
Cinéma n° 11, du 3 mars 1928. Numéro consacré à Métropolis de Lang, sur-titré de la manière suivante
: « Une anticipation de la cité future à l'écran ». Robert de Beauplan en fait la présentation en deuxième de couverture,
parle de Wells, de Verne, de Poe ; donne de nombreux détails techniques, parle
d'une « manière d'anticipation », cite Wells qui a critiqué la vision qu'a Lang
du futur : « Le gratte-ciel [...] sera alors [dans le futur] un
anachronisme dérisoire. Les villes ne se développeront pas en hauteur, mais,
grâce à la rapidité décuplée des communications, en surface. S'il faut dix
minutes pour accomplir un trajet de cent kilomètres, qui donc aura l'idée
d'habiter un trentième étage à West End ? De même le perfectionnement du
machinisme réduira l'intensité du travail. L'ouvrier sera peut-être abruti
intellectuellement par la répétition indéfinie (?) du même geste,
imposée par une spécialisation à outrance, mais il ne sera pas accablé par
l'effort physique. » Sans doute. Il n'empêche que je n'y vois pas
là une anticipation, mais plutôt une parabole, une fable ; et surtout une
extraordinaire œuvre visuelle et picturale dont la force et l'invention
valent tous les messages et sont propres à faire oublier, pardonner, une
naïveté qui malgré tout aurait pu s'y loger... Multiples et belles photos
sépia, dont un portrait précieux de Lang, fringant et noble...
9 mai 2000