Je feuillette avant l'achat. C'est grand, peu épais. Il y a quatorze planches d'un dessin très fin et réaliste qui retracent l'histoire, la vie d'une ville du début de notre ère jusqu'à nos jours, quatorze époques différentes au fil desquelles, sur les planches dont le cadrage est identique, je suis l'évolution d'une ville. Lebeck, en l'occurrence. Lebeck n'existe pas, est purement imaginaire, mais pourrait être Copenhague, Anvers ou Rotterdam. Ou Lübeck. Mais c'est Lebeck. Et cette histoire de Lebeck imaginaire, histoire qui s'appuie elle sur la réalité, m'enchante. Je superpose toutes ces planches et je suis enchanté, émerveillé. C'est proprement étonnant, et fascinant, fascination née de la réduction, de la concentration ; de la compression, et de la superposition d'une identique vue qui, au départ nue, vide, à peine quelques cahutes, s'emplit, se peuple petit à petit, se construit et se comble, gonfle et s'anime jusqu'au comble total qui est la ville aujourd'hui. Une ville d'aujourd'hui, Lebeck. Et c'est d'autant plus fascinant qu'elle est imaginaire et qu'il s'agit de dessins, noir et blanc, propres et méticuleux. Lebeck. Et Barmi qui m'attend et que j'irais découvrir demain... Et quel travail incroyable...

15 avril 1997