La lecture commence au premier regard porté sur le livre et, en règle générale, sur sa couverture. La lecture effective – elle refuse les autres degrés, c’est-à-dire ceux qui précédent la lecture proprement dite qui pour elle est la seule qui existe : elle commence au premier mot du texte, s’achève à son dernier mot, et les deux doivent être reliés par la totalité des autres, tous doivent être lus, tous, sans en omettre aucun, doivent être placés sur un même niveau, un même plan et considérés de la même manière, tous constituant cet ensemble que l’on nomme texte, puis livre, livre auquel le regard et la pensée doivent s’attacher également, identiquement, sans privilège pour l’un ou l’autre de ses mots, ou de ses phrases, ou de ses pages, des mots, des phrases, des pages doivent-ils être d’un intérêt moindre, voire sans intérêt du tout. Lire, pour elle, c’est prendre connaissance de la totalité d’un texte, quelle qu’en soit la valeur et l’intérêt, et elle met un point d’honneur à accomplir pleinement et consciencieusement cette tâche, même si elle doit engendrer l’ennui. (Mais cette lecture-là n’est pas génératrice d’ennui puisqu’elle est motivée par un plaisir premier : celui de la lecture même...)