Il fait le tour du cours : parti de Tibère, à qui il appartient, il est passé par Apollos avant de me parvenir et avant que je ne le passe (passation du témoin) à Léo (qui, du reste, absent l’autre fois, l'était aussi ce midi, tant pis pour le café). Tibère a dit, avec son sourire de malice : « C'est Quignard qui l'a traduit. Mais il faut lire sa préface : un régal, l'illisible dans toute sa splendeur. » (Tibère a une dent contre Quignard ; moi aussi, du reste.) Apollos, avec un sourire du même acabit –mais davantage en deçà –, a acquiescé : « en effet », avant de me le tendre. Je l'ai entamé, par la préface, ce que je ne fais jamais, et je me dis, sans sourire, car c'est bien le genre de choses qui ne me tirent aucun sourire, même de pitié (mais j’ignore la pitié) : « en effet ». Mais je me dis aussi que Quignard n'a pu écrire cela sans un autre sourire de malice. Car il s'agit d'obscur, qu'il dépèce, dissèque et met à plat. Et je me dis aussi que lorsqu'il écrit « bredouillement et jargon, laconisme et prolixité », il ne peut pas ne pas penser à ce qu'il écrit, et, à ce stade, ce qu'il écrit ne peut être qu'une caricature délibérée, un jeu qui consisterait à penser que l'on ne peut écrire sur l'obscur qu'en l'étant soi-même, et ceci n'étant pas (le jeu, la malice), l'on serait bien contraint de ne voir dans cette obscurité étalée à l'allure de pied de nez que la démonstration éclatante d'une dérive mentale, cérébrale et intellectuelle. Je pencherais plutôt pour ce cas de figure. C'est pour cela que je ne souris pas...

(Il a de même commis la traduction. J'attends...)