« Les moissons d'aujourd'hui ne suscitent plus ce théâtre rural, ces liesses, ces festivités, ces affairements, ces déploiements de travailleurs autour du corps de la batteuse, ces grands repas champêtres après l'engrangement fiévreux des grains. Menées, jouées de nos jours par une troupe réduite à quelques travailleurs aux gestes programmés, elles se déroulent dans le quasi-silence des hommes et des machines et la placidité des herbivores métalliques ruminant posément leurs rations d'hectares et de tiges. Voilà ce que sont aujourd'hui les moissons : la mise à mort silencieuse et quasi machinale des épis et des céréales, perpétrée sans témoins et presque sans acteurs dans la vaste arène des champs. »

 

Ah, et tous ces hommes émerveillés qui, la joie au cœur et se suffisant de peu, crevaient d'extase à la tâche toute une vie durant, et tous ces enfants, hilares et enjoués, en train de pousser à en perdre haleine des wagonnets au fond de mines où l'obscurité leur était un délice supplémentaire, excitant de leur imagination, et ce temps passé où la trique était comme un dard exquis et l'obole concédée une friandise des dieux...