ça,
nous avons ouvert la demi-bouteille de champagne achetée chez Nicolas il y a
quelques semaines. Malheureusement, il n’était pas de la meilleure
qualité./Susan téléphonait dans son bureau./J’en ai profité pour mettre
définitivement à jour l’intégrale. Susan est ensuite passée chez divers
opticiens pour enfin consentir à choisir des lunettes. Sommes partis vers 18 h
00/(TGV, la demi-bouteille de vin à 43 F !)/Nous nous sommes vus dix minutes
hier soir, trente secondes ce matin, nous nous verrons un bon quart d’heure ce
soir puisqu’elle rentrera à 21 h 00, nous mangerons, puis elle ira dans son coin
pour lire ou préparer ses cours, puis montera à 22 h 45 se coucher…/Et puis,
cette chose qui m’a beaucoup frappé, que je ne lui ai jamais entendu dire. Elle
me parlait de la Salvate, maison de post-cure où elle est allée chaque été
durant vingt ans. Elle me dit comment elle était considérée, comment, à chacune
de ses arrivées, elle était accueillie par le personnel qui avait fini par la
connaître au fil des ans. « Il fallait voir comment j’étais reçue, madame
Grudzien par-ci, madame Grudzien par-là ! Et comment j’étais considérée. Là-bas,
j’étais considérée, j’étais quelqu’un ; pas comme ici, où ton père me traitait
toujours d’ignare et de connasse… »/17 h 00, je m’en vais./