« Hugo parlait, parlait, et ses paroles se
voulaient la métaphore de son agressivité érotique, le défilé de sa force
virile. Il y avait dans ces paroles la disponibilité de l’abstrait qui s’est
précipité pour relayer le concret inflexible. »
Puis : « Il
disait Mes enfants, ne regardez jamais en arrière, et cela signifiait que nous
ne devons jamais tolérer que l’avenir ploie sous le poids de la mémoire. Car les
enfants sont aussi sans passé et c’est tout le mystère de l’innocence magique de
leur sourire. » Deux passages extraits de Kundera que je viens d’achever. Le
premier m’est un beau costume tandis que le second siérait à merveille à
Olivette : j’ai aidé à faire éclore son passé ; elle en est à présent munie et
je pourrais en être le principal élément constitutif : son sourire – innocence
magique, et peut-être n’était-il que cela – était l’ultime signe, comme un
adieu, de son enfance et dès lors pouvait-elle tout à fait entrer dans l’âge des
grands…
8 novembre 1994