Pourquoi l’ai-je lu jusqu’au bout, je l’ignore. Il y a un avant-propos au sujet
de la peine de mort, puis le détail de cette affaire dont j’ignorais tout (écrit
avec une partialité souvent confondante et parfois abjecte – à moins qu’elle ne
soit comique –, « être diabolique », « monstre », « affreux pervers », « les
griffes du diable », qui jurait étrangement avec celui de l’avant-propos,
c’est-à-dire celui d’un historien qui expose, analyse, réfléchit – et qui n’est
pas écrivain, ce qu’il s’efforce vainement d’être dans le récit de l’affaire
sans pouvoir s’empêcher de donner son point de vue sur « l’abominable
sadique »), enfin, avec la conclusion et le procès avant la sentence finale, de
nouveau le réquisitoire contre la peine de mort. C’est le récit proprement dit –
écriture destinée au grand public – qui m’a fait me demander pourquoi je lisais
cette histoire, et c’est ce que je me suis dit à plusieurs reprises : « pourquoi
je lis cela ? », et je pensais à ces émissions télévisées, genre « Faites entrer
l’accusé », devant lesquelles j’avais eu le malheur de m’asseoir pour ne plus
décoller du fauteuil jusqu’à la dernière image, alors que c’était mal fichu et
racoleur ; oui, pourquoi s’attacher à des sordides affaires de meurtres ? Je m’y
suis attaché, ça m’agaçait, j’avais du mal à le lâcher et suis allé jusqu’au
bout. Le bout rattrape et constitue avec l’avant-propos le véritable intérêt de
ce texte : la peine de mort, autrement dit, comment est-il possible qu’il y a
quarante ans, dans ce pays, on coupait encore un homme en deux ? (« Couper un
homme en deux », la formule est revenue à plusieurs reprises – est-elle de lui ?
– et elle m’a frappé, et me frappe beaucoup plus que la « simple » décapitation,
ou « couper la tête d’un homme ». Couper un homme en deux…) (Je peine à écrire.
On dirait que je n’ai plus envie d’écrire…)
21 octobre 2015