« Bien que je me sois astreint à le faire chaque jour, il est difficile de tenir un journal de route. En écrivant ce livre, je m’aperçois combien la simple juxtaposition des faits, la notation des événements […] sont impuissantes à restituer la durée réelle d’une marche. Rien ne serait plus ennuyeux – ni plus faux – qu’un livre fait de ces notes successives, enfilées bout à bout comme des perles fades car elles trahiraient justement l’ordonnance réelle et secrète du voyage. »
« Mon vrai voyage, c’est ce livre où je reprends les traces anciennes, retrouve tels sentiers, telles herbes, tels visages, seuls accessibles à la mémoire. » Je doute beaucoup de cela quand bien même je partage ce point de vue. Un véritable journal de voyage, carnet de route, daté, minutieux, précis, fouillé (mais pas forcément), aurait eu tout autant d’attrait (voir Odilon, par exemple). En définitive, il s’agit simplement d’un choix, comme j’ai choisi pour Journals de bouleverser l’ordre du temps et de réécrire (mais j’ai respecté fidèlement le journal de La Rue, de la même manière que je respecterai le Journal Musical)…