« On peut immédiatement comprendre pourquoi aucun grand système philosophique ou scientifique n’a été construit, toute tentative était rompue au départ du fait de l’incommunicabilité des deux aspects de la vie. On peut aussi comprendre pourquoi tout ce qui n’était pas métier, artisanat a reflué vers le sentiment et pourquoi rien n’est compréhensible du Japon si l’on ne part pas avec l’idée que le sentiment, l’émotion sans contrôle rationnel est à la base de tout développement esthétique. Et l’on comprend que l’esthétique soit le champ ouvert le plus large, celui dans lequel est enclos presque tout ce qui est la pensée du Japon… L’autre tendance : celle à construire suivant la conception globale du monde est d’ordre purement esthétique. C’est tendre vers la reproduction artificielle de l’ordre des éléments, combiner avec bonheur la terre, le feu et l’homme, l’eau la terre et le ciel, jouer avec humilité le rôle de créateur. L’art japonais, dans ce qui est goûté du Japonais actuel, tient tout entier dans ce jeu qui s’exprime avec le plus grand bonheur dans le thé, les fleurs, les jardins, qui couvre presque toute la vie, qui donne au Japon cette mélancolie légère, ce sens du transitoire, sensible au moins préparé des touristes. Si quelque chose de l’esprit japonais est exprimable en mots d’Europe c’est dans la recherche de l’esprit du Zen dans la vie ordinaire qu’on doit rechercher des expressions. »