Avant de commencer un livre, on ne
sait pas ce qu’il renferme. Mais on sait qu’il en restera quelque chose : un
mot, une phrase, une impression, une image, un nom propre... (ou rien du tout).
On ignore évidemment ce que ce reste sera. C’est donc l’inconnu. Pourquoi ne pas
accepter, s’imposer la contrainte de ce reste, de ce reliquat, s’assurer donc
par avance la survivance du souvenir que l’on en aura, le préparer à l’avance,
ne pas le livrer au hasard (le délivrer au hasard) ? J’ouvre au hasard un livre
avec la contrainte de n’en lire qu’un paragraphe, par exemple. C’est ce qui me
restera de ce livre. Et à tout prendre, ce fragment choisi, élu en vaut bien un
autre que le sort (auquel divers autres paramètres, par forcément louables, se
joindront) m’imposera.