Keith est monté, j’espère que ça ne va pas devenir une habitude. Il est avec Éléonore qui emballe ses livres, lui parle, cela fait une dizaine de minutes. Hier après le repas, il est allé dans son studio, j’ai regardé avec Éléonore un bout d’un drôle de film avec Matthieu Amalric, L’amour est un crime parfait (je ne sais de qui et la box ne fournit d’autre information que le titre et un bref résumé). Puis nous sommes montés ; j’avais hâte de retrouver Les Bienveillantes que j’ai poursuivi dans le rocking-chair (pas très bon pour mes lombes), puis à mon bureau principal – j’aurais pu lire en bas dans le sofa noir, mon siège préféré et le plus adapté à mes lombes, mais je craignais que Keith réapparaisse et je serais resté à l’affût du moindre de ses bruits. Je m’y suis remis après le petit déjeuner, ici dans mon bureau, dans le rocking-chair, puis à l’autre bureau. Il a quitté Stalingrad avec un trou dans la tête, se retrouve en convalescence à Berlin. J’en suis à peine à la moitié, il reste quatre cents pages, 1943, c’est la débâcle de l’armée allemande à l’Est. « Et que va-t-il se passer ensuite ? » C'est ce que je me suis demandé à haute voix. De ce que j’avais entendu dire à l’époque de sa sortie (outre le fait qu’il soit états-unien et ait rédigé ce texte en français), j’avais compris qu’il s’agissait d’un récit (autobiographique ou non) de la main du commandant d’un camp et que tout le texte y était consacré. Jusqu’à présent, il est évidemment beaucoup question de Juifs et de leur extermination, mais rien qui ne concerne un camp dont il aurait la charge. C’est peut-être à présent que ça va commencer. (Le fait que Littell soit né à New-York n’en fait pas un états-unien, ou il peut être bilingue et écrire parfaitement le français ; et si j’excepte de-ci de-là quelques maladresses ou balourdises, c’est le cas…)

 

1er décembre 2016