« De plus, l'absence de sons et dialogues obligeait les acteurs à forcer leur jeu, à mimer plus qu'exprimer leurs sentiments, qu'il fallait lire ou deviner par la seule expression des corps et des visages. C'est pour cela qu'à mon sens, le cinéma (tographe) mit longtemps avant de s'imposer comme un art véritable, capable de rivaliser avec les autres : parce que pour “ faire de l'art ” il faut des êtres humains, pas des automates animés. Ceux-ci par contre conviennent à merveille pour le comique et la caricature. C'est pourquoi le cinéma (tographe) trouva d'emblée son style comique, mais dut attendre le parlant pour trouver sa vocation tragique. »
Qu'entend-il par « tragique » ? De toute évidence,
il ne connaît ni Griffith, ni Eisenstein, ni Stroheim, par exemple. Il y a là
une grosse confusion dans son esprit, car il m'apparaît que la vocation
tragique serait plutôt du ressort du muet du fait même de l'absence de son :
l'image, l'expression prennent toute leur puissance, par la suggestion,
l'évocation. Et sans doute, associe-t-il le comique à l'accélération des images
qui, et peut-être l'ignore-t-il ou du moins n'y a-t-il pas pensé, est du fait
d’une inadaptation technique et n'existait donc pas à l'époque. D'un parallèle
entre littérature et cinéma, par exemple, dirait-il qu'il n'y a pas de tragique
dans l'écrit puisqu'il lui manque le son et l'image ?